Raya et le Dernier Dragon : La puissance de la confiance

Après un Soul réussi, Disney relance la machine à princesse avec Raya et le dernier dragon. Un long-métrage comprenant un casting majoritairement asiatiques du côté des États-Unis et assez mixte en France. Il a été réalisé par Don Hall et Carlos Lopez Estrada (également réalisateur de Blindspotting), des habitués de la maison puisqu’ils ont respectivement déjà réalisé plusieurs films Disney. Ce 59e classique d’animation sort le 4 juin sur la plateforme de streaming Disney+. Encore une fois…

Il y a de ça des centaines d’années, au royaume imaginaire de Kumandra, les humains et les dragons vivaient en harmonie. Un jour une force maléfique nommé Druuns (démon du feu) s’abattit sur le royaume. Pour l’éradiquer, tous les dragons ont canalisé leurs pouvoirs afin de créer la pierre du Dragon. Mais les humains s’affrontèrent pour le contrôle de cette pierre protectrice et se divisèrent en cinq tribus : Cros du Dragon, Griffes du Dragon, Cœur du Dragon, Dos du Dragon et Queue du Dragon. Lorsque cette force réapparait cinq siècles plus tard, Raya, une guerrière solitaire, se met en quête du légendaire dernier dragon, Sisu. Son but est de restaurer l’harmonie sur la terre de Kumandra. Débute alors un long voyage périlleux.

Raya et le dernier Dragon est un film qui, au premier abord, pose un problème. Les doublages américains sont réalisés par des acteurs de la communauté asiatique, mais très peu de la région du Sud-Est Asiatique. Il en va de même pour le casting français. Les têtes d’affiches sont Émilie Rault en Raya et Géraldine Nakache en Sisu. De plus, l’histoire est bien évidemment fictive mais très largement inspiré par la culture asiatique (au sud Est). Il est important de rappeler que l’Asie du Sud-Est est composé de différents pays et donc différentes histoires et cultures. Certaines croyances peuvent se rejoindre mais elles sont d’une manière générale bien distinctes. 

Les origines de l’héroïne ne sont pas spécifiées même si l’histoire se déroule dans un pays imaginaire. Les scénaristes Adele Lim (d’origine Malaisienne) et Qui Nguyen (d’origine vietnamienne) sont pourtant les plus légitimes pour développer les origines de Raya. La réalisation s’entoure donc de spécialistes afin d’être au plus proche de cette région. Mais le fruit de leurs recherches ne se ressent pas dans le film. On devine seulement qu’ils ont fait des mélanges entre les mythes et les folklores de cette région du continent Asiatique. 

Ce qui est intelligent de la part du studio afin de marquer, sans doute, une frontière entre les cultures, c’est la division du pays de Kumatra en 5 parties. Ces provinces rivales ont des systèmes culturels qui leur sont propres avec des climats différents. Ainsi nous passons d’une forêt de bambou à une zone complément désertique pour atterrir dans une ville sous pilotis non sans rappeler les maisons du peuple Bajau (un groupe ethnique Indigène au large de la cote de la Malaisie). 

En tant que Disney qui se respecte, il y a bien entendu une morale. Depuis l’enfance, le père de Raya lui inculque l’importance des règles de bonnes conduites tout autant que l’art du combat. Elle grandit donc entre ses deux mantras qui font parties de sa personnalité. D’un côté la raison et de l’autre le cœur. Cette oscillation est assez comparable à la réalité de notre monde. Dans cette logique, Raya représente l’amertume (au fond elle souhaite plus que quiconque le retour de Kumandra) et le pessimisme face à l’avenir et Sisu l’optimisme (tendant par moment à de la naïveté). 

Il est intéressant de comparer au cours du film cette idée avec notre société. Il y a un manque évident au sein même d’un état comme entres états. Une société qui tend à disparaître par la cupidité. Le Drouns, cette entité maléfique antagoniste est le fruit de la division des hommes. Il refait surface lorsqu’ils s’entretuent pour des raisons assez égoïstes. Là encore, une parfaite référence à la nature humaine qui ne cherche qu’à satisfaire ses propres besoins au détriments des plus miséreux. Sans tenir compte de la situation des autres. Un spectateur plus âgé que le public habituel des princesses Disney sera très sensible aux allusions durant ce long métrage. 

Il en va de même pour la notion de confiance et d’entraide. Peut-on faire confiance à quelqu’un que nous venons à peine de rencontrer sous prétexte que nous avons les mêmes passions ? Le film y répond en nous disant de ne pas juger une personne à « sa carapace ». De creuser et de comprendre comment elle fonctionne. Mais Raya et le dernier Dragon est là pour nous rappeler son importance à travers la quête de cette guerrière solitaire. 

Le film donne cependant, dans une certaine mesure, une impression de déjà vu. À mi chemin entre Mulan et Vaiana, la légende du bout du monde. Une fille (un peu garçon manqué), courageuse qui ne souhaite pas vivre selon les traditions parentales et qui part de chez elle pour « sauver le monde ». Rien de bien original et pourtant ça ne dérange pas plus que ça. Il y a le même fond mais pas la même forme et c’est le premier film d’animation de princesse Disney sans chanson !

L’animation est quant à elle très équilibrée entre le réalisme et le fantastique. Les détails sont beaux et la technique est aboutie. On le voit avec le design des éléments naturels comme l’eau. Les décors changent et offrent un panorama presque paradisiaque. Les images sont frappantes, colorées avec une précision remarquable. Il y a eu un réel travail de montage avec des effets visuels. Lorsqu’un personnage parle, il y a une profondeur de champ assez étonnante. Une technique qui fait ses preuves et marque ainsi la longue progression de la qualité des images chez les Studios Disney. 

Malgré sa durée plutôt longue, le scénario donne l’impression que tout se passe rapidement tant il est rythmé. Il alterne entre des scènes d’actions maîtrisées et des moments plus calmes où nous pouvons apprécier les décors et la musique (du compositeur James Newton Howard). Avec toujours cette note d’humour chère à Disney, sachant régulièrement faire mouche.

Raya et le dernier Dragon est une épopée familiale (d’action et d’aventure) convenant à tout les âges par le ton du scénario et la richesse de l’histoire. Le design est tout simplement magnifique et méritait d’être découvert sur un grand écran (en 3D ou 4DX). On regrettera cependant le manque de dissociation entre les différentes cultures d’Asie du Sud-Est.

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