Le Tueur de l’Autoroute : Un dimanche après-midi de chien

Sorti en VOD début juillet, Le Tueur de l’Autoroute vient de bénéficier d’une sortie DVD chez Rimini Editions. Une raison de plus pour en revenir à l’appel des éditeurs sans qui nous ne pourrions pas voir ce genre de cinéma. Soutenons-les, il en va de notre avenir culturel. Le Tueur de l’Autoroute est un petit film néerlandais qui n’aurait jamais trouvé un circuit dans nos salles. Et pourtant, c’est exactement le genre de cinéma qui aurait fait du bien aux salles cet été. Le genre de film exaltant qui va d’un point A à un point B sans jamais transgresser sa ligne de conduite. Un scénario simple et redoutable, porté par des acteurs convaincants et à la mise en scène soignée. Le genre de film qui peut ouvrir un public néophyte vers d’autres horizons que celui du cinéma américain qui est légion. Non pas que nous faisions un procès d’intention au cinéma américain, nous en sommes, nous-mêmes, de gros consommateurs. Mais s’il y avait une leçon à appliquer et comprendre des réouvertures des salles post-COVID c’était bien celle-ci : il n’y a pas que Christopher Nolan qui aurait pu sauver le cinéma. D’ailleurs, Tenet est loin de faire l’unanimité…mais là n’est pas le sujet. Le Tueur de l’Autoroute a toutes les qualités pour être ce petit film estival qu’on aurait adoré voir en salle avec des copains.

Hans part avec sa famille rendre visite à ses parents. Arrogant, sur les nerfs, Hans ne se maîtrise plus et conduit trop vite, agacé par ceux qui respectent les limitations de vitesse. La situation dégénère lorsqu’un mystérieux conducteur le prend en chasse. Désormais, Hans et sa famille ne sont plus en sécurité nulle part.

S’il fallait demander aux cinéastes contemporains quels ont été leurs modèles, pour sûr que le nom de Steven Spielberg figurerait dans le haut du panier. Le Tueur de l’Autoroute, réalisé par le néerlandais Lodewijk Crijns, s’inspire allégrement de Duel afin de développer le point de départ de son intrigue. Élu Meilleur Film 2019 par la presse aux Pays-Bas, son titre français pourrait tromper le spectateur non renseigné. Entre sa jaquette de DVD explicite et son pitch, on pourrait s’attendre à un slasher dans les règles de l’art. Il n’en sera rien. Le film est un thriller haletant au suspense qui ne décroît jamais, voilà pourquoi les similitudes avec Duel. Le film dégage une tension anxyogène permanente. On ne se sent jamais en sécurité. On vit le calvaire des personnages avec eux. Il y a bien longtemps que nous n’avions pas commenté les actes des protagonistes devant notre écran. Nous avons envie de les aider. Nous hurlons à chaque décision futile. Le Tueur de l’Autoroute est un film qui implique son spectateur. Pas d’effets gore (d’ailleurs, il n’y aura presque jamais de sang), la tension imposée suffit amplement à garder notre attention du début à la fin. La mise en scène de Crijns est redoutablement efficace. Son découpage technique est minutieux. Il utilise le bon plan au bon moment. Il sait comment mettre en scène la tension et l’action. Outre la mise en scène, le choix du tueur est une des plus grandes qualités du long-métrage. Campé par un immense Willem De Wolf, il impose une aura unique au personnage du tueur. Imposant par sa taille, il est le mix parfait entre l’homme en noir de Phantasm et le dérangeant Anton Chigurh de No Country For Old Men. Froid et implacable, ce tueur jusqu’au boutiste possède toutes les qualités pour devenir un personnage iconique. Avec sa combinaison anti-radiation et sa pompe à insecticide, il évite soigneusement tous les pièges qui pourrait rendre son rôle (et le film) nanardesque. Son sang-froid, sa posture rigide et son sourire machiavélique offrent des moments à la tension insoutenable qu’on vous laisse soin de découvrir dans le film.

Si le méchant est charismatique à souhait, ses antagonistes sont parfaitement travaillés également. Entre le couple qui ne vit pas une bonne journée, qui doit gérer à la fois la folie de leur chasseur et ses propres problèmes, et les deux gamines apeurées par la situation, nous sommes servis. Il y a un superbe travail d’écriture sur leur alchimie. On se croirait face à une vraie famille tant elle sonne vraie. Et tout cela ne tient qu’en d’infimes détails qui font toute la différence. Le père qui ne cache pas sa préférence pour une des deux petites. La mère beaucoup plus fusionnelle avec celle délaissée par son père. Les disputes banales d’un couple, les tacles sur les beaux-parents, les critiques sur le conjoint qui roule trop vite, l’énervement sur la route plus réelle que jamais…tout y est pour nous faire croire à un début de dimanche après-midi comme en vivent des centaines de couples. Les clichés sont présents, mais sont abordés avec une justesse si déconcertante que le tout est plausible et fédère la tension recherchée lorsque la poursuite se met en place. C’est un vrai plaisir de cinéma que nous avons devant les yeux.

Le Tueur de l’Autoroute est un petit film qui fait du bien. Le genre de cinéma qu’on aime se passer entre amis, un samedi soir, avec des pizzas. Il distille 90 minutes d’adrénaline absolument folles et est une découverte sur laquelle nous vous demandons de vous ruer sans plus tarder.

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