Les Mitchell Contre Les Machines : Coup de coeur instantané !

Dans la sphère du cinéma d’animation, il y a un studio qui n’a jamais vraiment réussi à tirer son épingle du jeu. Sony Pictures Animation, en dépit de plusieurs films savoureux (Tempête de Boulettes Géantes, Hôtel Transylvanie, Chair de Poule, le Film) n’est pas forcément un studio sur lequel tout le monde se précipite dès qu’un nouveau projet pointe le bout de son nez. Malgré tout, la firme s’est particulièrement démarquée il y a 3 ans avec Spider-Man : New Generation lauréat de l’Oscar 2019 du meilleur film d’animation. Le début de la gloire pour Sony Pictures Animation ? C’est ce que l’avenir nous dira. La suite d’Angry Birds en 2019 n’a pas transformé l’essai. Qu’en est-il de leur nouveau poulain, Les Mitchell Contre Les Machines, sorti directement sur Netflix ?

Katie Mitchell, jeune fille passionnée à la créativité débordante, est acceptée dans l’université de ses rêves. Alors qu’elle avait prévu de prendre l’avion pour s’installer à l’université, son père, Rick, grand amoureux de la nature, décide que toute la famille devrait l’accompagner en voiture pour faire un road-trip mémorable et profiter d’un moment tous ensemble. Linda, mère excessivement positive, Aaron, petit frère excentrique, et Monchi, carlin délicieusement joufflu, se joignent à Katie et Rick pour un ultime voyage en famille. Mais le programme des Mitchell est soudainement interrompu par une rébellion technologique : partout dans le monde, les appareils électroniques (des téléphones aux appareils électroménagers, en passant par des robots personnels innovants) décident qu’il est temps de prendre le contrôle. Avec l’aide de deux robots dysfonctionnels, les Mitchell vont devoir surmonter leurs problèmes et travailler ensemble pour s’en sortir et sauver le monde.

Écrit et réalisé par Mike Rianda et Jeff Rowe, avec l’appui de Phil Lord et Christopher Miller à la production (La Grande Aventure Lego), Les Mitchell Contre Les Machines est, probablement, le meilleur film d’animation de l’année. Rien de plus, rien de moins ! Malicieux, extrêmement drôle, intelligent, dynamique… Il regorge de qualités tellement impressionnantes qu’on ne peut que vous conseiller de vous ruer dessus sans modération. Sa qualité essentielle est d’imposer un rythme frénétique sans jamais défaillir, et sur près de 2h cela aurait pu être sacrément difficile à tenir. Le déferlement de couleurs dans son premier quart d’heure laisse craindre le pire. La crise de foie est quasiment imminente, pourtant, Les Mitchell Contre Les Machines saura immédiatement apaiser les estomacs sensibles par une histoire malicieuse qui parlera à tout le monde. S’il nous plonge dans l’univers pop et coloré de Katie (qui ne sera pas sans rappeler la culture cinématographique de n’importe quel cinéphile), c’est pour mieux nous embarquer au cœur d’une histoire où il ne sera jamais question d’autre chose que d’amour familial. Le film a l’intelligence de montrer des dysfonctionnements familiaux qui sont plutôt ancrés au profond des personnages qu’un simple conflit des générations. L’amour entre Rick et Katie est pourtant bien présent, seulement le fossé culturel qui s’est creusé entre les deux les a éloigné petit à petit. Le film va s’employer à nous décrire comment un père et sa fille peuvent réussir à renouer le dialogue en faisant fit des défauts de chacun. Le film a également l’intelligence de nous présenter des liens solides entre tous les autres personnages. Le seul véritable conflit qui empêche la famille de se sentir bien réside entre la mésentente entre Katie et Rick. Tous les autres membres s’entendent à merveille entre eux. Quel bonheur de nous présenter un frère et une sœur complices ainsi qu’une mère pleine d’amour. Les épreuves que le petit frère et la mère auront à affronter seront inhérents à eux-seuls, ce qui donnera lieux à des séquences absolument savoureuses. Parce que Les Mitchell Contre Les Machines est une sacré comédie avant tout. On rit à s’en tenir les côtes, les larmes coulent au fur et à mesure que les zygomatiques sont sollicités. Mention spéciale au personnage de Monchi, officiellement élu le chien le plus joliment crétin de l’année. Tel Hei-Hei dans Vaïana, il suscite l’hilarité à chacune de ses interventions. D’autant qu’il n’est pas qu’accessoire à l’histoire, il aura son importance dans la conclusion du récit. Rendre un personnage crétin plus utile qu’un simple comic-relief est une belle preuve du talent d’écriture des deux scénaristes.

D’ailleurs, l’écriture du film plaira autant aux enfants qu’aux adultes. S’il y a des gags visuels qui ne perdront jamais les enfants, les adultes pourront se délecter d’un joyeux bestiaire qui fait défiler d’innombrables clins d’yeux au septième art. Dès l’ouverture, le film va chercher Terminator 2. En vrac, nous retrouverons Taxi Driver, Zombie, Stranger Things ou encore l’univers de la japanimation pour une déclaration d’amour inéluctable au septième art. Ce n’est pas un hasard si Phil Lord et Christopher Miller se trouvent derrière la production d’un tel projet. Pour sûr qu’ils ont du conseiller les deux réalisateurs pour ne pas tomber dans la simple citation et ancrer leurs références comme des éléments importants de leur histoire. Mais les références ne s’arrêtent pas qu’au cinéma. Katie est une adolescente moderne, toujours connectée. Par le biais de son personnage, le film adopte le langage des mèmes, de YouTube et de tout ce qui fourmille sur la toile afin de nourrir son comique visuel. Et visuellement, le film est un pur délice. Notons le rendu admirable de l’animation qui pétille dans tous les sens. La 3D associée aux techniques du cel-shading offrent un habillage tout simplement électrisant. C’est un vrai régal pour les rétines. Chaque plan est inventif, chaque plan est malin, chaque plan explose dans un dynamisme bouillant. Les Mitchell Contre Les Machines frôle le génie créatif à chaque vanne tant il est terriblement ancré dans l’air du temps. De plus, il jouera parfaitement avec les qualités inhérentes aux autres grands studios d’animation pour en faire sa force. Ainsi, le film est un mash-up intelligent entre la folie déjantée des films Dreamworks, des morales bien-pensantes de Disney et de la recherche mélodramatique de Pixar. Le film est un parfait patchwork de ce qu’il se fait de mieux dans l’animation, une réussite totale qui nous a cueilli comme on ne pensait pas l’être.

Les Mitchell Contre Les Machines est le prototype du film d’animation qu’on aurait adoré découvrir en salle. Tendre, malin et extrêmement drôle, il assimile la pop-culture pour la recracher dans un tourbillon de gags qui n’en finit jamais. Un vrai tour de force pour un film qui devrait se poser comme le nouveau porte-étendard de la firme Sony Pictures Animation. Un candidat plus que solide pour prétendre au haut du classement de notre top de fin d’année. Des road-trips aussi déjantés que celui-ci, on en voudrait tous les jours.

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