Il Mio Corpo est un film documentaire fictionnel réalisé par Michele Pennetta se déroulant en Sicile. Ce film fait partie d’une trilogie initiée en 2013 par le moyen métrage ‘A iucata et perpétuée en 2016 avec son premier long métrage Pescatori di corpi. Le film raconte deux destins croisés de laissés pour compte d’anciennes villes minières de Sicile. Une famille qui se nourrit des richesses des décharges environnantes pour survivre et marchander dont on suivra en priorité les questionnements du fils cadet, Oscar. De l’autre côté, un duo d’amis immigrés dirigé par Stanley, détenteur d’un permis de travail et titre de séjour qui s’occupe de l’entretien dans une église.
Michele Pennetta montre comment ces deux destins sont liés par la précarité de vie de ces citoyens abandonnés par la société. Livrés à eux-mêmes, ils sont contraints de se débrouiller avec les moyens du bord et ce que la nature et la vie a à leur offrir. Il Mio Corpo est à mi-chemin entre fiction et documentaire. Le réalisateur dirige le scénario de son film en construisant son histoire par le réel. En vivant aux côtés de ces acteurs, Michele Pennetta fait également un travail d’anthropologie. Il se sert de cette relation naissante pour nourrir son film et son histoire. Ainsi on vit une histoire proche du réel, intimement liée à celui-ci et développant la vie de ses personnages par des événements existants et réels. Son but étant de montrer l’envers de la société sicilienne, une région italienne qui lui tient particulièrement à cœur.
A travers son film, on voit clairement la détresse dans laquelle la Sicile abandonne ses citoyens qui n’entrent pas dans les standards de sa société. Avec une esthétique très soignée, il y a une opposition drastique entre la beauté du paysage et la dureté de la vie des protagonistes. Dans un environnement abandonné et mourant, on peut voir avec quelle débrouillardise une personne parvient à puiser des ressources dans ce qui semble ne plus en avoir à offrir. Sans forcément connaître le contexte ni les objectifs de ce documentaire, il est difficile d’éprouver un véritable intérêt à suivre les personnages d’Il Mio Corpo. Pour autant après considération, l’évolution de leur sort nous interpelle de plus en plus. Ces rebus de la société ne méritent pas moins que n’importe qui et leurs efforts méritent notre considération. Michele Pennetta réussit ce pari de retranscrire la vie d’êtres humains en marge forcée de la société tout en inscrivant son histoire au sein d’une identité à la fois visuelle et sociologique finalement passionnante.
Il ne reste alors plus qu’à se laisser interroger sur les différentes notions sociales des gouvernements qui nous entoure. Est-il acceptable de délaisser une population, quelle qu’elle soit, à son propre sort? Est-ce normal de dissocier à ce point des populations en fonction de leur statut social et de leur intégration? Des questionnements qui ouvrent le débat mais qui ne devraient pas rester sans réponse comme ils le sont aujourd’hui dans certains pays aux gouvernements plus laxistes et individualistes.
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