The Tomorrow War : Starship Aliens

Alors que les cinémas font face à des embouteillages monstrueux en terme de programmation, les plate-formes de SVOD continuent d’alimenter leur catalogue avec les films passés à la trappe. Prime Video peut se congratuler de récupérer de grosses productions. Il faut dire que la firme a frappé fort en rachetant les studios MGM et s’est imposée comme le concurrent le plus redoutable face aux mastodontes de chez Disney. C’est ainsi que le second long-métrage de Chris McKay, The Tomorrow War, s’est retrouvé balancé via Prime Video histoire de démarrer les vacances scolaires sur les chapeaux de roue. Initialement conçu pour être l’un des blockbusters de l’été en salle, son arrivée via Prime Video n’est pas une immense surprise compte tenu du fait des grosses franchises comme Fast & Furious qui préparent leur retour et qui risque de tout balayer sur leur passage. La déception de McKay de voir terminer son film sur une plate-forme fut totale. Il a supplié les futurs spectateurs de ne pas regarder son film sur un téléphone, de privilégier l’écran le plus grand possible avec le meilleur système son en notre possession. Des mots rassurants de la part d’un réalisateur qui a confiance en son film et qui ne cache pas son amertume d’avoir été privé de la salle. Quand bien même nous n’avons pas tous les moyens de posséder un système audio/vidéo à la pointe de la technologie, nous avons suivi les conseils du réalisateur et avons regardé son film avec une configuration optimale. Était-ce nécessaire ? The Tomorrow War est-il si spectaculaire ?

Décembre 2022, lors du réveillon de Noël. Daniel Forrester, un ancien membre des forces spéciales devenu professeur de biologie, regarde la finale de la coupe du monde de football avec sa famille. En plein milieu de match, un portail inter-dimensionnel s’ouvre au milieu du terrain laissant apparaître des miliciens armés jusqu’aux dents. Ils affirment être des voyageurs temporels arrivés de l’année 2051 pour informer la Terre qu’elle perdra une guerre contre des extraterrestres dans le futur. Les voyageurs sont venus demander des renforts pour retourner en 2051 et pouvoir affronter les aliens. Malgré l’assistance militaire, les pertes demeurent colossales et des civils sont recrutés. Parmi les recrues civiles, Daniel se retrouve affecté à une mission de plus haute importance : récupérer des données de recherches qui pourraient permettre la mise au point d’une toxine efficace contre les aliens afin de la produire de manière industrielle dans le passé, permettant ainsi à l’humanité de stopper la guerre avant même qu’elle ne commence.

Monteur et animateur de La Grande Aventure Lego et réalisateur de Lego Batman, le Film, Chris McKay s’essaye pour la première fois à la réalisation live avec The Tomorrow War. Pour sûr que sa culture des jeux-vidéos et de tout un pan du cinéma d’action et de science-fiction a été mise à contribution pour mettre en scène le scénario de Zach Dean. Et, justement, le scénario sera terriblement problématique. Voilà des décennies que des films incluant le voyage dans le temps naissent et essaient de jouer avec les paradoxes temporels pour rendre leurs histoires vraisemblables. The Tomorrow War tente de se dédouaner de ce genre de problématiques pour ne pas avoir à se justifier de quelconques incohérences. Seulement, à vouloir annihiler le concept de paradoxe temporel, The Tomorrow War devient un paradoxe scénaristique sérieusement foutraque, s’alourdissant d’enjeux incongrus et qui ne devraient même pas exister. Le fait, qu’en tant que spectateur, nous ayons dû mettre le film sur pause au bout d’une demi-heure pour soulever les premiers problèmes en dit long (surtout que le film dure 2h20). Il y a de sérieuses lacunes d’écriture, des anticipations d’action qui ne sont pas faites, d’autres qui n’ont pas lieu d’être. Zach Dean ne sait pas comment distribuer ses cartes. Il crée des problématiques là où il n’en faut pas, et balaye par des explications indélicates celles qui mériteraient d’être éclaircies. Le film joue avec le temps aussi subtilement que Terminator Genisys violait sa franchise à l’époque, c’est dire ! The Tomorrow War demande clairement à son spectateur d’être totalement bête, invoquant une suspension d’incrédulité hors-norme pour ne pas nous faire remarquer qu’il est écrit à la truelle. On se demande bien ce qui a pu pousser Chris McKay à accepter de mettre en scène un film aussi bien construit qu’une maison charpentée par une couturière. Tout peut se casser la gueule à tout moment, rien ne va…et pourtant…pourtant…nous n’avons pas réussi à détester The Tomorrow War.

Le film joue sur les cordes nostalgiques. Chris McKay fait parti de ces auteurs qui ont grandis avec les classiques du cinéma d’action et SF des années 70-80. The Tomorrow War est un bestiaire de pop-culture qui invoque tour à tour Alien, Predator, Starship Troopers, Terminator et qui vient appeler les férus de jeux-vidéos sauce Fortnite ou Call of Duty pour assurer sa popularité. Les références sont balancées avec autant de grâce qu’un sumo en tutu en pleine représentation du Lac des Cygnes. C’est divinement crétin, ça crame tous nos neurones, mais ça a un potentiel de coolitude tellement énorme que, oui, on s’entiche des 2h20 de film sans problème. Rien ne va scénaristiquement, Chris Pratt semble lobotomisé jusqu’à la moelle et est aussi mono-expressif qu’un paralysé facial, mais The Tomorrow War se sauve par sa mise en scène explosive et rythmée. Chris McKay enchaîne les séquences avec une furie débordante, ne laissant que peu de temps au spectateur de réfléchir aux enjeux. Et même s’il ne flatte pas d’une belle manière les références qu’il cite, The Tomorrow War aura ce mérite de nous donner envie de nous replonger dans nos classiques du genre, Starship Troopers en tête avec lequel il partage moult points communs. Seulement, à l’instar du chef d’œuvre de Verhoeven, le sous-texte reste bien trop lisse et en surface pour en tirer une quelconque analyse amère et/ou radicale. Il reste, toutefois, des aliens au design très convaincant et qui justifient à eux-seuls le caractère divertissant du projet. Pour la cohérence scénaristique, c’est définitivement un zéro pointé. Pour l’acting approximatif également. Alors que tous les curseurs sont dans le rouge pour nous faire détester le film, il y a cette part de nous qui n’arrive pas à le renier. Serait-ce la définition d’un plaisir coupable ? Aurions-nous trouver le graal de sa catégorie ?

Ne reste de The Tomorrow War qu’un film d’action turbo-débile qui vous demandera ne pas activer vos fonctions neuronales pour en apprécier le spectacle. Sa légitimité dans une salle de cinéma n’est pas un problème, bien au contraire, il a tout à fait sa place via Prime Video. C’est du niveau d’exigence d’un blockbuster de plate-forme : décérébré et explosif pour amuser la famille un dimanche pluvieux et qui rentabilise plutôt bien l’abonnement mensuel.

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