Beatrice Cenci : Test Blu Ray / DVD / Livre

Réalisateur : Lucio Fulci / Casting : Tomas Milian, Adrienne Larussa, Georges Wilson, Raymond Pellegrin / Genre : Drame historique / Compositeur : Angelo Lavagnino / Date de sortie :1969 / Durée : 89 minutes / Pays : Italie /

Synopsis : À Rome en 1599, la jeune Béatrice attend dans une cellule le moment de son exécution. Son crime est d’avoir commandité l’assassinat de son père, Francesco Cenci, noble tyrannique et incestueux. La sentence provoque l’ire du peuple qui voit en la « Belle parricide » la martyre d’une société arrogante et hypocrite. Mais derrière l’icône se cache un personnage complexe qui a su manipuler les sentiments du serviteur Olimpio pour arriver à ses fins.

Critique : Les graines du cinéma de Lucio Fulci commencent à germer depuis Le Temps du Massacre, western dramatique et sadique, orchestré en 1966. Quelques boutades inintéressantes jugulent encore à cette époque la filmographie du réalisateur italien qui s’attèle à mettre en image les pitreries de comiques nationaux depuis 1959.
À la fin des années 1960, Lucio Fulci commence à s’émanciper en signant Perversion Story, formidable thriller à la Hitchcock se déroulant à San Francisco avec Jean Sorel et Marisa Mell. En cette année 1969, il signe Beatrice Cenci (Liens d’Amour et de Sang en français) sur une idée du producteur italien, Giorgio Agliani. Une nouvelle adaptation du fait divers du 16e siècle qui se souhaite comme une sérénade. Si le romantisme nourrit une liberté prise par les auteurs concernant la relation amoureuse entre Beatrice et Olimpio incarné par Tomas Milian, la version du fait historique, ayant marqué l’Italie dans sa chair, sera plus franche, cruelle et viscérale de la part de Lucio Fulci. Pour ne ressembler à personne et ne souhaitant aucune référence à d’autres adaptations préalables, Lucio Fulci morcèle son récit en jouant de flash-backs permanents. Le film est une poupée russe distillant les faits et autres détails au compte-goutte. Le film débute par l’installation de l’estrade d’exécution, continue sur Beatrice et sa belle-mère conduites à l’échafaud pour mieux ensuite nous présenter la victime, le père bourreau incestueux de la famille Cenci.

Dans le rôle du père, Francisco Cenci, George Wilson (père de Lambert) est monstrueux de présence. Personnage gras, vulgaire et violent, l’acteur français prend un malin plaisir à camper cet être ignoble martyrisant sa famille. Face à lui, nous faisons la connaissance de la douce et jolie Adrienne La Russa, actrice new-yorkaise expatriée en Italie où elle est devenue une icône. Mannequin devenue actrice, elle est choisie par Fulci sur une affiche intrigué par son physique de femme-enfant. Elle campe une parfaite Beatrice Cenci reprenant à merveille la peinture canonique du personnage peint, selon certaines sources, par Elisabetta Sirani au 17e siècle. La jeune actrice, devenue aujourd’hui agente immobilière, connaîtra une brève carrière d’une dizaine d’années avec comme fait de gloire une participation au show Des Jours et des Vies au milieu des années 1970, avant un mariage vite annulé avec l’action-star Steven Seagal en 1984.
À ses côtés, Tomas Milian campe l’amour candide qui effectuera la basse besogne dans le rôle d’Olimpio, valet de la famille et amant de la jeune femme qui lui commandite l’assassinat de son père. Un rôle sage pour l’acteur que l’on connaîtra plus exubérant à l’avenir, notamment chez Lucio Fulci avec Les 4 de l’Apocalypse où l’acteur d’origine cubaine singera Charles Manson dans un western psychédélique qui ne connaîtra point le succès lors de sa sortie en 1975, tout comme Beatrice Cenci, longtemps invisible et réhabilité par les bons soins d’Artus Films dans une superbe édition dédiée.

Test Blu-ray :

Date de sortie vidéo : 7 avril 2020

Informations Techniques : Images : Format 1.85 original respecté / 16/9ème – 1920/1080p / Couleur. Audio : Versions : français, italien – Sous titres : français

Image : C’est inespéré ce qu’Artus Films a prodigué comme soin apporté à une œuvre ayant souffert du temps. Longtemps invisible, même en VHS, film oublié ayant réapparu en DVD en 2007 dans une qualité médiocre, Beatrice Cenci trouve dans ce beau transfert HD un gain imprédictible avec un grain retrouvé, des couleurs vives et un piqué d’enfer. Les gros plans (notamment sur George Wilson) sont étonnants de précision. La séquence d’inceste en est une preuve tangible.

Son : Du côté du son, rien de bien renversant par contre. La VF (avec quelques trous) et la VO bénéficient d’un Mono 2.0 clair sans la moindre fulgurance.

Lionel Grenier – Spécialiste de Lucio Fulci – en bonus

Bonus Blu-ray :

Beatrice Cenci, Sainte ou Succube ?: Le Combo Blu-Ray/DVD s’accompagne d’un livret richement illustré de 64 pages dirigé par Lionel Grenier. Soutenu par Stéphane Rolet et Jean Vinneuil, ce livret est passionnant de bout en bout. Revenant avec clairvoyance sur le fait historique permettant l’histoire du film en question, les auteurs reviennent sur l’écho de celle-ci sur la culture italienne et européenne, notamment sur l’art entre la peinture, la littérature, les spectacles vivants et le cinéma. Moult interprétations du fait ont été produites au fil de l’histoire entre digressions et respects. Le livret revient aussi sur la censure opérée sur le film de Lucio Fulci, s’intéresse à la belle Adrienne La Russa, son parcours et le choix de l’actrice pour le rôle de cette icône historique en Italie. Lionel Grenier, pour conclure, s’intéresse sur la reproduction des décors et la production d’un film modeste portant le poids des salaires des stars à l’affiche.

Présentation du film par Lionel Grenier : Une introduction utile et claire à voir en préambule de la projection du film pour mieux saisir les faits et les enjeux.

Moi, Beatrice – Analyse du film par Lionel Grenier : Suite de la présentation par le spécialiste de Lucio Fulci en France avec une analyse concise et riche en informations sur la carrière du réalisateur et la production du film en question.

La famille et la torture – Entretien avec Mavie Bardanzellu : Rencontre avec l’interprète de Lucrezia Cenci, belle-mère de Beatrice. L’actrice revient sur ses débuts d’actrice puis se concentre spécifiquement sur sa participation au film de Lucio Fulci. Elle nous parle de George Wilson avec qui elle pouvait discuter en français, de la mélancolie de Cuba de Tomas Milian et de la froideur d’Adrienne La Russa qui a joué la diva américaine sur le plateau au point d’exaspérer Lucio Fulci.

Don Giacomo – Entretien avec Antonio Casagrande : L’acteur, venant du théâtre, interprète du frère de Beatrice, se dévoile pendant 15 minutes sur sa carrière, ses amis sur certains tournages. Il nous gratifie de quelques anecdotes et digresse un peu sans réellement revenir sur le film en question ici.

Nue pour Lucio – Anecdote de Adrienne LaRussa : Un petit bonus complémentaire où Adrienne La Russa, tant décriée jusqu’ici, se démontre charmante pendant la minute que dure cette anecdote. L’actrice nous raconte ses rapports froids avec le réalisateur et de comment Lucio Fulci l’a entourloupée sur le tournage de la séquence de l’inceste où le personnage de Beatrice se fait agresser par son père. 

Diaporama d’affiches et de photos

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