La Voie du Tablier: Le Yakuza au grand cœur

Qui a dit que les Yakuza ne pouvaient pas être des hommes au Foyer ? Qui sait, sur un malentendu ça peut très bien marcher ! Et La voie du Tablier en est d’ailleurs la preuve. Cet ONA (Original Net Animation ) est tiré du manga éponyme écrit par Kosuke Oono (7 tomes chez Kana) et produit par le studio J. Staff. Sorti en drama pour Nippon télévision en 2020, il est disponible sur Netflix depuis le 8 avril 2021. La voie du Tablier comporte seulement 5 épisodes très courts centrés sur le quotidien de ce fascinant Tatsu.

Tatsu, un boss yakuza, célèbre et craint, surnommé le « Dragon Immortel », se retire des affaires pour devenir un mari au foyer afin de pouvoir soutenir Miku, son épouse, dans sa carrière. Entre conseils sur la lessive et petits tutoriels sur la cuisine, la série présente des épisodes comiques, dans lesquels le travail domestique banal de Tatsu en tant que mari au foyer est juxtaposé à sa personnalité. Autant qu’à son apparence intimidantes, et à ses fréquents affrontements avec d’anciens associés et rivaux yakuzas…

Le thème est assez original compte tenu des animés aujourd’hui. Avec l’omniprésence (non gênante au contraire mais plutôt redondante) des shonen « classique » type Kimistu no Yaiba ou Shingeki no kyojin. Dans La voie du tablier (qui est un seinen) nous avons un homme au foyer prenant très au sérieux son rôle. Peut-être un peu trop parfois, mais c’est très drôle à regarder. Son petit tablier tout mignon accompagné de son costume noir (qui rappel tout de même sa profession première) accentue le comique des situations. Les scènes sont pour la majorité complètement absurdes, rythmés par des OST altérant entre un thème rappelant les Yakuza et les musiques de galerie marchande. On passe d’un ton menaçant à une ambiance apaisante pour un mélange qui se contraste assez bien. 

Tout est une question d’attitude dans cet animé et Tatsu dégage un charisme proche de celui de Kusuo Saiki dans Sakai Kusuo no Psi Nan (également disponible sur Netflix). Rien de plus normal car ils ont tous les deux été réalisé dans le même studio. Il est logique de retrouver des similitudes dans la réalisation de ces deux animés. Son personnage rappelle également Saitama dans One punch man. Un homme qui à l’air tout à fait normal mais qui dégage une force extraordinaire. Tatsu inspire à première vu la crainte (notamment via son costume) mais son tablier nounours adoucit son aura. Et on pourrait presque le sous-estimer. Sauf qu’il ne faut pas oublier que c’est un Yakuza et que Saitama s’est tellement entrainé qu’il en a perdu ses cheveux. 

On  retrouve dans ces animés de nombreuses « épics face » (qui sont dans La voie du tablier littéralement toutes les 10 secondes) mise en avant et parfaitement exécutées. Il est important pour un animé de type comique d’avoir ce type de caractérisation.

Si l’histoire est au début prenante, le scénario tourne vite en rond. Les 5 courts épisodes de plus ou moins 16 minutes s’articulent uniquement autour de Tatsu et ses techniques pour enlever une tache d’un t-shirt (le tout bien entendu avec un esprit très solennel). Le but est clairement de divertir sans pour autant révolutionner le genre. On est très loin du travail d’Hajime Isayama (le mangaka de Shingeki no Kyojin) au niveau du scénario. Toutefois, les comparer entièrement serait une erreur puisqu’ils n’abordent pas les mêmes thèmes. Il faut néanmoins reconnaître le manque d’enjeux assumé à cet animé singulier. La Voie du Tablier est une série animée anthologie légère, sans surprise, mais n’en reste pas moins agréable à suivre. 

L’animation se rapproche plus d’un manga mis en couleur que d’un animé à proprement parler. Et c’est assez spécial à regarder. Les images ne bougent parfois pas (ou avec des effets, jeux de lumières ou trame comme dans les mangas). Il y a des bruitages, de la musique, comme si les planches de storyboard « s’animaient » sans l’être réellement. Où alors on a l’impression que quelqu’un les agites pour animer les dessins. C’est une sorte de succession de planches sans réelle animation (avec tout de même) une certaine fluidité.
Ce n’est pas gênant à regarder et ça rappelle les mangas animés de fans que l’on peut retrouver sur YouTube. Un choix plutôt audacieux pour la réalisatrice Chiaki Kon (elle a réalisé des épisodes pour Naruto Shippuden ainsi que pour Boruto: next génération). Il semblerait que ce choix artistique lui aurait été imposé par la production. Non pas par souci de budget, mais dans le but de respecter au mieux le travail du mangaka et de se rapprocher de son travail littéraire.

Tatsu est un personnage à l’opposé de l’image patriarcale qu’a le Japon dans l’imaginaire occidental. La femme est traditionnellement dans la position de « soumise » et le mari de « protecteur » qui prend soin de sa famille en travaillant. Peu à peu cette idée change puisque de plus en plus de femmes tentent de s’y affranchir de et La Voie du Tablier va dans ce sens avec humour. Dans ce curieux animé, l’homme – ancien Yakuza – est un mari aimant et dévoué qui prépare à manger pour sa femme, fait le ménage et la soutient dans sa carrière.


La Voie du Tablier n’a finalement rien d’exceptionnel si ce n’est son animation osée et peu commune aujourd’hui. On s’attache tout de même à Tatsu, Yakuza à l’image saugrenue et détournée devenu homme au foyer et fier de l’être dont on s’amuse inévitablement au gré des cinq épisodes disponibles.

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