Le Dernier Exorcisme : Enfer et damnation en Louisiane

En 2009, un petit film d’horreur va enterrer la mouvance du torture porn qui faisait légion depuis le début des années 2000. Ce film, Paranormal Activity, va raviver la flamme du found footage allumée auparavant par Cannibal Holocaust et Le Projet Blair Witch. Le succès fulgurant du film d’Oren Peli va faire s’engouffrer moult producteurs dans la brèche qui y voyaient le moyen de produire des films pour un budget dérisoire et en tirer un profit incommensurable. En l’espace de quelques années, on ne comptera plus les dizaines et dizaines de productions du genre qui ont pullulé. De qualités variables (très souvent mauvaises), l’horreur en found footage est devenu le moyen de production à la mode au début des années 2010. Certains films ont marqué les rétines à jamais (The Devil Inside, [REC]) là où d’autres sont tombés dans les profondeurs abyssales de l’oubli (The Baby, Gallows). Difficile, à l’époque, de distinguer le bon du mauvais. On s’en est farci de la daube bien grasse, mais certains titres ont survécu et demeurent encore dans nos mémoires aujourd’hui. Bienvenu dans votre séance Shadowz de la semaine où les équipes de la plate-forme ressortent un des meilleurs films de l’époque, Le Dernier Exorcisme.

Au fin fond de la Louisiane, dans une ferme isolée, Nell, une jeune adolescente, est possédée par le démon Abalam. Le révérend Cotton Marcus est contacté par le père de Nell. Marcus réalise des exorcismes truqués sous un chapiteau. Il a décidé d’engager des journalistes afin de dévoiler la supercherie au monde entier et prouver que la possession démoniaque n’existe pas, qu’il y a toujours une explication rationnelle aux agissements de l’homme ou la femme qui se croit possédé. Quelques jours après son arrivée dans la ferme, Marcus se rend compte que Nell est véritablement possédée et décide de tout faire pour lui venir en aide.

Capitalisant sur le nom d’Eli Roth à la production, Le Dernier Exorcisme allie la technique en vogue de l’époque (le found footage) avec la thématique à la mode dans le genre (le film de possession). Héritier direct de L’exorciste, difficile d’être passé à côté d’un film d’horreur qui ne parle pas de possession démoniaque ces dernières années. Si l’on pensait le filon totalement épuisé jusqu’à la moelle, il faudra attendre l’arrivée du prodige Ari Aster et sa grosse mandale que fut Hérédité pour comprendre que c’est une thématique qui a encore de beaux jours devant elle pour peu qu’elle soit exploitée à bon escient. Fort heureusement, Le Dernier Exorcisme est arrivé bien avant l’overdose et proposait un postulat de départ suffisamment intéressant pour qu’on lui voue notre attention. En effet, via le personnage du révérend, le film tend à prouver que la possession démoniaque n’est que folklore et découle d’une maladie mentale plutôt que du surnaturel. Le personnage du révérend exploite ses fidèles, joue avec leur foi et leurs croyances afin de les extorquer. Il explique que les miracles n’existent pas. Au passage, le point de départ aurait dû servir de base pour La Chapelle du Diable, actuellement dans nos salles, ça nous aurait évité de nous retrouver devant le produit fade et inconsistant qu’il est (n’hésitez pas à relire notre critique pour savoir de quoi nous parlons). Le Dernier Exorcisme sort des carcans du found footage pour devenir un documenteur tout à fait saisissant dans sa première moitié. Nous sommes très vite happé par la prestation fabuleuse de Patrick Fabian qui rend son personnage véritable. Très vite, il nous dévoile les gadgets qui lui permettent d’être crédible aux yeux des autres. Il y a une mise à sac de la religion chrétienne qui ne plairait sûrement pas aux pratiquants puisque le film appuie à 200% sa théorie selon laquelle les miracles n’existent pas. Une théorie qui sera contrecarrée en seconde partie de film et qui viendra équilibrer la balance et qui lui évitera de n’être qu’un plaidoyer anti-religieux.

Le Dernier Exorcisme connaîtra un succès retentissant aux États-Unis engrengeant plus de 41 millions de dollars de recette sur son continent pour un budget initial de moins de 2 millions de dollars. En France, le film fera un bide total, suscitant l’intérêt d’à peine plus de 260 000 spectateurs (à croire que le public en avait déjà marre de ce genre de films…même si certaines productions prouveront le contraire par la suite). S’il n’a pas marché par chez nous, cela s’explique sûrement par le fait que c’est un film typiquement américain. Les prédicateurs sous les chapiteaux, la ruralité de la Louisiane, les croyances propres à ces régions…Le Dernier Exorcisme s’adresse clairement aux américains. Pour le spectateur étranger qui voulait voir un film d’horreur, il lui faudra se montrer patient. En effet, s’il y a bien des séquences qui peuvent susciter l’effroi (car clairement centrées sur des croyances populaires américaines), il faudra attendre le dernier acte du film pour enfin trouver une horreur plus conformiste et qui parlera à tous. Le dernier quart d’heure du film justifie à lui-seul sa relecture tant la gestion de la tension est au cordeau. On s’agrippe fermement dans notre siège et on ne perd pas une seule seconde le moindre détail qui attire notre œil. Tel un surprenant tour de montagnes russes, Le Dernier Exorcisme invoque une apothéose grandiose et va côtoyer les astres du pagan movie pour justifier son aspect surnaturel. À mi-chemin entre The Wicker Man et L’exorciste, le dernier acte du film marque profondément les rétines et déploie une personnalité saisissante. Non seulement les acteurs font sacrément le job, Ashley Bell en tête, mais les effets spéciaux sont impressionnants. Il n’y a rien à jeter. S’il avait pu décevoir le jeune ado en quête de sanglant lors de sa sortie en salle, pour sûr que l’adulte que nous sommes devenus a clairement été charmé lors de la relecture du film. Il s’est bonifié avec le temps et est une superbe preuve que le found footage peut être synonyme de qualitatif s’il est utilisé correctement et avec un vision autre que commerciale.

Le Dernier Exorcisme renaît de ses cendres et vient déposer ses bagages sur Shadowz. S’il ne vous a pas laissé un souvenir impérissable à sa sortie, nous vous conseillons de vous replonger dedans parce qu’il mérite vraiment une seconde lecture.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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