La Chapelle du Diable : Que son nom soit sanctifié !

Elles nous avaient manquées nos salles de cinéma. Le plaisir de s’installer confortablement devant un écran géant, le confort d’un son limpide. Pour peu que les spectateurs dans la salle soient disciplinés, c’est l’endroit idéal pour apprécier un bon film d’horreur. Et les propositions font légion depuis la réouverture. Entre Conjuring 3, Teddy ou encore Freaky, le choix est bien présent. Quant à la qualité…on vous laisse vous référer aux critiques sus-citées. N’en déplaise à ceux qui en ont été satisfaits, nos dernières pépites horrifiques, c’est sur Shadowz que nous les avons trouvé. Mais on ne boude pas notre plaisir d’être de retour à la maison, là où les pop-corns éclatent en furie et où les sièges tremblent. Voilà sûrement le genre d’arguments qui ont dû pousser Sony à sortir impérativement La Chapelle du Diable au cinéma. Premier film écrit et réalisé par Evan Spiliotopoulos, il nous invite à avoir foi en Marie…mais pas celle que vous croyez.

Dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, une fille malentendante reçoit la visite de la Vierge Marie et peut soudainement entendre, parler et guérir les malades. Alors que les gens affluent pour assister à ses miracles, un journaliste discrédité tente d’insuffler un second élan à sa carrière en couvrant cette affaire. C’est alors que des événements terrifiants se déroulent. Sont-ils l’œuvre de la Vierge Marie ou quelque chose de bien plus sinistre ?

Fait étonnant, Evan Spiliotopoulos est un scénariste que vous connaissez probablement, surtout si vous êtes un inconditionnel de Disney. On lui doit des idées pour Le Livre de la Jungle 2 ou Le Roi Lion 3, il a écrit Clochette et la Pierre de Lune et s’est fait remarquer dans de grosses productions live action ces dernières années avec son script de Charlie’s Angels ou celui de Hercule avec Dwayne Johnson. Très prolifique depuis le début des années 2000, La Chapelle du Diable est son premier saut dans le grand bain puisqu’il met en scène son propre scénario. Difficile de se démarquer avec une thématique religieuse où la possession démoniaque n’est jamais bien loin. Seulement, en prenant le parti pris d’évoquer une faiseuse de miracle comme élément central de son récit, il y avait possibilité de proposer une critique anti-religieuse, un pamphlet dénonçant les prêcheurs qui profitent de la misère humaine pour faire leur beurre. D’ailleurs, c’est une piste que le film nous donnera sérieusement l’impression d’emprunter. Malheureusement, et le constat est sans appel en fin de parcours, La Chapelle du Diable ne sera rien de tout cela. Pire que tout, le film s’oublie aussitôt terminé. C’est un film quelconque, pas contestataire pour un sou, d’une banalité sans pareil. On peine sérieusement à croire ce qui a pu pousser Sony à vouloir à tout prix sortir le film en salle. La Chapelle du Diable est un film calibré pour les flux, le prototype même du film Netflix tout juste bon à faire passer le temps à papa et maman un dimanche après-midi. Au moment où nous écrivons ces lignes, il s’est écoulé 48 heures depuis le visionnage du film, et il nous est impossible de nous souvenir des tenants et aboutissants de ce dernier, c’est dire à quel point il n’est pas mémorable, quand bien même son réalisateur possède un talent certain pour la mise en scène (il y a des idées de plan assez agréables).

Non content d’être terriblement affligeant, La Chapelle du Diable ne fait absolument jamais peur. Comble du film d’horreur raté par excellence, lorsque le surnaturel intervient, il ne parvient jamais à surprendre. Tout est téléphoné, archi usé jusqu’à l’os. On ne demandait pas un film révolutionnaire, mais au moins un film qui fait le job. La Chapelle du Diable pourrait être réservé à toute la famille que les bambins en dormiraient parfaitement la nuit suivante. Pour sûr que Spiliotopoulos est encore trop marqué par les procédés Disney, son film est fade. De plus, les effets numériques font déjà datés à peine eussent-il fait leur apparition à l’image. Le spectre de Marie est lisse, sans détails, tout juste bon à promouvoir une cinématique digne d’une Playstation 3. Grand Dieu que c’est laid et sans aucun goût ! De plus, un film d’horreur sans victime (à part une pauvre pendaison qu’on se permet de vous spoiler sans vergogne tant il n’y a rien à sauver) c’est un peu comme demander à un non-voyant de conduire une Ferrari sur l’autoroute : c’est conceptuel, ça peut être rigolo, mais c’est une erreur impardonnable. Fort heureusement, pour les plus courageux qui voudront toujours aller voir le film, le casting nous aide à garder la tête hors de l’eau puisqu’il tente de se dépatouiller de cette mélasse informe du mieux qu’il peut. Le duo formé par Jeffrey Dean Morgan et Cricket Brown fonctionne parfaitement. Quand bien même Dean Morgan semble ne pas réussir à sortir des caractéristiques qui collent à la peau de son personnage de Negan dans la série Walking Dead (alors qu’on le sait capable de tellement plus), il a cette nonchalance naturelle qui contrebalance parfaitement avec la fragilité ingénue de Cricket Brown. C’est un vrai gâchis que de voir ces deux acteurs croire sincèrement en leur rôle sans que derrière le reste ne suive.

La Chapelle du Diable est d’une banalité sans pareil qui n’aura pour seule fonction de vous rafraîchir pendant les journées d’été. Mais si d’aventure ce serait l’unique raison qui vous pousserait à aller en salle, alliez l’utile à l’agréable et optez pour un meilleur film…les 10€ de votre ticket d’entrée ne s’en porteront que bien mieux !

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