Festival du Cinéma et Musique de La Baule : Jour 3

Cette 7e édition du Festival de la Baule est pleinement lancée avec cette sensation étrange de se dire que le temps passe vite. Le temps nous surprend encore dépassant notre envie de profiter toujours plus. Mais s’enfermer dans une salle de cinéma nous coupe du monde, nous permettant de nous évader ailleurs. La magie du cinéma que nous n’apprendrons à personne, mais au cœur d’un Festival tout autant surprenant que se révèle être celui de la côte Atlantique, la sensation est démultipliée enchaînant les propositions et l’évasion.
Ce fut le cas de bonne heure ce matin du vendredi 25 juin avec La Fine Fleur réalisé par Pierre Pinaud huit ans après Parlez-moi de Vous, belle surprise critique (en tout cas nous avions aimé) avec Karin Viard en tête d’affiche.
Dans ce nouveau long-métrage solaire et coloré, Pierre Pinaud s’adjoint les talents de Catherine Frot qui incarne Eve Vernet, une créatrice réputée de roses. Aujourd’hui, elle est au bord de la faillite, sur le point d’être rachetée par un concurrent puissant. Véra, sa fidèle secrétaire, croit trouver une solution en engageant trois employés en insertion sans aucune compétence horticole… Alors que quasiment tout les sépare, ils se lancent ensemble dans une aventure des plus singulières pour sauver la petite exploitation. Long-métrage classique en perspective qui révèle ses forces après avoir joué aux Ocean’s du dimanche. La Fine Fleur ne se focalise pas seulement sur les roses qui procurent une couleur douce au film, mais sur ses personnages finement écrits. Eve Vernet est la pivot d’une équipe qui va se forger contre l’adversité et les maux de la vie. Fred incarné par Melan Omerta est la révélation du film découvrant ses failles et trouvant une mère de substitution en Eve Vernet. Leur relation est bouleversante, belle par le lien qui les unit et les portes qu’elle lui ouvre. Elle le sauve d’une tragédie tracée pour une nouvelle vie parfumée et rosée. Eve Vernet qui profite de cette épreuve pour s’ouvrir aux autres et avoir confiance en une équipe du tonnerre et ce n’était pas gagné d’avance. Catherine Frot trouve un nouveau beau rôle lui convenant à merveille. Une actrice portant le film sur ses épaules et Pierre Pinaud lui rend bien en évitant tous les pièges du Feel Good confiant. La Fine Fleur sort en salles le 30 juin et on vous conseille vivement la séance. 

L’été s’annonce chaud et libre après une année et demie compliquée par un sacré virus (cannibale). Nous avons donc besoin de poésie, d’un voyage à travers les mots guidant nos pas vers une nouvelle séance bienveillante de cinéma. Deux ans après la sortie de Blinspotting et après avoir collaboré au dernier film Disney, Raya et le Dernier Dragon, nous retrouvons Carlos Lopez Estrada pour une proposition au doux son de poésie. Des textes révoltés au cœur de l’été 2019 dans le quartier de Venice Beach. Des jeunes vont se croiser, s’interroger, se révolter et s’unir pour combattre leurs maux. Une galerie de personnages forts et touchants se croise, se testent et s’assemblent au cœur d’une journée où la caméra du metteur en scène tourbillonne et se raccorde pour délivrer un film fantastique, maîtrisé, pierre angulaire d’un cinéma actuel en révolte s’émancipant des attentes d’une industrie ankylosée. SummerTime a beaucoup de choses à dire, notamment de savoir où trouver des Cheeseburgers, mais surtout de trouver sa place, s’échapper d’une oppression, d’une tragédie de jeunesse, d’un complexe ou d’une vie sans fond, SummerTime est un cri du cœur, une passionnante suite de portraits poignants à découvrir au cinéma à la rentrée 2021 pour se rattacher à cette jeunesse qui prend les devants, mais surtout l’appréciation d’un cinéma se révélant au monde, un cinéma brillant qui des choses à dire, alors profitons-en.

Après cette perle de Carlos Lopez Estrada à ne louper sous aucun prétexte, interlude nous dirigeant vers la masterclass délivrée par Philippe Sarde dans la grande salle d’Atlantia. Sur divers extraits des chefs-d’œuvre auxquels il a composé la musique, il délivre avec bonhommie ses anecdotes, son travail et des moments d’histoire du cinéma français. C’est passionnant à écouter, rare surtout tant le compositeur est discret dans la vie. Cette rencontre était un moment privilégié dont on a gouté chaque instant. Bien guidé par Stéphane Lerouge qui dirige la séance avec divers extraits choisis avec minutie et intelligence. Les deux hommes se connaissent échangeant avec facilité et complicité. L’instant en ressort comme unique sur les notes ayant composées Coup de Torchon pour Bertrand Tavernier, Mort d’un Pourri de George Lautner ou Les Choses de la Vie de Claude Sautet. Ha les choses de la vie, moments précieux et rares dont on ne profite que trop peu. Les extraits des films nous signalent le besoin de révision et de rattrapages, des films que nous verrons d’une autre oreille maintenant, mais toujours du même œil. La leçon de Philippe Sarde est simple, voire bienveillante, tout en modestie alors qu’il a collaboré avec des génies. De Polanski à Annaud en passant par Claude Sautet bien sûr, le regretté Tavernier toujours ou encore Alain Corneau, Philippe Sarde a composé près de 250 musiques pour le cinéma, et aujourd’hui pendant une heure et demie, nous n’avons eu qu’un petit échantillon fantastique. Hâte d’être au concert demain après la Cérémonie de remise des Prix.

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