Cop Car : Traversée douloureuse du Colorado

Nouveau week-end à rallonge et nouveaux espoirs d’aller chercher le beau temps là où il y en a. En dépit d’une météo capricieuse ces derniers jours, nos libertés reprennent petit à petit leur droit et ce n’est pas pour nous déplaire. Voilà pourquoi, si le soleil n’est pas au rendez-vous, nous avons décidé de vous l’apporter via notre séance Shadowz de la semaine. Bienvenue sur les routes ensoleillées du Colorado… Fraîchement débarqué la semaine dernière sur la plate-forme, Cop Car, le second long-métrage de Jon Watts, retrouve une seconde visibilité par chez nous puisqu’il avait été relégué au rang de DTV. Très remarqué en 2015 au Festival International du Film d’Édimbourg, ainsi qu’à celui de Deauville la même année, il avait bénéficié d’une édition vidéo distribuée par Le Pacte et éditée par The Jokers. Cop Car est un film qui se traîne une solide réputation dans le milieu. La plupart des journalistes ciné s’étaient accordés pour lui faire une jolie publicité comparant le film au style singulier de celui des frères Coen. Et si vous étiez passés totalement à côté, Shadowz se charge des présentations désormais.

Deux jeunes garçons d’une dizaine d’années arpentent la plaine sans fin du Colorado, ils sont en fugue. Au détour d’un vallon, ils trouvent une voiture de police abandonnée, les clefs sur le contact. Après quelques hésitations, il décident de partir avec elle sur les routes désertes de la région. Cette voiture appartient au shérif Kretzer qui s’était isolé dans la plaine afin de se débarrasser de deux hommes enfermés dans son coffre. C’est pendant qu’il s’était éloigné pour dissimuler le cadavre du premier que les deux enfants ont subtilisé la voiture. Utilisant diverses ruses et la radio de la police qu’il a récupéré chez lui, le shérif parvient à rentrer en contact avec les enfants. Il compte bien récupérer sa voiture et supprimer les témoins de son forfait.

Comparer Cop Car au cinéma des frères Coen est une évidence tant le film regorge d’idées qui auraient pu figurer au sein d’un polar comme Fargo. Toute l’essence des frangins fulmine ici : l’humour noir, le comique de situation, des personnages hors catégorie, le découpage des séquences ou encore l’étirement du temps comme facteur important des enjeux scénaristiques. Cop Car débute comme un Stand By Me revisité où l’on suit deux pré-adolescents en quête d’une vie adulte et de sensations fortes. On ne saura pas grand chose de leur histoire, juste ce qu’il faut pour savoir qu’ils fuient un quotidien dans lequel ils ne se sentent pas heureux. Le concours de grossièretés qui ouvre le film mélangé à l’insouciance de leur jeune âge scelle la passerelle qu’ils sont en train de construire : ils vont brûler les étapes pour vivre une horreur qu’aucun enfant ne devrait avoir à subir. Et en ce sens, le scénario de Cop Car se montre extrêmement judicieux. Il prend le temps d’installer ses protagonistes, laisse le spectateur se familiariser avec les enfants, les lieux et les méfaits qu’ils accomplissent afin de désamorcer subtilement toutes ses situations par la suite. Cop Car est un film qui laisse pantois pris sur le vif, mais qui doit prendre le temps de mûrir dans l’inconscient du spectateur. Une fois digéré, tout y fait sens avec un soucis du détail qui frôle le génie. Pour son second long-métrage (après son premier film d’horreur, déjà réussi, Clown), Jon Watts démontre qu’il est un jeune réalisateur plein de ressource. Ce ne sera pas un hasard s’il se fera remarquer par l’écurie Marvel pour aller y tourner les trois derniers Spider-Man en date.

Cop Car signe également un retour fracassant de Kevin Bacon dans un type de rôle qu’on adore le voir jouer. Également co-producteur, il connaît le potentiel du script et donne le meilleur de lui-même à chacune de ses scènes. Il y a bien longtemps qu’il n’avait pas joué avec autant de retenue (souvenez-vous de son cabotinage grotesque dans RIPD sorti deux années auparavant). Il est en pleine possession de ses moyens et provoque l’effroi recherché avec une justesse désarmante. Mais le gros coup de cœur du film provient des deux comédiens qui interprètent les enfants. Ils sont bluffants de vérité. On en oublierait presque être devant une œuvre de fiction tant ils sont dans le vrai. Ils ont toujours la bonne réaction au bon moment et jouent l’insouciance comme personne. Faire paraître des enfants aussi naturels relève d’une prouesse exceptionnel qui n’est pas donné à tout le monde. De plus, la thématique liée à l’émancipation occupe la place centrale du scénario, ce qui fait la part belle aux deux jeunes comédiens. Cop Car soulève vraiment des questions percutantes et trouve ses réponses dans une mise en scène épurée qui joue parfaitement avec ses décors désolés. Le fait de placer les protagonistes au milieu de nulle part permet de laisser libre court à leur jeu. Jon Watts croit fortement au potentiel de son casting et c’est un pari hautement réussi.

Cop Car est à la croisée de plusieurs genres puisqu’il hybride le drame, le thriller et le road movie. Pour sûr qu’il conviendra parfaitement aux âmes plus sensibles et réfractaires aux effets gores. Le genre de proposition qui fait de Shadowz une plate-forme à la ligne éditoriale vraiment éclectique. Si besoin était de le répéter, il y en a vraiment pour tous les goûts et tous types de spectateur. Cop Car est, assurément, un très bon film, le haut du panier de ce que le cinéma indépendant américain actuel sait faire de mieux.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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