Bob l’Éponge – Éponge en Eaux Troubles : Qu’ont-ils fait de toi ?!

Les enfants de la fin des années 90 n’auront pas échappé au phénomène planétaire qu’a été la série animée Bob l’Éponge. Carton plein pour la chaîne Nickelodeon qui, à l’aube des années 90, est venue écraser la concurrence avec des séries animées devenues cultes pour un jeune public friand de slapstick. On ne compte plus les gros succès de la chaîne durant les 90’s, que ce soit Les Razmoket, Hé Arnold, Les Castors Allumés, Michat-Michien ou encore La Famille Delajungle, tous ont laissé une trace dans la mémoire des enfants. Seulement, il y a cette petite éponge carrée qui est apparue en 1999, et qui ne cesse de perdurer dans le temps. Probablement la série animée la plus populaire de Nickelodeon et qui continue d’être produite plus de 20 ans après son lancement, Bob l’Éponge a su réunir les petits et les grands autour d’un concept farfelu mélangeant de l’aventure et du slapstick à son plus haut niveau. Il y a des épisodes véritablement forts qui tiraient leur épingle du jeu, le personnage de Bob est devenue une icône de la pop-culture, tout le monde connaissait de près ou de loin ses aventures. Un premier long-métrage est sorti sur nos écrans en 2004 et prolongeait parfaitement l’humour et les enjeux de la série. Le spectateur confirmé, comme le plus néophyte, était capable de comprendre le film, et surtout d’en rire à cœur joie. En 2015, sa suite, Bob l’Éponge : un Héros Sort de l’Eau, n’était pas à jeter non plus. L’humour ravageur était toujours présent, bien que l’envie de faire évoluer le personnage vers une animation plus moderne se faisait sentir. Le film s’offrait une grosse demi-heure d’animation en 3D où les personnages prenaient vie dans le monde réel. Au revoir la plastique cartoon faite à la main, et bonjour l’animation propre, lisse, carrée…bref, moderne. Cela aurait du nous mettre la puce à l’oreille car, lorsqu’il s’agira d’appréhender le troisième film sorti sur Netflix (après l’annulation de son exploitation salle par chez nous à cause du COVID-19), pas sûr que les fans de la première heure s’y retrouveront.

Suite à l’escargot-napping de Gary, son compagnon de toujours, Bob l’Éponge entraîne son meilleur ami, Patrick, dans une aventure vers la Cité Perdue d’Atlantique City afin de le retrouver. A travers cette mission sauvetage pleine de surprises, de merveilles et de dangers, Bob l’Éponge et ses acolytes vont réaliser que rien n’est plus fort que le pouvoir de l’amitié.

Bob l’Éponge : Éponge en Eaux Troubles est réalisé par Tim Hill (scénariste du premier long-métrage, ainsi que sur 215 épisodes de la série entre 1999 et 2017). Le film est dédié à la mémoire de Stephen Hillenburg, le créateur de Bob l’Éponge. Et dans un sens, ce n’est pas plus mal que ce dernier ne puisse pas avoir vu cette catastrophe. Bob l’Éponge rate de bout en bout son introspection au cœur de l’animation moderne. Tout ce qui faisait le charme de la série et des deux films précédents est effacé, lissé, poncé, aplani, taloché, repassé, défripé, lustré… Bob l’Éponge : Éponge en Eaux Troubles est d’une banalité visuelle affligeante. Il n’y a plus rien, plus aucune « maladresse » dans les coups de crayons qui constituait le charme premier des aventures du personnage. Bob l’Éponge : Éponge en Eaux Troubles ressemble à n’importe quel animé de bas étage de n’importe quelle chaîne télévisée pour enfant. C’est d’un triste et d’une froideur abyssale. Notre enfance se prend un sacré uppercut à la vision de cette horreur. Pour sûr qu’il contentera les petites têtes n’ayant pas grandi avec la série, mais ce sera un vrai calvaire pour tous les fans de la première heure. Techniquement, on ne peut pas dire que le film soit raté, ce serait de mauvaise foi. Il ne réussit juste pas sa reconversion vers l’âge moderne (là où des films comme les Astérix de Clichy et Astier avaient parfaitement gagnés leur pari). Il sera impossible de faire abstraction de l’image soyeuse que s’offre le film, c’est peut-être beau, mais ringard et daté avant l’heure car beaucoup trop net. En définitive, le film a nettement plus sa place dans le catalogue Netflix, prêt à être consommé sur sa télévision que sur un écran de cinéma.

Malgré les horreurs visuelles, les fans peuvent espérer se rattraper sur l’histoire et l’humour ravageur de l’univers Bob l’Éponge. Une fois de plus, nous sommes désolés de tuer vos espoirs dans l’œuf, mais tout cela a disparu également. Mis à part quelques fulgurances qui arracheront, au mieux, un léger sourire, Bob l’Éponge : Éponge en Eaux Troubles ne fait absolument pas honneur à tous ses grands frères. On ne rit jamais à s’en tenir les côtes. Exit les envolées psychédéliques au slapstick ravageur. Tout est d’une consensualité cadavérique. Quel ennui, mais quel ennui ! D’autant que le scénario ne ferme même pas les axes qu’il ouvre. Le film démarre sur le kidnapping de Gary par Sheldon Plankton dans le but d’éloigner Bob de ses fourneaux et d’enfin voler la recette secrète de ses burgers. Une fois Bob lancé à la rescousse de Gary, plus jamais on ne reverra Plankton tenter d’assouvir ses plans. Il fallait une raison pour lancer Bob à l’aventure, celle-ci vaut tout aussi bien qu’une autre. C’est consternant d’incohérences également. Bob l’Éponge : Éponge en Eaux Troubles a été vendu comme un préquel à toutes les aventures de la fameuse éponge. S’il y aura bien des flashbacks nous montrant les personnages enfants, rien ne laisse supposer que l’histoire présente s’est tenue avant le premier épisode de la série, ni même avant le premier long-métrage. Tout est décousu et manque d’audace. Bob l’Éponge est devenu banal. On se fiche royalement de ce qu’il adviendra des personnages tant c’est écrit à la truelle, pas subtil pour un sou, et terriblement ennuyeux. Ne reste que l’apparition de guest stars comme Keanu Reeves, Snoop Dogg ou encore Danny Trejo pour tenter de nous remonter le moral…mais ce sera bien faible pour sauver le film de ce terrible sabordage.

Bob l’Éponge : Éponge en Eaux Troubles est une anomalie, une aventure consternante à l’animation désuète et à l’humour absent. Que tous les fans de la première heure ne posent pas les yeux devant, au risque de voir leurs souvenirs piétinés sans vergogne. Bob l’Éponge est entré dans l’ère moderne du mauvais côté de l’animation. Ce n’est ni fait, ni à faire et ça finira, sans doute, au fond du catalogue Netflix avec tous les oubliés de ce dernier.

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