Mort Subite : Hockey sur flamme

ESC Éditions continuent d’éditer les meilleurs films de notre Jean-Claude Van Damme adoré dans sa somptueuse collection de VHS-Box. Si ce trimestre aurait dû accueillir la sortie de Coups Pour Coups (repoussé à la fin de l’année aux dernières nouvelles), ils ont avancé celle de Mort Subite. Un bon Jean-Claude contre un autre, ce n’est pas votre serviteur qui fera la fine bouche. Si nous étions revenus en détail sur l’édition de Chasse à l’Homme sortie il y a peu, vous commencez à connaître la formule. Question packaging, il y a eu une petite amélioration dans la qualité de la VHS, les disques tiennent mieux en place. Hormis ce détail, nous avons, une fois encore, affaire à un travail soigné, rempli de goodies destinés aux plus fervents admirateurs de Van Damme. ESC met en lumière des films que l’on trouvait à l’import, de fait, le master du blu-ray reste le même. Jamais il n’a été autrement question que de proposer une visibilité sur notre territoire de ces films, et certainement pas une quelconque restauration. Les râleurs pourront toujours s’enflammer sur la toile du manque d’investissement technique, mais il n’y a absolument pas tromperie sur la marchandise. Et (hormis quelques très gros titres) il sera bien difficile d’avoir mieux pour une collection consacrée à Jean-Claude. Ceci reste toujours mieux que notre précédente édition DVD. De plus, une série d’entretiens autour de la carrière de Van Damme et celle de Peter Hyams seront à saluer parmi les bonus. Un peu avare comme section (une fois encore, on se répète, mais on n’en a jamais assez quand on aime ardemment), il y a quand même de quoi occuper trois bonnes heures entre le film et les suppléments. Mais, est-ce qu’à la revoyure ce Die Hard sur patins tient encore ses promesses ?

Darren McCord est un ancien pompier de Pittsburgh mis sur la touche après une intervention ratée qui a entraînée la mort d’une petite fille. Un soir, il emmène ses enfants, Emily et Tyler, au Civic Arena pour assister à la finale de la Coupe Stanley entre les Penguins de Pittsburgh et les Blackhawks de Chicago. Le Vice-Président des États-Unis et le maire de Pittsburgh assistent aussi au match depuis la tribune d’honneur. En plein pendant le match, un groupe de quinze terroristes, dirigé par un agent des services secrets, Joshua Foss, investit la tribune et prend les personnes présentes en otage. Emily, qui assiste à un meurtre dans les toilettes, est également emmenée dans la tribune. Foss exige que le gouvernement américain envoie sur ses comptes certains crédits destinés à des pays alliés, faute de quoi il fera exploser la patinoire et les 15 000 spectateurs présents. Devant l’incompétence de la police et des services spéciaux, McCord décide de désamorcer les bombes cachées dans la patinoire et de sauver sa fille lui-même.

En 1995, Van Damme prend du cachet et est un nom qui est sur toutes les lèvres. Tout juste sorti de l’immense succès de Timecop (on passera sous silence Street Fighter en 1994 qui fera l’objet d’une chronique à venir en fin d’année), il obtient les faveurs d’Universal qui lui confient un salaire beaucoup plus conséquent pour leur nouveau film d’action. Pour Mort Subite, Van Damme décide de travailler à nouveau avec Peter Hyams (qui l’avait dirigé sur Timecop) car il est un fervent admirateur de son travail. Peter Hyams n’a jamais été reconnu à sa juste valeur. Pourtant, avec Mort Subite (encore plus que sur Timecop), il va déployer un savoir-faire impressionnant. Toute la réussite qualitative de ce film résulte entre l’alchimie qu’il y a eu entre Van Damme et Hyams. Le personnage de McCord casse l’image de héros solitaire de laquelle Van Damme voulait se détacher. La figure paternelle et celle d’un héros du quotidien sont ses ambitions. S’il y avait quelques fulgurances de ces images auparavant, c’est vraiment avec Mort Subite que Van Damme atteindra la quintessence de ces désirs. McCord n’est pas un expert en arts-martiaux intrépide. C’est un pompier qui sait se défendre, certes, mais les séquences de baston seront nettement moins spectaculaires (« art-martialement ») que pour ses films précédents. Van Damme avait compris que le public se lassait des films de karaté, et de toute façon le marché de la vidéo se chargeait très bien de nourrir les quelques boulimiques du genre (on ne compte plus les innombrables bébés issus de Bloodsport et Kickboxer). Aux lendemains d’un Die Hard 3 survolté, Van Damme voulait se revendiquer comme un héros à la Bruce Willis. Un héros avec des failles, plus proche d’un monsieur tout le monde, et plus ancré dans un genre d’action aux relents de thriller. Une conception de l’action que ne reniait absolument pas Peter Hyams. Mort Subite demeure, probablement, son film le plus grand public (avec Timecop), ce qui ne l’empêche pas d’être extrêmement pointilleux dans sa mise en scène.

Peter Hyams construit son film comme un vrai thriller d’espionnage. Toute la première demi-heure qui expose le plan des méchants est limpide. On comprend les enjeux de suite, on sait qu’on aura affaire à des criminels qui ont rodé tous les moindres détails. Toute la mise en place ne peut que rappeler le boulot de McTiernan sur le premier Die Hard, voilà pourquoi la comparaison demeure plus qu’évidente. Mais Hyams semble plus enclin à avouer ses références du côté de Ian Fleming. D’ailleurs, son bad guy, incarné par le regretté Powers Boothe, possède tous les attributs de l’antagoniste James Bondien par excellence. D’une classe impériale au flegme saisissant et qui se montre intrépide et sans pitié dès son introduction, c’est vraiment le personnage le plus fascinant du film. Van Damme à affaire à un vrai ennemi, du genre qu’on ne peut pas tuer avec un simple coup de pied circulaire. Fort heureusement, que les fans de l’acteur se rassurent, les hommes de main en prendront pour leur grade et chaque éléments du décors deviendront des armes utiles pour leur péter les gencives. L’unité de lieu confère à l’action un rythme effréné. Calqué sur le temps du match, le course contre la montre permet à Mort Subite de ne jamais défaillir. Impossible de s’ennuyer. Malheureusement, le film n’aura pas le succès escompté en salle ne rapportant que 20 millions de dollars sur le sol américain (pour un budget de 35 millions). Ceci aura des répercutions sur la suite de la carrière de Van Damme qui, en plus de devenir gourmand question cachet, se verra nettement ronger son budget pour Le Grand Tournoi. Malgré le succès en vidéo du film et la réhabilitation par les fans, Mort Subite causera le début de la fin des collaborations avec des studios prestigieux pour Van Damme. Et les déboires dans sa vie privée ne l’aideront pas non plus…

Mort Subite est un film à part dans la carrière de Jean-Claude Van Damme puisqu’il colle parfaitement aux ambitions artistiques de l’acteur à cette époque de sa carrière. Malheureusement, le public de l’époque ne l’entendait pas de cette oreille et ce sera un vrai bide pour notre star belge. Si les fans ne s’y sont pas trompés et accordent encore une belle place au film, il faut y ajouter le talent de metteur en scène de Peter Hyams qui n’est pas à négliger. Il serait même temps qu’il soit enfin reconnu à sa juste valeur et Mort Subite en est le parfait exemple. Un exemple à retrouver dans une superbe VHS-Box disponible chez ESC Éditions.

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