Fatale : Liaisons dangereuses

En ce moment Netflix multiplie les productions de types thriller avec Deadly Illusions d’Ana Elisabeth James ou Mon amie Adèle d’Erik Richter Strand. Et à présent Fatale, sorti le 19 mars 2021, aux allures de thrillers érotiques des années 80-90. Réalisé par Deon Taylor (Black and Blue) et écrit par David Loughery (Obsessed, Intrusion), il est porté par le duo très inattendu : Hilary Swank (en Valérie Quinlan) et Michael Ealy (Derrick Tyler). 

À la suite d’une aventure d’un soir, l’agent sportif Derrick voit sa vie s’écrouler devant lui. Il découvre que la mystérieuse femme pour laquelle il a tout risqué est une inspectrice de police qui l’a empêtré dans sa dernière enquête. Cette aventure le plonge dans un jeu dangereusement imprévisible de chat et de souris, qui met en péril sa famille et sa carrière. Une rencontre qui va lui être Fatale, car pour sûr : Ce qui se passe à Vegas ne reste pas à Vegas. 

Tout sourit à Derrick à première vue : une belle maison, un job de rêve et une femme qui l’aime (en apparence). Toutefois, on se rend vite compte que ce n’est pas le cas. Son mariage bat de l’aile et il ne trouve rien de mieux à faire que tromper sa femme. Un classique dans le genre. Et ce n’est pas le seul ennui auquel il doit faire face. Dans cet engrenage permanent Derrick s’y perd au point de confondre la réalité et la fiction. Jusqu’à se persuader lui même qu’il a commis les atrocités ainsi montrées dans le film. En cela, la sulfureuse et troublante Valérie en est pour quelque chose, c’est certain. 
Il est tout de même surprenant de voir Hilary Swank (oscarisé pour Million Dollar Baby) jouer les femmes sombres avec un coté (assez imposant) psychotique tout en dégageant de la sensualité. Il est vrai qu’elle nous a prouvé sa polyvalence par son interprétation de Brandon Teena dans Boys Don’t Cry autant que pour Athena dans The Hunt. Ici, elle s’adonne à paraître plus manipulatrice avec moins de scrupules. Et les femmes du film le sont également. C’est le moyen de renverser la tendance de « l’homme omniprésent et le cerveau de l’histoire ». Une volonté de changer le véritable maître du jeu. Le problème avec le jeu d’Hilary Swank dans le film est qu’elle peine à déployer tout son potentiel de femme dangereuse. Il y a des fragments de folies, esquissés mais jamais transcendés par le scénario.

Michael Ealy est quant à lui assez fade. On ne ressent rien. Il ne nous transmet rien. Pourtant, le scénario n’est pas trop mal ficelé en dépit de son côté prévisible. Dommage, car son personnage avait sans doute des choses à nous dire. C’est un homme d’affaire afro américain dépassé par les événements vivant dans une immense maison. Il peine à trouver le bon rythme de jeu. Son manque de personnalité met la réalisation à rude épreuve. 

Qui est le véritable tueur dans ce genre de situation ? Celui qui tire ou celui qui incite à tuer ? C’est la grande question qu’on se pose en regardant le film. L’acte peut paraître plus fort que les mots, mais ce sont les mots qui ont plus de porter. Ils peuvent influencer un individu au premier abord solide mentalement et le pousser à commettre des choses plus que discutables. Il suffit uniquement que la personne doute d’elle même et c’est fini. Elle est prise au piège dans cette spirale meurtrière.

Le film s’attache à être visuellement beau au détriment du développement des personnages. Il n’exploite pas assez leurs histoires personnelles. On sait simplement que Valérie a des antécédents d’alcoolisme, qu’elle a une ordonnance restrictive vis a vis de sa fille pour négligence. C’est tout et il n’y a pas plus. On se demande par exemple d’où vient son alcoolisme. Elle présente clairement des soucis mentaux donc pourquoi ? Le scénario passe en surface, donne des éléments sans rentrer dans les détails. Et c’est pire du côté de Derrick. Il n’y a rien. Le néant et par conséquent aucune trace d’un passé quelconque.
On remarque cependant, un visuel parfaitement cohérent avec la thématique du film. Les tons sont gris, moroses à l’exception des scènes à Las Vegas avec les néons des la boite de nuit (le lieu de la rencontre). Ils signifient le désir, l’interdit, l’aventure comme si tout le reste du film voulait imprégner une atmosphère malaisante. Avec les mensonges qui règnent au sein même d’un couple tout comme dans le cadre professionnel. 

Fatale est une sorte de remake des nombreux films des années 80/90 mélangeant à la fois le suspense et l’érotisme. En effet, il ne dégage rien de nouveau malgré des ambitions de réalisation. L’acteur principal n’arrive pas à trouver ses marques et se laisse aller dans le cliché de l’homme qui trompe sa femme. Il y a une morale finalement bien puritaine qui s’en dégage : ne pas tromper sa femme si vous ne voulez pas le regretter un jour…  

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