Selena: L’esprit de famille

Avec le coronavirus, Netflix a multiplié ses programmes orignaux afin de rassasier ses abonnées. En cette fin d’année 2020 nous avons eu le droit à un biopic de celle qui se faisait appeler « La reine du Tejano », Selena Quintanilla- Perez. Un projet créé par Moisés Zamora sous le regard attentif de la famille Quintanilla dont Suzette Quintanilla, productrice du programme. La série est disponible depuis le 4 décembre 2020. 

Grande artiste de la musique Tex-mex (mélange d’influence hispanique et américaine), Selena n’avait que 6 ans lorsque son père se rend compte du potentiel qu’elle a. Il encourage ses deux autres enfants (AB et Suzette) à jouer d’un instrument pour accompagner sa prodige. Après une enfance difficile et la perte de leurs maisons, les Quintanilla vont garder leurs rêves et les porter à bout de bras pour se hisser au sommet du monde de la musique. 

Sur le papier, le casting est intéressant avec Ricardo Chavira (Carlos Solis dans Desperate Housewive) et Christian Serratos (Rosita Espinosa dans The Walking Dead). Les autres acteurs sont aussi mexicains dans le but de respecter au mieux la véritable histoire. Une décision judicieuse puisque le biopic Selena (1997) de Gregory Nava sorti quelques années après l’assassinat de cette dernière avait attiré les foudres des fans. Ils estimaient que Jennifer Lopez (qui incarnait donc Selena) ne correspondait pas à son personnage car elle est portoricaine. Bien que salué par la critique, les fans considéraient qu’il trahissait l’esprit de Selena. Il était donc important pour la production d’être le plus fidèle possible à la famille Quintanilla et leurs vies. 

Cette série, qui est censée tourner autour de Selena, traite surtout de sa famille. Au fond elle est peu présente dans les scènes des premiers épisodes et c’est au fur et à mesure qu’on la voit davantage avec des scènes et des répliques plus longues. L’angle de la série se concentre surtout sur le patriarche Abraham Quintanilla. Il y tient une place importante (parfois un peu trop). Il s’agit ici, sans doute, de montrer comment être manager et père peut être compliqué. Et surtout de se focaliser sur la manière dont les proches de Selena contrôlent son avenir à sa place. Au cour de la série, diverses personnalités du monde de la musique lui rappelleront qu’elle doit prendre son destin en main. Ce qui est paradoxal, car ces mêmes personnes supervisent sa vie, notamment amoureuse. 

Dans tout ce contrôle règne tout de même un esprit de famille chaleureux et solidaire. Sur scène il y a une connexion fraternelle poignante à découvrir. 

Malgré les musiques entraînantes (qui nous donnent envie de télécharger leurs anciens tubes) et des costumes réalistes à la mode des années 80/90, la série tourne vite en rond et on est très vite contents de venir à bout des épisodes. Il y a beaucoup de scènes creuses, assez inutiles avec une mise en scène aux allures de sitcom (avec une touche de drame) dont l’équipe de réalisation reprend les codes. Cela se ressent nettement dans la durée des épisodes (30 minutes environs), les faux décors un peu trop voyants et les scènes de voiture très kitsch.

L’histoire se confond avec le genre mélodramatique à outrance sans pour autant exploiter correctement les sentiments des personnages, ceux-ci récitant simplement leurs répliques. Une fois tous les épisodes regardés, on se rend compte qu’on n’a finalement pas appris grand-chose de leurs vies. On a beau assister à leurs actions, on ne sait rien de leurs pensées. La série se contente simplement de nous narrer le parcours de cette famille qui a travaillé dur pour arriver là où elle en est, saluant son courage sans explorer tout le potentiel des personnages et des acteurs. On sent ici, l’influence de la famille Quintanilla sur le projet, empêchant visiblement les scénaristes de nuancer véritablement leurs propos. Et si Christian Serratos en Selena est un choix convaincant pour son implication dans les chorégraphies ainsi que ses playbacks assez réussis, on se lasse néanmoins de son jeu un peu trop enfantin pour représenter cette jeune chanteuse. 

La fin de Selena laisse penser à une suite. Ces 9 épisodes n’ont pas couvert toute la vie de cette dernière. Mais est-ce que c’était nécessaire de retracer sa vie en 2 parties ? Si la mise en scène est revue et que les scénaristes retravaillent l’écriture de leurs personnages, c’est une série qui se laisserait regarder. Surtout si elle aborde l’assassinat de la jeune femme. 

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