
Alors que la cérémonie des Oscars s’est déroulée hier soir pour célébrer le cinéma en cochant une fois de plus toutes les cases du politiquement correct et de la vitrine de luxe, on peut tout de même se féliciter de voir aux Etats-Unis de plus en plus de salles rouvrir leurs portes pour accueillir le public.
En France on commence à apercevoir le bout du tunnel avec la promesse que l’on se penchera très vite sur le cas de la réouverture des lieux culturels. Si personne ne croit à mi-mai, date avancée il y a quelques jours mais sur laquelle le gouvernement n’a pas réellement statué, nous sommes en droit de se dire que d’ici peu, nos salles chéries pourraient rouvrir alors que le déconfinement va s’enclencher tranquillement. On évite donc de sauter de joie mais alors que les jours se réchauffent et que nous avons dû regarder Godzilla et King Kong se taper dessus sur la télévision du salon (un film aussi débile, c’est quand même mieux sur grand écran), force est de constater que l’idée de bientôt tous se retrouver au cinéma a de quoi faire du bien à nos petits cœurs de cinéphiles meurtris, ayant traversé ces six derniers mois l’œil torve et l’air hagard avec désormais un gros trou dans notre canapé à l’endroit précis où, inlassablement chaque jour, on pose nos fesses pour y découvrir les films chroniqués dans les colonnes du site.
Il nous ferait donc grand bien de poser de nouveau nos fesses ailleurs, dans les salles du quartier latin ou celles de l’UGC Bercy et surtout dans le confort des salles de projection presse (les fameux canapés du Club 13 nous manquent) qui continuent tout de même d’être organisées ces derniers temps même si elles le sont de façon réduite, manque de films à présenter oblige. On espère surtout que l’embouteillage des films à la réouverture des cinémas ne sera pas trop énorme, que chaque film puisse avoir le temps de trouver son public et que l’on puisse organiser nos plannings sans nous arracher les cheveux (déjà qu’ils commencent à tomber…). On espère aussi que la salle restera une expérience privilégiée par le public alors que l’on s’attriste d’apprendre que Comment je suis devenu super-héros, pourtant un film au fort potentiel en salles, se retrouvera finalement sur Netflix début juillet pour y débarquer en fanfare et disparaître 15 jours plus tard dans les tréfonds du catalogue.
Un gâchis pour cette production ambitieuse que nous avons découverte à Deauville en septembre dernier et qui était clairement pensée pour le grand écran. Sortir ou ne pas sortir en salles semble donc être le nouveau questionnement que plein de films se posent, risquant de laisser plus d’un sacrifié sur le carreau. Cela fait partie du jeu certes mais l’on regrette farouchement que les films du catalogue Netflix tombent dans les limbes de leur catalogue plutôt que d’être ensuite disponible en édition vidéo (il y a bien quelques rares exceptions comme Roma ou encore The Irishman et Marriage Story, disponibles seulement en import). Produire du contenu c’est bien, le faire vivre ensuite et le faire exister dans les mémoires, c’est mieux, c’est ainsi qu’on alimente la cinéphilie, notre cheval de bataille ici chez Close-Up Magazine, qu’on continuera toujours à défendre avec ferveur, vous vous en doutez !
Soyez le premier à commenter