The Bay : Baignade déconseillée

C’est vendredi, on le sait que vous trépigniez d’impatience à l’idée de savoir quel film nous allions vous proposer pour notre Séance Shadowz de la semaine. Pour ce week-end, nous avons décidé de taper dans l’actualité, histoire de changer un peu. En effet, il n’en fallait pas moins pour que nous abordions The Bay de Barry Levinson, fraîchement débarqué dans le catalogue de Shadowz il y a une semaine. Pourquoi d’actualité ? Il y a une concordance extrêmement étrange qui se dégage lorsqu’on revient aujourd’hui sur ce film entre les faits (fictifs) qu’il raconte et ce que nous vivons depuis plus d’un an avec la propagation du COVID. Entre étouffement gouvernemental, infection virale mortelle et hautement contagieuse et l’horreur qui vient perturber le quotidien, The Bay est un film qui tape fort et juste. Nous tenons à vous prévenir que la suite de notre critique va devoir dévoiler une bonne partie de l’intrigue afin d’étayer nos arguments. Si d’aventure vous seriez intéressé par The Bay, courrez le voir sur Shadowz…et revenez nous lire ensuite.

Un tragique événement est survenu le 4 juillet 2009 dans la baie du Maryland, où une bactérie non identifiée contamine le lac et ceux qui s’en approchent. À l’aide de nombreuses images d’archives venant des caméras de sécurité, vidéos amateurs, visioconférences, reportages, ainsi que l’intervention de Donna Thompson, journaliste débutante au moment des faits, ce film tente de faire la lumière sur cette affaire qui fût étouffée par les médias et le gouvernement.

Lorsqu’on demande à Barry Levinson de produire un long métrage sur la détérioration de la flore sous-marine de la baie de Chesapeake, il imagine instantanément The Bay. Horrifié par cette zone maritime déclarée « morte », il décide de partir sur une fiction horrifique afin d’alerter plus facilement que s’il s’attaque à un simple documentaire. Malgré tout, l’aspect documentaire construira son œuvre. Levinson, sous la houlette de Jason Blum à la production, s’empare des formats du found-footage et du documentaire afin de tirer le meilleur des deux partis pour construire son film. Si la forme est pensée justement, le fond le sera tout autant. En effet, The Bay détourne la vérité concernant le parasite qu’il met en avant. Ce parasite existe bel et bien et a un nom, le cymothoa exigua, mais ne s’attaque, en principe, qu’à une variété de poisson, le vivaneau rose, rassurez-vous. Ce parasite rentre par les branchies du poisson et attaque sa langue afin de se repaître de son sang. Passé un certain délai d’infection, la langue se nécrose et finit par s’atrophier par manque de sang. Le parasite va alors remplacer fonctionnellement l’organe manquant en fixant son corps sur les fibres musculaires du moignon restant permettant au poisson d’utiliser le parasite comme une langue normale. Tout ce procédé aussi sympathique qu’appétissant va nourrir Levinson afin de créer l’intrigue de The Bay. Nous aurons affaire à des parasites ayant mutés et s’attaquant désormais à l’espèce humaine. Afin de justifier la mutation des créatures, Levinson accuse la pollution, le nucléaire, les industriels qui dopent et maltraitent les animaux et, d’une manière globale, la négligence humaine envers la planète. Voilà pourquoi, en grossissant les traits, Levinson entend délivrer son message et faire réagir l’audience.

The Bay est un film qui fait froid dans le dos. En plus d’être un objecteur de conscience féroce, c’est également un sacré film d’horreur. Produit avec un petit budget, on ne peut s’empêcher de le comparer avec le Piranhas de Joe Dante, et pas seulement sur l’aspect financier. La petite ville balnéaire en proie à une eau infestée, les grands pontes qui refusent de voir le mal et jouent de propagande pour fermer les yeux à la populace, un mal qui s’attaque à tous les habitants (même les enfants)… Par ricochet, vu que Piranhas en était la réponse, impossible de ne pas évoquer Les Dents de la Mer également. D’ailleurs, les premières victimes du film, deux plongeurs (comme dans Piranhas 2 : Les Tueurs Volants, oui on se devait de vous rappeler que James Cameron a pondu ce chef d’œuvre du bis avant d’être le réalisateur de Terminator, sic!) feront s’inquiéter les autorités qui penseront à une attaque de requin. Comme quoi, le film de Spielberg a définitivement marqué les esprits à jamais. Côté casting, Levinson joue la carte des anonymes afin de trouver de l’authentique. Des acteurs peu connus jouent la peur à la perfection, de la gamine terrorisée à la mère de famille qui essaie de protéger son bébé, tous les acteurs sont impeccables. The Bay déroute par son aspect authentique. Levinson ménage ses effets horrifiques. Le film se montrera extrêmement graphique à de très rares moments pour mieux imprégner les rétines. Le réalisateur est en pleine possession de ses moyens. On sent que le sujet lui tient à cœur et le message est limpide. The Bay a tout les atouts des meilleurs films d’infection, c’est une franche réussite.

The Bay est à classer parmi les meilleurs films de Barry Levinson. Le sujet est traité de fond en comble et arrive à impacter le spectateur. The Bay est à l’image de ce que la firme de Jason Blum sait faire de mieux quand de bons réalisateurs sont à la barre de ses projets. Une pépite qui a fait son effet à sa sortie, mais qui a eu tendance à tomber dans un oubli certain. Malgré son accueil critique favorable en 2013, il a vite été relégué, à tort, dans le rayon des found-footage aux côtés de très mauvais films qui, eux, peuvent être oubliés sans problème. Une injustice désormais réparée par Shadowz qui vient d’acquérir un très bon film pour agrémenter votre week-end. Bonne baignade…

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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