A Teacher : Quand la réalité dépasse les fantasmes

Image soumise à de multiples fantasmes cultivés avec ferveur par l’industrie pornographique, la relation professeur/élève trouve avec A Teacher une approche raisonnée au cœur d’une série de 10 épisodes concis actuellement disponible sur MyCanal. Une salve d’épisodes de 25 minutes chacun pour conclure une histoire reprise d’un film réalisé par Hannah Fidell sortie sur à peine sept salles en 2013. La réalisatrice est de retour avec une histoire qu’elle défend bec et ongles pour l’adapter au format TV avec le soutien de Jason Bateman à la production et son actrice principale, Kate Mara.

A Teacher vient de se conclure ce jeudi 6 mai 2021 sur Canal+. Diffusé en prime time le jeudi soir et disponible dans son intégralité sur la plateforme MyCanal, le programme suit la passion dévorante qui va unir une professeur d’anglais, Claire Wilson, et un élève, Eric Walker. Ce n’est pas la première fois qu’un film méconnu débouche sur une série distribuée à l’international. A Teacher est au départ un pur film indépendant avec Lindsay Burge dans le rôle principal, actrice américaine vue en 2017 dans le film C’est qui cette Fille où elle interprète une hôtesse de l’air américaine paumée à Paris et éprise d’un homme incarné par Damien Bonnard.
Dans la série qui en découle, le rôle revient à Kate Mara qui se remet doucement du crash des Quatre Fantastiques de Josh Trank où elle incarne Susan Storm. Entretemps, on l’a aperçue dans Seul sur Mars de Ridley Scott ou également Le Secret des Kennedy, film d’ouverture du Festival de Deauville 2018. Elle s’est surtout fait remarquer dernièrement avec Megan Leavey qui suit l’amitié forte entre une ancienne caporale des Forces Armées et son chien renifleur qu’elle adopta à sa retraite. Depuis, l’actrice est discrète et trouve avec cette série un rôle à la mesure de son talent. Kate Mara est brillante dans le rôle de cette femme malheureuse en mariage n’arrivant pas à avoir d’enfant se laissant entraîner dans des tourments passionnels avec son élève.
Ce dernier est incarné par Nick Robinson convaincant en jeune homme d’une famille sans père aidant sa mère à élever ses deux petits frères tout en assumant sa vie de lycéen. Repéré dans le naïf Love Simon, Nick Robinson profite d’un beau rôle qui se développe au fil des épisodes jusqu’à atteindre une maturité bienvenue pour laisser le spectateur sur un dilemme avec la dernière séquence judicieuse de la série. 

Ainsi, la passion entre les deux personnages dans les premiers épisodes est le vecteur pour permettre aux spectateurs de découvrir les répercussions sur leurs vies sur une dizaine d’années. Une telle relation n’est pas perçue de la même façon et le choc de la rupture qui en découle n’a pas le ressenti équivalent pour les deux individus. Surtout quand le secret éclate médiatiquement. La série suit avec douceur et recul ce schéma dramatique poignant. Leur vie est chamboulée, bouleversée par ce qui va devenir un trauma psychologique d’une faute pour l’une et d’un amour cassé pour l’autre. La naïveté affronte l’insouciance au cœur d’une histoire concise nous transportant au fil des bonnes questions sans jamais oser faire la moindre morale. Nous pourrions le craindre par moment, mais au spectateur finalement de se faire un avis divisé par deux protagonistes forts n’ayant pas le même point de vue, mais surtout un parcours aux failles évidentes les ayant conduit à cette passion destructrice. 

A Teacher d’Hannah Fidell agit avec tact autour du questionnement moral d’une telle histoire pouvant facilement tomber dans la vulgarité. La série parle, bien au contraire, d’un véritable amour débouchant sur une malédiction ayant vampirisé l’approche des rapports humains et d’amours futurs des deux protagonistes principaux. Les vies sont accidentées, voire maudites, répondant à cet acte fou, mais bon, de deux personnes s’étant rencontrées au mauvais moment. Les répercussions sont alors douloureuses pour elle, traumatisantes pour lui, chacun n’ayant plus la même vision des choses après dix années de galère. Au spectateur donc de se faire une raison en tant que témoin d’une histoire absorbante sur dix petits chapitres se regardant sans modération aucune.

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