Spirale – L’héritage de Saw : Héritage toujours aussi sanglant

Hormis un premier opus mémorable, ayant permis à James Wan de décoller, la saga Saw a toujours été un vrai foutoir scénaristique, chaque opus se mélangeant les uns aux autres dans nos souvenirs. Impossible désormais de distinguer un film de l’autre, chacun d’entre eux reposant sur les mêmes caractéristiques : pièges gores bien sales, personnages sacrifiables plus débiles les uns que les autres (mention spéciale aux policiers), construction scénaristique confuse jouant sur la temporalité pour multiplier les twists foireux, réalisation laide et acteurs de seconde zone sans charisme (pensée émue à Costas Mandylor et son allure de bœuf à l’œil torve). Après Jigsaw en 2017, on croyait la franchise au point mort jusqu’à ce que ce Spirale : L’héritage de Saw soit annoncé avec la surprise de découvrir que Chris Rock et Samuel L. Jackson seraient de la partie, autrement dit les premiers bons acteurs de la saga depuis Cary Elwes dans le premier film. Si le retour de Darren Lynn Bousman (orchestrateur des opus 2, 3 et 4) à la réalisation ne rassurait guère, nous sommes bien obligés d’avouer que cette neuvième itération de la franchise nous rendait curieux.

Et quels naïfs nous étions ! Au bout de cinq minutes, le constat est amer mais finalement guère surprenant : Spirale est du même acabit que les opus précédents et parvient même à encore plus agacer que les autres tant la saga s’y montre incapable du moindre renouvellement. Puisqu’on ne change pas une recette qui gagne, tout dans le film est de mauvais goût, de la réalisation toujours aussi hystérique de Bousman au scénario bourré d’invraisemblances tout en étant prévisible de bout en bout (ce qui est fort décevant d’ailleurs, jusqu’à présent la franchise avait su multiplier les twists confinant à l’absurdité et à la stupidité sans pour autant être aussi plats). Alors que le récit suit un rythme chaotique, il se montre parfaitement lourdingue jusque dans la caractérisation de ses personnages, Chris Rock incarnant ici un flic, fils d’un brillant capitaine de police retraité, ayant balancé un de ses collègues qui était pourri et opérant depuis en outsider dans un département ne voulant plus de lui.

En deux scènes le portrait du personnage est brossé et ne sortira pas d’un chemin tellement balisé qu’il en devient presque hilarant tant l’interprétation de Chris Rock atteint des sommets d’hystérie. L’acteur, capable d’être très bon quand il est bien dirigé (comme dans la saison 4 de Fargo) ressemble ici à un pantin désarticulé s’agitant dans tous les sens, à la recherche désespérée d’un scénario qui lui donnerait plus de nuances à jouer. Au bout de trente minutes de film, alors qu’on a déjà grillé qui était le coupable, voilà qu’apparaît Samuel L. Jackson mais l’acteur repart, pour n’être présent au final que dans une poignée de scènes, lui permettant de gratifier de sa présence le film bis qu’il tourne environ une fois par an. Mais comme s’il était conscient de la qualité du scénario, l’acteur, inspiré dans des films comme Des serpents dans l’avion ou Kong : Skull Island ne semble même plus avoir la volonté de faire péter son charisme à l’écran, il préfère ici traverser le film vite fait bien fait sans trop se fouler, imitant ainsi le travail effectué par les producteurs, les scénaristes, le réalisateur et le restant du casting à l’exception de Chris Rock, le seul prenant visiblement son rôle au sérieux, avec certes une énergie et une bonne volonté évidentes mais qui ne suffisent pas à sauver le tout.

Certes, on ne se précipite pas vers un opus de Saw avec l’envie d’en ressortir plus intelligent, les producteurs et scénaristes l’ont bien compris et comme d’habitude, les pièges particulièrement sadiques mis à l’honneur au cours du film font efficacement le travail, à la fois inventifs et gores, capables de faire grincer des dents. C’est eux qui forment le cœur de tous les films depuis le début, les véritables stars dont on attend avec impatience et crainte la présence au fil du récit et à ce niveau-là, Spirale remplit amplement son cahier des charges. Non, ce que l’on regrette ici finalement, c’est justement que la saga continue à se reposer sur ses acquis sans se soucier de changer quoi que ce soit à la recette qui fonctionne inlassablement auprès du public de film en film. Cet opus était pourtant l’idéal pour lancer la franchise sur des nouveaux rails et lui donner un coup de boost bienvenu. Malheureusement la lassitude de voir systématiquement des policiers débiles, des pièges tordus et une réalisation grossière revient très vite et l’on ne peut que s’en prendre à nous-mêmes d’avoir finalement cru un seul instant que la franchise aurait pu opérer un léger virage tout ça parce que Samuel L. Jackson était de la partie et que les affiches promotionnelles plus classes que d’habitude. Ils sont forts en marketing les gens derrière la saga, il faut bien leur reconnaître ça !

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