The Last HillBilly : Délivrance d’une Communauté

Ils sont les maux d’une nation, les antagonistes favoris de la culture populaire américaine, responsables également de l’élection de Donald Trump. Autrement appelé « Rednecks », les « Hillbillies » sont une communauté arriérée des Appalaches dans le fin fonds du Kentucky. Des mineurs au chômage suite à l’arrêt de l’exploitation dans la région. C’est par hasard, en traversant le Kentucky, que Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe – réalisateurs du film – croisent un jour la route de l’un d’eux.

C’était dans un diner alors que le couple traverse le Kentucky. Alpagué par ce qui deviendra le personnage pivot du documentaire, Brian Ritchie (dont le nom n’est jamais prononcé dans le film), le couple s’intéresse aux restes de cette communauté vivant recluse dans la campagne, alors que tout le monde est parti chercher du travail ailleurs.
Ils sont consanguins, c’est vrai, ils sont violents et alcooliques, c’est vrai aussi. Les Hillbillies ont tous les maux et tous les vices, il en reste cependant des femmes et des hommes soudés vivants tel quel, simplement de leurs fermes et ce que leur donne la terre. Débutant telle une poésie mystique sur la voix rauque du héros, qui accompagnera en partie le documentaire, le prologue saisit par la beauté de ses paysages, mais surtout l’agonie d’un jeune cerf fiévreux. Le spectateur est happé, sachant d’emblée où il met les pieds. Le documentaire divague ensuite sur la peinture de cette troupe où les enfants jouent aux jeux vidéo et les mères totalement évaporées. Nous ne les verrons jamais tout comme nous en saurons le moins possible sur les personnages qui gravitent dans le film. Certains apparaissent puis disparaissent, peinture fantasmatique de pleutres alcooliques chantant des airs reconnus pour mieux reprendre une rasade de bière. 

Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe font l’état d’un groupe qui tourne en rond au fin fond des États-Unis. Ils sont oubliés vivant de peu ou de ce qu’ils peuvent. Les visages des enfants sont éteints, comme conscients d’un avenir compliqué. Ils s’ennuient fermement, exemple fait de la séquence entre les cousines dans la grange à cheval, regard fermé avouant elle-même ne rien avoir à faire et s’ennuyant franchement. Un constat dramatique d’une jeunesse à l’arrêt, sans le moindre défi, la moindre imagination, le moindre souffle. La mort sociale d’une jeunesse qui ère dans les rivières, dans les bois ou à flanc de montagne avec le père, hurlant au loin pour entendre la vie de son écho.
Le film ne fait jamais écho avec ce qu’il se passe ailleurs. Les deux réalisateurs cherchent juste à capter l’essence philosophique et poétique de cette tribu. L’ennui pour les adultes est également palpable, l’envie d’autres choses, d’un travail, d’argent pour avancer. Mais ils sont bloqués sur ces terres et tentent d’en profiter tant bien que mal. 

The Last Hillbilly est le portrait d’une famille de péquenauds à travers les mots de l’un d’entre eux, témoin surprenant d’un monde en train de disparaître et dont il se fait le poète. Un monde dur sans le moindre avenir, en arrêt complet depuis la fermeture des mines. L’état d’une région américaine, comme tant d’autres, qui crève lentement à l’image du jeune cerf fiévreux dans l’introduction du film. Un documentaire brutal à l’ambiance crépusculaire où les fibres du western moderne se font ressentir. Il convaincra peut-être peu de spectateurs, mais le film restera comme le témoin privilégié d’un monde bientôt englouti dans l’oubli.

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