Resurrection : Expérience d’Amour Imminente…

Le 30 mars 2021 ressortait en DVD et Blu-Ray aux éditions Elephant Films une curiosité de cinéma d’autant plus alléchante qu’elle demeurait jusqu’alors difficile à voir sur les écrans ou sur un support vidéo propice à sa découverte. Resurrection, fable romanesque réalisée par un artisan à priori méconnu du nom de Daniel Petrie, cinéaste d’origine canadienne convoquant pour le rôle principal la grande et classieuse Ellen Burstyn : véritable égérie du Nouvel Hollywood principalement connue pour avoir interprété la mère de Linda Blair dans le célèbre Exorciste de William Friedkin et avoir incarné la figure-titre du Alice n’est plus ici de Marty Scorsese (film pour lequel elle fut du reste lauréate d’un Oscar en 1974), l’actrice américaine est alors au sommet de sa gloire lorsqu’elle tourne Resurrection au tout début des années 80. Jouant une veuve ayant elle-même frôlé la mort au sortir d’un terrible accident de voiture, Ellen Burstyn trouve là un rôle à sa juste hauteur, parvenant à rendre crédible une fable improbable d’EMI et de guérisons mystiques à tire-larigot en y campant la saisissante et charismatique Edna Mac Caulay… un récit qui sur le papier avait de quoi nous inquiéter considérablement, tant le grotesque va souvent de paire avec les questions de mysticisme et de spiritualité lorsqu’il s’agit de les retranscrire sur un écran de cinéma, sous couvert de drame familial qui plus est.

Disons le tout de go : Resurrection ne fonctionne probablement que pour une seule et véritable raison, à savoir la prestation toute en finesse et virtuosité discrète de Ellen Burstyn. De presque toutes les séquences, charmante et pleine d’esprit dans le même temps, la comédienne semble perpétuer la grande et célèbre tradition dramaturgique de l’Actors Studio en composant cette héroïne miraculée puis miraculeuse dans la plus parfaite des crédibilités. Pour le reste, le métrage sagement réalisé par Daniel Petrie s’en tient à la mise en image fonctionnelle de son scénario de départ, ne parvenant jamais à réellement décoller de son sujet, trop pétri de bons sentiments et de fulgurances visuelles surtout là pour illustrer les visions par-delà la Vie et la Mort de la malencontreusement divine Edna Mac Caulay. C’est donc un film tout ce qu’il y a de plaisant à suivre, mais dépourvu de réelles prises de risques artistiques, sclérosé dans son enchaînement de dichotomies séparant le Bien invisible du Mal visiblement trop pavé de bonnes intentions, la pudibonderie et la vertu maritale de la liberté sexuelle et de l’amour sans conditions, et cetera….

Certes le casting réserve quelques très belles surprises (c’est par exemple un franc plaisir de retrouver le regretté Richard Farnsworth dans le rôle d’un pompiste bienveillant enclin à la filiation spirituelle vis-à-vis de la figure d’Edna…), et le film se déroule sans grosses bavures ou maladresses quelconques, gentiment accompagné du thème musical grandiloquent de Maurice Jarre – un expert dans le genre… Resurrection s’en tient cruellement à ce qu’il cherche à dire et/ou raconter en ce qui concerne la vie après la Mort et l’ambivalence d’un don inexplicable et d’ailleurs inexpliqué ; l’une des rares pistes intéressantes développés par le réalisateur réside sans doutes dans le caractère double, trouble attribué au personnage de Edna par les fondamentalistes de sa communauté, voyant en la jeune femme faiseuse de miracles un étrange et dangereux faux-prophète biaisant les saintes écritures pour mieux les réécrire au nom du Malin. Hélas bien qu’il s’avère assez réussi et agréable à suivre, le film de Daniel Petrie ne parvient jamais à dépasser nos attentes, semblant presque n’exister que pour lui-même… et pour Ellen Burstyn, encore une fois pas loin d’être extraordinaire dans un rôle résolument peu évident. Un film mineur qui – plus de quarante ans après sa sortie – a bien du mal à convaincre pleinement. Dommage.

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