Opération K : Un après-midi de chien pour des valseuses

Artus Films a toujours le don pour éditer un film attendu comme Société Anonyme Anti-Crime accompagné distinctement d’un film méconnu et confidentiel comme Opération K. Réalisé par Luigi Petrini à la fin des années 1970, Opération K suit les errances de deux jeunes hommes au cœur de Rome sur une nuit et une journée entière qui finira sur la prise d’otage d’un restaurant.
Le long-métrage, sorti en France à l’époque affublé d’une version française digne d’un film érotique du dimanche soir, n’est en soi pas digne d’un grand intérêt, mais amuse en combinant trois cinémas particuliers et à la mode de l’époque. Opération K est donc une curiosité Bis, monstre de cinéma dégénéré assumant pleinement son premier degré par une approche frontale exacerbée.

Le film de Luigi Petrini débute par l’expulsion d’une fête mondaine du jeune bellâtre Paolo pour avoir couché avec la fille des propriétaires. À la sortie, l’homme rencontre Giovanni, le fils rebelle d’un professeur. Sous l’effet de la drogue, les deux amis débarquent chez Anna, amie de Gio, la viole, ainsi que sa voisine qui est tuée en voulant intervenir. Leur fuite se conclura tragiquement dans le restaurant pris en otage.
Opération K débute tel un Bertrand Blier avec désinvolture et une certaine anarchie. Des jeunes épris de liberté fumant de la marijuana sur un plongeoir de piscine. La représentation libertaire des années 1970 avec deux jeunes paumés qui se rencontrent malencontreusement pour ne plus se quitter. Le film dérive grossièrement vers l’agression gratuite d’un ivrogne puis les viols de deux femmes. Opération K convoque ainsi Stanley Kubrick et son film culte Orange Mécanique, œuvre-choc des 70′, dont la référence dégénère ici dans une brutalité pornographique crasse. Les agressions sont primaires, se concluant sur la mort de la voisine, femme mûre venue secourir sa jeune voisine.
La fuite des deux hommes rappelle Bertrand Blier et ses Valseuses pour une matinée d’errance entre le vol d’une voiture et l’achat du journal du matin. C’est une actualité qui enverra les deux hommes prendre un restaurant en otages pour s’offrir un voyage au calme. Tout ne se déroulera pas comme prévu. L’excuse propice pour permettre à Luigo Petrini de se caler opportunément sur le succès d’Un Après-Midi de Chien réalisé par Sidney Lumet en 1975. 

Comme attendu, Luigi Petrini ne fera rien de cette seconde partie totalement incongrue. Son film n’est qu’un composite répondant vilement aux derniers succès en date pour attirer une potentielle jeunesse en salles. Le sujet n’est jamais réfléchi sans le moindre recul sur les références convoquées. D’une morale douteuse, Opération K permet d’exacerber des fantasmes de jeunes lubriques mal dans leurs peaux entres viols, vols et meurtres. 
Mais fallait-il compter sur ce réalisateur d’une vingtaine de comédies oubliées pour permettre une découverte au mieux drôle ? L’espoir fait vivre. Opération K est une curiosité extrême appelant les plus bas instincts du spectateur pour se délecter des péripéties d’un duo d’acteurs évanescents dans le cinéma italien. Paolo est incarné par Mario Cutini, bellâtre ne comptant que sur un physique quelconque et qui connût une courte carrière. À peine une vingtaine de productions au compteur contrairement à Mario Bianchi dans le rôle du commissaire, acteur/réalisateur qui bifurquera au tournant des années 1980 dans le porno au poste de réalisateur d’une centaine de titres.
On notera seulement l’apparition dans le rôle d’une otage enceinte d’Ely Galleani aperçu notamment dans Le Venin de la Peur de Lucio Fulci et à la carrière riche entre Les Damnés et Mort à Venise de Luchino Visconti, L’île de l’Épouvante de Mario Bava et un tour en France chez Claude Pinoteau aux côtés d’Yves Montand dans Le Grand Escogriffe en 1976.

Curiosité Bis à la moral douteuse, Opération K se découvre assez bassement au cœur d’une édition DVD chez Artus Films qui profite d’un nouveau master 2K assez joli pour se livrer sur le marché français. Un film de complément convoquant les interrogations d’une époque et de sa jeunesse souhaitant se libérer du conformisme en affrontant un cinéma violent et galvanisant. Les Valseuses, Orange Mécanique et Un Après-Midi de Chien sont des références bien trop fortes pour Petrini qui accumule les poncifs des trois films manquant clairement d’un point de vue précis pour réfléchir à ses références. Cela débouche inévitablement sur un film incongru ne manquant pas de chair, mais bien trop immature, voire idiot par séquence, pour convaincre pleinement et appeler à la révision régulière.

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