Batman – Soul of The Dragon : Funky Bat !

DC Comics continue d’exploiter son catalogue avec une certaine frénésie via tous les supports à sa disposition. Que ce soit en comics bien sûr, mais également en séries et en téléfilms animés sortant directement en vidéo. Une distribution sans véritable fil rouge outre l’adaptation de quelques arcs phares de l’histoire de ses personnages comme La Cour du Hibou pour Batman ou La Mort de Superman pour ledit héros mythique. Une production effrénée qui amène depuis quelques années les équipes de DC à se pencher sur les histoires Elseworld éditées (ou pas) par DC Comics depuis nombre d’années déjà.

Les histoires «ElseWorld» consistent à intégrer un super-héros du catalogue dans un contexte précis entre réalité historique ou affabulation la plus complète. Le premier long-métrage a avoir ouvert la collection hors-série est Gotham by Gaslight qui plonge Batman en plein 19e siècle au cœur d’un Gotham victorien où une représentation de Jack L’Éventreur sévit en même temps que l’arrivée d’un mystérieux justicier. Illustré par Mike Mignola sur un récit de Brian Augustyn en 1989, le film sorti en 2018 est une sacrée proposition avec une révélation couillue, dont suivra en 2019 l’adaptation de Red Son voyant Superman en héros soviétique. Et si le vaisseau de Kal-El enfant s’était écrasé en Russie et non à Smallville au Texas  ?

Soul of the Dragon est donc une nouvelle proposition de l’univers ElseWorld chez DC Comics. Avec ce nouveau projet disponible en DVD & Blu-Ray depuis le 17 février 2021, le département animé de Warner Bros marque un pas en ne s’inspirant point d’un comics comme les deux précédents films, mais se montre être un film original.
À savoir de transposer la mythologie du Batman au cœur des années 1970 sous l’impulsion des films de karaté chers à la Shaw Brothers dans un esprit Blaxploitation. Un mix qu’affectionnerait sans nul doute Quentin Tarantino l’ayant manié avec dextérité entre Jackie Brown et Kill Bill.

Pour Batman, c’est autre chose. Enfin, avouons que l’association est, dans un premier temps, plaisante entre un Bruce Wayne sous l’effigie de John Saxon combattant un méchant proche de Tulsa Doom en compagnie des pendants de Mister Dynamite ou de Bruce Lee sur une musique groovy. Sam Liu s’arrange avec le bestiaire de DC Comics en vulgarisant pour les besoins du film des méchants de secondes zones devenant coéquipiers de Batman. Ainsi Richard Dragon trouve un physique proche de Bruce Lee et Ben Turner perd sa félinité pour devenir un pendant de Michael Jai White qui le double ici tout en l’ayant déjà incarné dans l’ArrowVerse. La production s’arrange avec les conformités pour une aventure pop se morcelant entre passé et présent avec des flashbacks se greffant avec succès. Le format permet de dynamiter une aventure qui se rapproche dans l’esprit des aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin, Batman se faisant éclipser, à l’image de Kurt Russell dans le film de John Carpenter, par Richard Dragon dont la technique proche de Bruce Lee est bien reportée par une animation dynamique.

Là où le bât blesse, est au niveau de son rythme et de l’intérêt limité du film. On s’ennuie ferme devant Soul of The Dragon qui essaye tellement de retranscrire l’énergie du cinéma des années 1970 qu’il en devient démonstratif. L’histoire simple au possible ne sauve jamais un film lourdingue se calant également du côté des James Bond de l’ère Roger Moore pour amuser le fan. Mais justement l’aficionado qui attend désespérément les grands arcs portés à l’écran avec une vision adulte comme pour Le Fils de Batman, Batman vs Robin ou Silence s’accable face à un produit violent, mais se destinant inévitablement vers les enfants. Soul of the Dragon est une proposition qui a les fesses entre deux chaises avec une histoire inintéressante et une violence brute où les os se brisent sous les coups quand le grand méchant n’hésite pas à sacrifier des enfants pour arriver à ses fins. 

Batman – Soul of the Dragon est une tentative loupée, mais louable, d’avoir voulu mettre Batman sous les paillettes dans un costume patte d’éph’. Une époque qui n’avait malheureusement déjà pas réussi au personnage et qui ne lui sied définitivement pas du tout entre karaté, groove et pattes prononcées aux grandes oreilles. Une accumulation de références flirtant même avec Chuck Norris par le biais d’un personnage perdant définitivement l’amateur intransigeant sur ses attentes et convaincra péniblement le profane venant par curiosité découvrir ce film attiré par une affiche irrésistible, mais un brin mensongère.

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