Fritzi : On lève le voile du rideau de fer.

Depuis la réouverture des salles après le confinement, on peut dire que les films d’animation sont énormément mis à l’honneur. Entre Les Trolls, Petit Vampire ou encore Yakari les distributeurs semblent miser assez gros sur notre jeunesse pour pousser les spectateurs à retourner en salle. Mais tout ce matraquage marketing se base sur l’unique constat que le film d’animation est réservé aux enfants. Et même s’il peut être incroyablement éducatif, à l’image de Fritzi qui raconte une période particulière de l’histoire et pas si ancienne, il reste néanmoins un style artistique fort pour véhiculer des messages ou développer un apprentissage.

Réalisé par Matthias Bruhn et Ralf Kukula, le film raconte comment une enfant vit la séparation avec sa meilleure amie par le mur de Berlin lorsque cette dernière franchit la frontière pendant les vacances d’été. Et comment elle essaiera de la retrouver malgré les différentes tentatives de différents acteurs de son quotidien pour la convaincre d’accepter leur séparation plutôt que de chercher à la comprendre. L’un des acteurs de toute cette quête est Sputnik, le petit chien de Sophie, qu’elle a laissé à Fritzi et sa famille lors de son départ.

Malgré la complexité d’un événement historique encore aujourd’hui incompréhensible, c’est toute une ode à l’innocence qui prend forme devant nous. Historiquement, la séparation de l’Allemagne en deux, plus connu sous le nom de rideau de fer et qui amène par la suite la séparation de la capitale Berlin, est un événement encore aujourd’hui incompréhensible pour de nombreuses personnes. Non pas d’un point de vue technique ou politique, mais surtout humain. L’idée qu’une telle frontière puisse diviser un pays tout entier et interdire de nombreuses populations de libertés fondamentales dont elles jouissaient auparavant semble inconcevable dans une société aussi contemporaine. Et pourtant encore aujourd’hui cela existe. Mais pour Fritzi, ce n’est pas une frontière imaginaire qui l’empêchera de retrouver son amie. C’est l’opposition entre l’innocence et la simplicité de cette petite fille, contrastée par la situation aussi absurde qu’inéluctable de l’Allemagne, qui frappe dans un premier temps. Fritzi semble insouciante et à la fois consciente des risques et des dangers. C’est rare de se sentir aussi investi par la mission d’une petite fille de dessin animé et de vouloir à ce point qu’elle parvienne à ses fins. On sait que ce qu’elle fait est impossible et qu’elle met potentiellement sa vie en danger à chaque instant, mais la pureté de ses sentiments la porte au-delà des enjeux politiques et militaires auxquels elle se heurte. Ce qui donne une véritable force morale à son ambition humaine.

En toile de fond, on voit aussi le tissage médiatique et politique auquel elle échappe parfois de justesse et par chance. Entre les officiers de la stasi qui sont à un sommier de lit de la voir et les images médiatiques qui la piègent dans un combat dont elle ignore être un pion, on voit à quel point la récupération politique est présente et donc dénoncée dans le film. Ses affinités avec des militants allemands pour les libertés individuelles la rendent suspecte à son insu. Elle est encore plus en danger après cela, mais son combat ne change pas. Sa foi inébranlable pour ses bonnes intentions la rend invincible aux yeux des spectateurs qui, tout en étant inquiets de son sort, sont persuadés qu’elle parviendra à son but. Même face au fascisme, l’innocence d’une enfant permet d’y croire jusqu’au bout.

Adapté du livre éponyme de Hanna Schott, la dualité entre l’innocence de l’enfant et son aventure incroyable force le respect pour la petite fille. Il s’en dégage une vraie connexion entre elle et le spectateur pour un film d’animation à la fois simple, positif, assez complet sur la période historique dont il traite et agréable à suivre compte tenu des différentes relations que Fritzi développe au long de l’histoire. Sputnik devient presque le guide de l’aventure et l’on se dit qu’il n’y a pas d’âge pour changer le cours des choses.

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