Sans un bruit 2 : Rien de bien neuf à l’horizon

Archétype de la suite produite trop vite, sans autre légitimité que celle de capitaliser le plus rapidement possible sur un succès surprise, ce second épisode toujours réalisé par John Krasinski, s’appliquera donc consciencieusement à ré-appliquer la recette magique ayant fonctionné précédemment sans jamais la pousser dans ses retranchements. Débutant pourtant sur les chapeaux de roue, par une scène se déroulant avant le premier film, le jour où tout a commencé, cette séquence initiale n’a d’autre utilité que d’en mettre immédiatement plein les yeux au public, et accessoirement à redonner une petite place au personnage de père courage incarné par Krasinski, mort à la fin du premier film (spoil ?). Si elle produit son effet par son ambiance anxiogène et sa mise en scène au classicisme très élégant, avec ses mouvements de caméra et son montage fluides, cette séquence d’une vingtaine de minutes, sur laquelle se focalise d’ailleurs en grande partie le trailer visible dans les salles, est pourtant le signe annonciateur de tous les problèmes conceptuels de cette séquelle, qui éclateront par la suite. Car au-delà d’être indéniablement efficace, que nous dit-elle de plus que nous ne savions pas déjà ?

Si le concept initial ne semblait pas à première vue en posséder suffisamment sous la semelle pour entraîner une saga, il avait le mérite d’un semblant d’originalité, et pouvait jouer sur les notions de famille, et sur des peurs enfouies en nous, de ne pouvoir protéger les siens au sein du cocon familial. Un solide point d’attache émotionnel sur lequel cette suite pouvait encore jouer de par l’absence de Krasinski, la maman interprétée par la solide Emily Blunt devant prendre la place de son Homme pour protéger les siens, ayant désormais un bébé à charge en plus. S’il semble évident que la mythologie mise en place précédemment ne sera pas suffisamment solide pour avoir une grosse marge de manœuvre dans ce qu’il y a à raconter, on pouvait au moins espérer que le scénario poursuive dans cette dynamique familiale qui constituait réellement le cœur du premier film. Mais en démarrant par une scène se déroulant avant le premier film, le film se condamne d’emblée à faire du surplace, à ne pas oser ou savoir quoi raconter, ce qui constitue quasiment un aveu d’échec terrible, au-delà de la tension viscérale qu’elle provoque.

Pourtant, une fois passée cette introduction, il va bien falloir s’employer à raconter quelque chose, et c’est bel et bien là que le ratage, certes pas du domaine du nanar mais tout de même évident, se fera progressivement jour, lorsqu’on se rendra compte que Krasinski réalisateur et scénariste est incapable de trouver de nouveaux angles d’attaque, répétant machinalement des scènes déjà vues dans le premier film, ne parvenant plus à instiller de ce malaise suintant qui en faisait le sel, se perdant dans une narration sans moteur, mollassonne, et finissant par s’éparpiller avec l’arrivée de nouveaux personnages, dont celui de Cillian Murphy. Mais celui-ci n’apporte rien à l’intrigue, servant juste de prétexte pour emmener l’action ailleurs, et créant un arc narratif le plaçant en marge des autres personnages, avec la jeune fille muette qu’il protège. Mais aucun évènement décisif ne semble jamais arriver, tout reste désespérément mou et sans rebondissements, hormis quelques fulgurances où la maîtrise plastique de l’ensemble fait du bien à la rétine. Mais justement, Krasinski semble se reposer entièrement sur ces quelques instants fort jolis comme s’ils pouvaient suffire à constituer une séquelle digne de ce nom. Mais quelques moments épars dans un film sans but et sans rien de signifiant à raconter, c’est trop peu pour que l’on s’en contente.

Au final, ce que l’on retiendra ici, c’est finalement que le concept de base se suffisait en lui-même et n’avait pas les épaules pour engendrer une saga. Si ce film en venait à fonctionner au box-office mondial, nul doute que ses instigateurs ne s’arrêteraient pas en si bon chemin, mais la fin abrupte et creuse de cet opus ne laisse rien attendre de miraculeux en la matière, tant le film dans son ensemble aura bégayé plus qu’il n’aura ajouté une nouvelle pierre à l’édifice bâti précédemment. Dommage, mais assez parlant concernant une certaine idée du cinéma selon Hollywood, incapable de voir plus loin que le bout de son nez, et capitalisant trop souvent sur des « idées miracles », pour espérer se faire un peu de cash sans trop d’efforts. Une conclusion certes pas nouvelle, mais toujours un peu triste …

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