Conjuring 3 – Sous l’Emprise du Diable : … et des dollars.

La découverte des Dossiers Warren a créé le frémissement en 2013 dévoilant la véracité de ce qui n’était que de simples fantasmes de cinéma, à savoir les démons et les possessions des humains avec exorcismes et tout le toutim qui ont permis, par exemple, le succès du film L’Exorciste de William Friedkin en 1973, puis une exploitation frénétique du genre avec des copies et autres propositions bis plus ou moins bien produites. Mais la vérité n’est plus ailleurs avec les péripéties de ce couple d’Américains – célèbre dans leur pays – ayant véritablement combattu les forces du mal au cœur des années 1960 et 1980. La véracité des faits est avancée par des preuves audio/vidéo garnissant les génériques ou en tout cas souhaitant nous le faire croire coûte que coûte. En cela le premier long-métrage réalisé par James Wan apportait un vent glacial de terreur dans les salles obscures avec un blockbuster estival terrifiant. Le succès découlant de cet essai orchestré de main de maître ouvrit grandes les portes pour la New Line et Warner Bros à une exploitation à tire-larigot de cet univers vaste tournant vite en eau de boudin. AnnabelleLa NonneLa Dame Blanche et autres aventures du couple Warren ont essoré ce qui est devenu une franchise fade entre spin-offs et suites capitalisant sur la sympathie d’un public en quête de frissons dans les salles de cinéma.

Les Warren sont arrivés dans les salles obscures alors que les studios cherchaient désespérément depuis quelques années la formule parfaite pour ne pas inquiéter les exploitants avec des produits rances, mais assez riches pour attirer le public dévoreur de pop-corn et adepte de jump-scares. En cela, la franchise Conjuring est devenue reine du bal à flippette avec des entités démoniaques capables de hanter les nuits des plus fragiles (notre rédacteur en chef dort depuis avec une veilleuse) avec des astuces éculées. Ainsi d’un rien (chat qui saute  ; portes grinçantes  ; etc.), la saga initiée par James Wan est devenue une valeur sûre produisant aujourd’hui son troisième opus avec le couple Warren en vedette – Sous l’Emprise du Diable en salles ce 9 juin 2021. 
Pour ce troisième long-métrage, Conjuring 3 retrace une énième affaire terrifiante de meurtre et de présence maléfique mystérieuse. Dans ce nouveau cas issu de leurs dossiers secrets, Ed et Lorraine Warren commencent par se battre pour protéger l’âme d’un petit garçon, puis basculent dans un monde radicalement inconnu. Ce sera la première fois dans l’histoire des États-Unis qu’un homme soupçonné de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense.

Quelques indices laissaient augurer le développement du cas d’Amityville dans ce nouveau projet pour le célèbre couple, mais cela aurait été jouer de facilités. Surtout ce troisième opus orchestré par Michael Chaves – responsable de La Malédiction de la Dame Blanche, spin-off de Conjuring – confronte nos protagonistes à une menace concrète les opposant à un antagoniste effectif. Cela évite la redite en dépit de garder le sel d’une saga adorant les démons et les forces surnaturelles avec son lot d’exorcismes et de corps désassemblés s’élevant pour de nouvelles sensations fortes assurées.
Mais force est de constater que la série s’effiloche devenant une production prévisible lassant par une mise en scène mécanique ne se permettant pas le moindre risque. Sous l’Emprise du Diable est l’exemple de l’épisode capitaliste s’enorgueillant de pousser la vérité plus loin, mais ennuyant poliment d’une recette aujourd’hui éculée. Poussé à son extrême, l’univers a été essoré au lieu d’être préservé à se focaliser uniquement sur le couple et des aventures ponctuelles, judicieusement espacées dans le temps pour des rendez-vous attendus au cinéma. Des films luxueux à la production intelligente et capitaliste voués à de jeunes réalisateurs aux dents longues, à l’image d’un Freddy d’une certaine époque, produit de la New Line qui n’hésitait pas à engager des jeunes tels que Chuck Russell, Renny Harlin ou Stephen Hopkins pour des idées neuves et un brin d’insolence pour beaucoup de talent.

Tout ce que n’est pas Conjuring avec ce troisième film confié cette fois à Michael Chaves – remplaçant James Wan après deux films – qui n’avait déjà pas convaincu pour La Dame Blanche. Le réalisateur ne rassure toujours pas avec ce film monotone, certes soigné, n’amenant pas la moindre idée concrète de mise en scène. Le technicien est engagé pour seulement suivre les consignes d’un board strict pour un succès assuré d’avance. Sous l’Emprise du Diable est une déception, l’opus de trop sur le couple Warren, idéal pour une plateforme comme HBO Max, mais assez limité comme divertissement de cinéma n’ayant jamais la moindre idée nouvelle ni le sens du spectacle. Le long-métrage est un troisième opus banal qui permettra quelques frissons téléphonés à des ados se goinfrant de pop-corn dans un cinéma climatisé. Pour les fans et autres cinéphiles exigeants, Conjuring 3 procurera un ennui poli se déclarant comme une fâcheuse déconvenue au sein d’une trilogie – et un univers – dont il faut arrêter de creuser le sillon (la tombe ?).

2 Rétroliens / Pings

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