Ailleurs : Vers l’infini et l’Au-delà

Face au cinéma d’animation, on a tendance à baisser la garde, à se laisser couler dans le fauteuil et se laisser porter par le programme. Une tendance primaire découlant inévitablement du courant de notre enfance, de par ce prisme introductif auprès du cinéma dont nous avons généralement fait face.
Mais parfois on est pris de court, totalement déboussolé par le film qui se présente avec force et personnalité. C’est le cas avec Ailleurs réalisé seul par Gints Zilbalodis, un letton autodidacte qui a occupé chaque poste dans la production du film. Un véritable tour de force au regard de la complexité de ce film en 3D nous projetant sur une île ne révélant jamais tous ses secrets.

Il y a comme une pincée de Lost, la célèbre série Tv de J.J Abrams, mais surtout des références soutenues par le metteur en scène sur des jeux vidéos tels que Journey ou Shadow of Colossus. On pense aussi à La Tortue Rouge (2016), voire à Seul au Monde de Robert Zemeckis avec Tom Hanks. Mais Gints Zilbalodis confère à son film une âme et une identité propre hors du commun nous forçant à vous conseiller de foncer voir le film en salle.
La salle de cinéma est le meilleur endroit possible pour se laisser absorber et transporter aux côtés de ce personnage sans nom, échoué sur une île étrange, qui va être confronté à une créature louche, sorte de Yéti brumeux. Cette créature va le poursuivre tout le long de son périple, le but du personnage va être de traverser et d’explorer l’île pour trouver une issue. Un voyage fantastique aux images sublimes à découvrir d’urgence en salle de cinéma. On se répète, mais c’est rare d’avoir un tel métrage non identifié, fait à la force du talent d’un homme ayant consacré trois ans et demi de sa vie pour la production du film. Gints Zilbalodis a tout fait seul, de l’animation 3D à la musique en passant par le montage, ayant appris au fil de ses expériences sur ses propres courts-métrages animés ou en prises de vues réelles. Le réalisateur n’est jamais allé dans la moindre université ou école de cinéma, il a appris sur le tas sans le moindre talent spécifique au dessin. Il a tâtonné, appris au fil de ses œuvres finalement accomplies, à qui on ne le reprendra pas pour repartir sur une telle aventure. 

Ailleurs est un long-métrage hors du commun, une œuvre de cinéma dans laquelle on se perd et où on se confronte à nos propres certitudes à ne surtout pas conseiller aux enfants. Ces derniers risquent d’être échaudés, brusqués par la matière brute qui se met en place à l’écran. Le réalisateur ne procure pas la moindre information, le moindre indice pour justifier son film découlant d’un précédent court-métrage ayant servi de bande-démo pour les financiers. Chapitré en quatre segments, Ailleurs est un voyage vers l’au-delà contre lequel il ne faut pas se battre pour totalement apprécier ce périple animé étrange. Une étrangeté qui amène vers l’extase de l’inconnu, du lâché-prise pour mieux se soumettre aux diktats d’un métrage qui file droit devant pour trouver une issue solvable, bien que classique.

On pensait être dans un ailleurs alors que finalement le monde est incongru. On soupçonnait une aliénation métaphorique à l’image de la grosse bébête qui pourchasse le protagoniste principal ou des chats faisant face au geyser. On est surtout au cœur d’un monde merveilleux inexplicable, démonstration d’un talent encore brut, mais qui s’affine même au fil de l’histoire. On est déjà curieux de découvrir la suite du travail de Gints Zilbalodis, découverte surprenante sortie de son garage qui s’annonce être l’un des réalisateurs les plus curieux à suivre pour les prochaines années.

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