The Undoing : Défaite de la première impression

Diffusé en exclusivité sur OCS en H+24 après la diffusion originale aux US sur HBO, The Undoing est dorénavant disponible en DVD & Blu-Ray édité par Warner Bros. Nouvelle création de David E. Kelley d’après le roman « Les premières impressions » de Jean Hanff Korelitz, The Undoing suit Grace Reinhardt Fraser, thérapeute réputée au cadre de vie cossue avec une famille exemplaire entre un mari oncopédiatre et un fils qui fréquente une école privée de prestige. Mais soudain, avec une mort violente, un mari qui disparaît et de terribles révélations concernant celui qu’elle pensait connaître, sa vie bascule…

Sous ses airs de série maniérée avec son sujet rabâché, The Undoing a, à première vue, peu d’atouts dans sa manche outre son casting cinq étoiles. Mais il ne faut pas se méprendre sur cette mini-série dirigée avec tact et douceur par Susanne Bier qui retrouve la télévision quatre ans après The Night Manager, adapté de John le Carré, pour laquelle elle remporta un Emmy Award de la meilleure réalisatrice pour une mini-série.
Sous la volonté de Nicole Kidman et David E. Kelley, la réalisatrice danoise accepte dès la lecture de la première version. Elle entraîne ainsi le spectateur dans l’Upper East Side sous le prisme de Grace incarnée avec une beauté envoutante par Nicole Kidman. L’actrice australienne enchaîne depuis quelques années les séries Tv entre Big Little Liars et Top of The Lake, s’investissant totalement dans le format qui le lui rend bien. Pour les besoins de The Undoing, elle retrouve la complicité avec le producteur David E. Kelley (Ally McBeal/Big Sky) avec qui elle a collaboré sur Big Little Lies, pour une mini-série noire nous entraînant dans les dédales d’un jeu de faux semblance qui vire dans sa seconde moitié en une série de procédure haletante.

The Undoing ne nous lâche plus dès le pilote. Ce premier épisode est un modèle du genre posant idéalement les bases d’une histoire se concluant sur six épisodes. Six chapitres agrippants se concluant par des révélations parfois forcées, mais perpétuellement fortes nous forçant habilement à revenir. Mais The Undoing n’a pas, ipso facto, besoin de cette astuce étant un thriller labyrinthique nous attirant dans les méandres des quartiers riches de New York, ville captivante jouant un rôle primordial dans la série. Les personnages principaux y déambulent en permanence entre Central Park et le quartier de l’Upper East Side, décors envoutants et fabuleux plongeant le spectateur dans cette fourmilière majestueuse. La ville est toujours en fond entre le bruit de sa circulation, les passants et l’ambiance matinale New-Yorkaise d’Automne. New York existe se ressentant dans chaque image prenant vie au cœur de la série aux côtés des personnages sortant de leur immeuble, partant au bureau ou à l’école et déambulant de nuit dans les rues. Un plus évident tant la ville et plus précisément le quartier phare vont être le théâtre d’un fait divers morbide, histoire attractive jusqu’au dernier épisode d’une série ménageant judicieusement ses révélations.

The Undoing prend ainsi le temps sur ces six épisodes de développer ses personnages. Notamment la famille Fraser au centre de l’intrigue, Jonathan, le père, étant le principal suspect de l’affaire. Le personnage est brillamment incarné par Hugh Grant, plus habitué à jouer les charmeurs au flegme britannique. Dernièrement antagoniste face à Paddington dans le deuxième opus mettant en vedette l’ourson, Grant rejoint ici Nicole Kidman, grande méchante face au même ourson farceur dans le premier film anglais, pour former un couple somme tout parfait. Hugh Grant surprend dans The Undoing en mari trop bienveillant qui disparaît avant d’être le suspect N°1 pour ce meurtre ignoble. Une affaire qui va embraser cette famille bien sous tout rapport amenant une remise en question de son couple et sa famille à Grace sur laquelle Susanne Bier braque sa caméra.
The Undoing est en cela une série au regard féminin, dont la réflexion posée sous le prisme de son personnage principal permet une approche prudente. Prête à défendre l’honneur familial, elle va, au fur et à mesure des épisodes, prendre conscience de la véritable nature de son mari, notamment apprendre des secrets sur son passé. Nicole Kidman incarne avec force ce personnage qui intériorise ses émotions et ses interrogations. Dès lors, Susanne Bier enchaîne les gros plans sur l’actrice permettant de ressentir l’état évolutif du personnage se questionnant en permanence et remettant en cause chaque élément avant une séquence anthologique au tribunal dans le dernier épisode, révolte d’un personnage sage pour le basculement final d’une histoire mesurée. 

Disponible en DVD & Blu-Ray, The Undoing se révèle être une série noire captivante. Dans les dédales d’un New York judicieusement aéré et lumineux, la série produite par David E. Kelley déroule son histoire glaçante autour de six épisodes brillants, dont la dernière séquence, saupoudrée par la prestation inspirée de Hugh Grant, ne laissera personne indemne. Il faut noter également la présence forte et rassurante de Donald Sutherland, impérial en riche paternel, mais également de Noah Jupe qui démontre sa valeur montante après avoir été découvert aux côtés de Christian Bale dans Le Mans 66. Il incarne ici le fils Fraser pris dans le tumulte médiatique et tragique autour de ses parents, notamment son père, icône bienveillante et rassurante dont l’image va s’effriter laissant naître le doute dans la conscience de l’enfant, mais aussi du spectateur jusqu’aux derniers instants d’une histoire ne cherchant jamais à nous perdre, bien au contraire.

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