Le Parfum de la dame en noir : Fragrance maladroite

Toujours prompt à dénicher des pépites du cinéma italien, Artus Films complète son riche catalogue de thrillers transalpins avec Le Parfum de la dame en noir, jusque-là inédit en vidéo en France. Disponible en combo Blu-ray et DVD dans un très beau master 2K et dans sa version intégrale, le film (qui n’a rien à voir avec le roman de Gaston Leroux) est une curiosité, œuvre étrange et inclassable, à mi-chemin entre le giallo et le surnaturel.

On y suit Silvia Hacherman qui, comme toute bonne héroïne du genre qui se respecte, est traumatisée par une scène de son enfance. Alors que son père, marin, était absent, elle a surpris sa mère au lit avec un amant. Devenue adulte, Silvia est toujours hantée par cette scène et le décès de sa mère, morte après sauté d’un balcon. Plongée dans son travail de recherche scientifique, Silvia rencontre un confrère africain qui lui parle de magie noire. Depuis elle est assaillie par de nombreuses visions et se met à douter de sa perception de la réalité…

Il y avait là les ingrédients nécessaires à livrer un film réussi et pourtant, en dépit d’une atmosphère soigneusement travaillée, la sauce ne prend jamais vraiment. Tout en multipliant les références (au cinéma de Polanski et à Alice au pays des merveilles notamment), le récit se perd en symboles qui, à force d’être accumulés, finissent par ne plus vouloir dire grand-chose. Francesco Barilli (co-scénariste de Qui l’a vue mourir ? de Aldo Lado) prend certes un malin plaisir à brouiller nos repères mais il le fait si bien qu’on se désintéresse rapidement du sort de l’héroïne, pourtant joliment incarnée par Mimsy Farmer. Très rapidement, dans l’incapacité d’établir un semblant d’empathie avec le personnage, peu nous importe que tout soit réel ou faux, créant devant le film un ennui poli.

Le Parfum de la dame en noir se regarde donc d’un œil détaché, avec un intérêt certain, à la fois aguiché par la mise en scène de Barilli jouant habilement avec les couleurs et curieux de savoir où tout cela va bien pouvoir mener. Sans prendre la peine de répondre à nos interrogations, le final, bien qu’appréciable pour sa radicalité n’impressionnera guère et fait apparaître le film comme foutraque, débordant d’idées incapables de vraiment s’imbriquer les unes aux autres. C’est d’autant plus dommage que Mimsy Farmer incarne le rôle de Silvia avec dévotion, en donnant corps à toutes ses frayeurs. Mais cela ne suffit pas, l’ensemble manquant d’une structure solide, marquant mal ses ruptures de tonalité et se montrant parfois grossier quand il verse dans la psychanalyse. Le film n’en demeure pas moins curieux et intéressant à découvrir (d’autant que le master déniché par Artus a très belle allure) mais reste en-deçà de la découverte espérée. Reconnaissons cependant à Barilli d’avoir tenté un mélange entre giallo et fantastique, mélange dont s’emparera Dario Argento trois ans plus tard avec plus de bonheur avec Suspiria

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