Un homme en colère : Il ne fallait pas chercher Statham

Après quelques années difficiles dont le point culminant a été atteint avec Aladdin, adaptation live totalement fadasse du classique Disney de 1992, Guy Ritchie semble être revenu aux sources de son cinéma avec The Gentlemen, sorti l’année dernière. Loin d’être la simple réitération de ses succès de jeunesse, le film proposait un récit enthousiasmant porté par une belle galerie d’acteurs et montrait que le cinéaste en avait encore sous le capot. Décidé à enchaîner rapidement, Ritchie débarque cette fois-ci avec Un homme en colère, proposition d’autant plus alléchante qu’il s’agit là d’un remake d’un film français que nous aimons beaucoup, Le Convoyeur, réalisé en 2004 par Nicolas Boukhrief.

Plutôt qu’un remake, disons en tout cas qu’Un homme en colère est la libre adaptation du film de Boukhrief. Si dans les faits, Ritchie et ses co-scénaristes ont gardé l’idée d’un homme allant travailler dans une société de transports de fonds pour une raison tout à fait mystérieuse et personnelle, le film se voit transformé dans son essence par la nature même de son acteur principal. En effet, à la place d’Albert Dupontel dans le film original, c’est à Jason Statham que revient le rôle du nouveau convoyeur de fonds sur lequel plane un certain mystère. Entre Dupontel et Statham, il y a tout un monde et il est évidemment impossible de faire passer l’acteur pour un type ordinaire. Ce sera le bouleversement majeur du scénario, le rôle ayant été taillé sur mesure pour Statham qui retrouve ici Guy Ritchie avec un plaisir certain, prêt à distribuer des baffes et à flinguer tout ceux ayant le malheur de se mettre en travers de son chemin…

Difficile d’en dire plus sans déflorer l’intrigue, qui ne surprendra pas ceux connaissant Le Convoyeur même si Ritchie lui oppose tout de même une construction différente, le récit s’imbriquant par couches, permettant peu à peu de lever le voile sur les tenants et les aboutissants de ses enjeux. Scénaristiquement, c’est donc du travail solide, effectué sans trop se prendre la tête mais avec une réelle volonté d’offrir un moment de cinéma sous haute tension. Et c’est précisément ce que fait Ritchie qui, s’il cède à la facilité de réutiliser jusqu’à la nausée son thème musical un peu lourdingue pour bien mettre dans l’ambiance, offre un pur moment de cinéma tendu et nerveux, à l’image de son personnage principal que Statham incarne avec son charisme habituel. L’acteur a beau avoir un jeu limité, le film en est bien conscient et tire parti de son don à jouer la colère intérieure prête à exploser tout en lui collant comme partenaires des acteurs au jeu plus affûté qui n’en sont pas moins des gueules de cinéma qu’on apprécie (Holt McCallany, Josh Hartnett, Jeffrey Donovan, Eddie Marsan et même Andy Garcia). A l’exception de Scott Eastwood, toujours aussi foutrement mauvais (il ne partage décidément que le physique de son père), tout le casting est donc aux petits oignons.

Ne reste plus qu’au film à dérouler son récit de façon un peu mécanique certes mais qui n’en demeure pas moins hautement réjouissant tant Ritchie embrasse sa brutalité, sa mise en scène collant parfaitement à son titre. Tout en tension, ne demandant qu’à se libérer par des accès de violence bien saignants, Un homme en colère ne marque en aucun cas un renouvellement du genre mais permet à Ritchie de s’essayer à une mise en scène un poil moins grandiloquente et plus sobre pour coller au plus près de son personnage principal jusqu’au dernier tiers du film, véritable morceau de bravoure dont le cinéaste filme aussi bien la violence que la tragédie humaine qu’elle renferme pour tous ses personnages. De quoi confirmer que Guy Ritchie est toujours aussi en forme et que son cinéma, sans être absolument brillant, n’en demeure pas moins toujours aussi vigoureux et plaisant quand il reste fidèle à lui-même.

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