Hurlements : Gare à la meute !

Le début du mois de juin est marqué par une semaine spéciale « bébêtes » sur Shadowz. Quatre nouveaux films ont fait leur apparition sur la plate-forme, tous d’excellente facture. On ne saurait que trop vous conseiller d’aller jeter un œil sur Cat’s Eye, M.A.L : Mutant Aquatique En Liberté et le trop oublié Orca (la version orque des Dents de la Mer), mais nous nous sommes bien gardés de vous réserver le meilleur film (de notre point de vue) de cette nouvelle sélection pour notre séance Shadowz hebdomadaire. Hurlements, second long-métrage réalisé par Joe Dante (si l’on excepte ceux qu’il a co-réalisé avec Allan Arkush ainsi que son film d’étude expérimental co-réalisé avec Jon Davidson), est le second meilleur film de loups-garous de tous les temps (juste après Le Loup-Garou de Londres, mais on aura l’occasion d’en reparler à sa ressortie 4K prévue pour dans quelques semaines). Fort de son succès avec Piranhas en 1978, Joe Dante est approché par les producteurs de Hurlements afin de le réaliser suite au départ pour différends de Jack Conrad (prévu initialement pour l’écrire et le réaliser). Dante accepte à condition de pouvoir travailler sur le projet avec son scénariste de Piranhas, John Sayles. Hurlements est l’adaptation du roman éponyme de Gary Brandner. Hurlements est une merveille, un énorme concentré de ce qui fera toute la force des futurs films de ce grand réalisateur. Ici, point de demi-mesure sur la frontière entre film d’horreur et film familial comme il le fera avec Gremlins, Hurlements est un pur film de genre, une excellente série B qui n’a pas vieilli d’un iota et qui fait toujours son effet à l’apparition des monstres. Vous l’aurez sûrement compris, plus que jamais, cette chronique sera totalement subjective tant le film impacte totalement l’affect que nous lui vouons depuis toujours. Bienvenue dans La Colonie…

Karen White est journaliste à Los Angeles. Elle se retrouve traquée par un tueur en série nommé Eddie Quist. En coopération avec la police, elle prend part à un piège pour capturer Eddie en acceptant de le rencontrer dans un cinéma pornographique. Alors que Quist force la journaliste à regarder une vidéo de viol, il est tué par les forces de l’ordre. Karen est traumatisée et souffre d’amnésie. Son thérapeute, le docteur George Waggner, décide de l’envoyer avec son mari, Bill, dans un centre isolé à la campagne où ses patients prennent du repos, « La Colonie ». Cet endroit est rempli de personnes étranges, dont une nymphomane nommée Marsha qui tente de séduire Bill. Ce dernier, résistants aux avances de la jeune femme, est attaqué et mordu par un loup-garou. Changé, Bill revient vers Marsha et accepte d’avoir une relation sexuelle avec elle. Durant leur étreinte, leurs corps se métamorphosent. Karen va alors se confronter au secret du docteur Waggner : La Colonie est le repaire de loups-garous pouvant se métamorphoser à volonté sans pleine lune.

À la vue du résumé, vous l’avez sans doute compris, Hurlements est un film qui ne respire pas la joie de vivre, du moins, qui n’est absolument pas un spectacle familial. Car, s’il ne s’adresse pas aux plus jeunes, Hurlements est empli d’un cynisme cher à Joe Dante, il y a de vrais moments de comédie noire. Non pas qu’il soit pseudo parodique comme le pouvait être Piranhas, il s’agit d’un vrai film d’épouvante, une relecture moderne du monstre mythique des studios Universal dont Joe Dante en est le premier client. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il décide de nommer son docteur George Waggner puisqu’il s’agissait du producteur et réalisateur du film mythique avec Lon Chaney sorti en 1941. Et des homonymes appuyés sous forme d’hommage, Dante en ajoutera à la pelle dans son film : Roy William Neill (pour Frankenstein Rencontre le Loup-Garou), Charles Barton (pour Deux Nigauds Contre Frankenstein), ou encore Terence Fisher (pour La Nuit du Loup-Garou). Dante déclare son amour pour les monstres qui ont bercé son enfance, Hurlements est un vivier incroyable de clins d’yeux, un vrai bonbon pour tous les amoureux des classiques de la Universal. Mais pas question pour Dante de reproduire ce qui a déjà été fait. Ici, terminé les malédictions lycanthropiques classiques qu’on va s’évertuer à tenter d’annihiler à coups de rites gitans. Hurlements se passe dans un univers où les films de cinéma que Dante cite existent. Les enquêteurs qui tentent d’aider Karen en dehors de La Colonie se plongeront dans les connaissances du réalisateur. Ils analysent absolument tout ce qui existe sur les loups-garous pour tenter de mieux accepter les faits. Dans l’univers du film, les monstres se cachent derrière les rebuts de la société, les marginaux, mais surtout les hommes les plus dangereux. Les loups-garous de Joe Dante sont des psychopathes, des nymphomanes, des voleurs et tout un tas d’autres énergumènes entreposés dans un bestiaire particulièrement vorace et dangereux. La Colonie se dévoile comme un antre vicieux où le docteur Waggner conditionne ses patients telles des machines aptes à sortir ce qu’il y a de plus mauvais en eux. Il veut faire régner la race lycanthrope sur le monde et y asseoir une envie de domination totale sous réserve de faire évoluer la race humaine au stade supérieur. Des ambitions de bad guys totalement classiques issues des films dont Joe Dante raffole. Hurlements est un film résolument moderne avec le classicisme dont il puise sa source, une vraie démonstration impériale.

Ce qui fait de Hurlements le second meilleur film de loups-garous de tous les temps, c’est, avant tout, sa spectaculaire séquence de transformation. Les effets-spéciaux, d’abord confiés à Rick Baker qui laissa sa place à son protégé Rob Bottin pour s’en aller travailler sur Le Loup-Garou de Londres, fonctionnent à merveille et provoquent toujours autant l’effroi. En 1981, Rob Bottin s’est déjà fait remarquer pour son travail sur le remake de King Kong de John Guillermin ainsi que ceux de Fog de John Carpenter. Sa masterpiece restant ses effets titanesques pour The Thing en 1982, qui ont bien failli avoir sa peau tellement il en est sorti épuisé et à bout de forces, Bottin a gagné ses galons avec Hurlements. Et le reste de ses travaux ont prouvé qu’il n’est pas devenu l’un des plus grands noms des effets spéciaux pour rien (RoboCop, Total Recall, Se7en). Il avait déjà collaboré avec Joe Dante sur Piranhas et se liera d’amitié avec le réalisateur puisqu’il réitérera l’association sur Explorers et L’Aventure Intérieure. Son loup-garou est imposant, rapide, féroce et franchement flippant. Toujours dans un souci de moderniser Le Loup-Garou de 1941, il lui octroie une posture à taille humaine. Son loup marche comme un homme, sur deux pattes. Seulement, tout comme pour le film de John Landis à Londres, la transformation se doit d’être spectaculaire. La mutation de l’homme en loup à une valeur particulière pour Dante. Elle représente le lâché-prise, ce moment où l’homme redevient l’animal qu’il dissimule sous sa peau. Dans Hurlements, le déguisement est en réalité la forme humaine. Lorsque les protagonistes deviennent des loups, ils révèlent au monde ce pour quoi ils se cachent. Et leur aspect est effrayant comme jamais. L’animal n’est plus un simple « accessoire » au service du fantastique de l’histoire, il est le véritable élément de l’analyse, le centre de tous les propos de Dante. En rendant hommage au cinéma qu’il aime, il était loin de se douter qu’il créerait des émules lors des générations suivantes. Pour ne citer que lui, il est évident que Neil Marshall s’est largement inspiré du travail du duo Dante/Bottin lorsqu’il a mis en scène Dog Soldiers. Hurlements se revoit avec toujours autant de plaisir car il se bonifie avec l’âge. Dante y a inclut tellement de couches de lectures qui prennent une tournure différente selon les époques où nous le revoyons.

Nous pourrions vous évoquer une multitude d’autres raisons pour vous convaincre de la nécessité de (re)voir Hurlements, mais nous nous doutons bien que la longueur de notre papier serait indigeste et gâcherait toutes les bonnes raisons de se (re)plonger dans ce chef-d’œuvre de Joe Dante. 1981 a décidément été la meilleure année pour les films de loups-garous puisque Hurlements et Le Loup-Garou de Londres s’y sont pointés comme un énorme tsunami balayant tout sur leur passage. C’est bien simple, depuis, aucun film n’a réussi à faire mieux dans le genre. Si l’on s’est retrouvé avec des films de bonne facture par la suite (Wolf, Dog Soldiers, Ginger Snaps, Skinwalkers), aucun n’a jamais réussit à dépasser les deux pièces maîtresses susmentionnées. Hurlements se délecte donc via Shadowz et on ne peut que vous conseiller d’y succomber sans plus tarder.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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