Le Démon de la Chair : Instinct primaire pour une femme fatale.

Artus Films continue d’explorer les classiques méconnus du Film Noir américain en garnissant sa collection avec un nouveau titre disponible en DVD depuis le 1er décembre 2020, Le Démon de la Chair.
Précédemment disponible chez BACH Films, le film atterrit sous l’escarcelle de l’ourson cinéphile avec l’identique copie disponible, à savoir abîmée, donc de qualité assez médiocre. Mais si comme nous, vous étiez passés à côté de l’édition déjà parue, c’est l’occasion de découvrir une perle méconnue du cinéma Noir américain avec un casting de grands talents sous la direction d’un maître oublié du cinéma américain, Edgar G. Ulmer.

Edgar G. Ulmer a fait ses armes dans l’ombre de Fritz Lang puis de F.W Murnau. Quand son heure sonna pour une carrière pleine d’espoir pour les grands studios hollywoodiens, il s’est lié dangereusement avec la femme du neveu d’un ponte de studio. Alors renié, il prêtera ses services aux studios marginaux à Hollywood signant des chefs-d’œuvre à petit budget, notamment Détour en 1945. Le film sera reconnu par une frange de cinéphiles sur le tard devenant ainsi un classique aujourd’hui salué.
Ces nombreuses réussites en indépendant font gagner à Ulmer une réputation lui offrant quelques productions plus luxueuses permettant d’attirer des stars. Ainsi, une année après Détour, Ulmer met en scène l’adaptation du best-seller The Strange Lady avec un casting trois étoiles : Hedy Lamarr, George Sanders et Louis Hayward.
Le Démon de la Chair suit le parcours de Jenny, jeune fille désœuvrée qui essaye de tuer son compagnon de jeu Ephraïm sans y parvenir. Devenue adulte, elle épouse le père d’Ephraïm, un homme aussi âgé que fortuné. Amoureux d’elle, Ephraïm est repoussé par l’aventurière qui promet de ne se donner à lui qu’à la condition qu’il assassine son vieil époux.

Le Démon de la Chair est un surprenant film noir se déroulant dans une Amérique de la fin du 19e siècle. La jeune Jenny est une jeune femme maligne qui va faire son chemin vers la fortune en manipulant un père et son fils totalement dévoué à sa cause. Le long-métrage est prenant de bout en bout grâce à la présence formidable d’Hedy Lamarr. Elle incarne une jeune femme vénéneuse qui arrivera à ses fins avec une perfidie rare. L’actrice envoûte l’écran de par sa beauté enivrante trompant son monde, notamment Louis Hayward incarnant un homme faible qui perdra pied face au diabolisme de cette femme prête à tout pour assouvir ses ambitions.
Elle la trouvera aux côtés de George Sanders qui arrive au bout d’une heure de métrage assurant le dernier acte avec force et charisme. Le duo alors mis en place est sûrement l’un des plus beaux vus au cinéma, totalement oublié de par la modestie de la production, mais Hedy Lamarr et George Sanders ensemble à l’écran, c’est un grand moment de cinéma.
Les deux comédiens sont également bien servis par une intrigue justement ficelée où la tromperie est un jeu coûtant cher. La manipulation du destin a ainsi ses limites pour Jenny trouvant sa place à force de manigances, mais peinant à s’épanouir pleinement, la vie lui faisant payer ses vices. Le film bascule finement, dans son dernier acte, vers la tragédie justifiant la présence non créditée de Douglas Sirk à la mise en scène. Pas d’explication réelle sur sa présence au détour des quelques recherches faites sur le film, mais le script assurant sans doute un premier choix n’ayant sûrement pas convaincu le studio. Edgar G. Ulmer a récupéré le projet guidant Hedy Lamarr sur un jeu de manipulations, lequel elle se fait reine se cachant derrière sa beauté froide et un regard troublant pour tout homme tombant obligatoirement amoureux de la femme comédienne.

Grâce à Artus Films, Le Démon de la Chair trouve un nouveau souffle en DVD à se procurer d’urgence. Un film incroyable dans le genre Film Noir donnant le ton dès son introduction avec les enfants et Jenny, enfant terrible qui deviendra femme fatale. Hedy Lamarr s’empare du rôle avec force et sensualité pour un personnage phare guidant dans le cinéma Noir vers des figures modernes telles que Catherine Tramell chez Paul Verhoeven notamment.

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