Bravados : Que justice soit faite

Quel bonheur tout de même de découvrir encore et toujours au fil des ans de notre cinéphilie de nouveaux films, particulièrement dans un genre que l’on apprécie. Dans la catégorie westerns, difficile de faire mieux que l’éditeur Sidonis Calysta dont le catalogue fourmille de trésors. Leur dernière acquisition en date, Bravados, disponible dans un combo Blu-ray + DVD + Livre depuis le 10 août dernier est évidemment à ne pas manquer.

Déjà, le simple fait de conjuguer le western avec Henry King et Gregory Peck rend le tout parfaitement incontournable. En juin dernier, Sidonis Calysta éditait déjà La cible humaine, chef-d’œuvre du genre réalisé par King et interprété par Peck. Dans Bravados, l’acteur incarne Jim Douglass, cow-boy vengeur, désireux de retrouver les assassins et violeurs de sa femme. Sur le témoignage d’un de ses voisins, Jim traque quatre bandits qu’il finit par retrouver dans une ville où ils s’apprêtent à être pendus. Jim veut bien évidemment y assister, mais la veille de leur exécution, les bandits s’évadent. Sans être shérif, juge, juré ou bourreau, Jim va alors traquer les criminels et se donne la tâche de les exécuter, quand bien même chacun d’entre eux nie farouchement avoir fait quoi que ce soit à la femme de Jim au moment où celui-ci les confronte…

Réunissant les codes du western, Henry King va une fois de plus s’amuser à les détourner et à les travailler avec profondeur, bien aidé par le scénario de Philip Yordan (à qui l’on doit, entre autres, les scénarios de Johnny Guitare et La chevauchée des bannis) et par l’implication de Gregory Peck, acteur aux idées libérales qui accepta le rôle pour critiquer le maccarthysme et son semblant de justice. Jim Douglass est en effet loin d’être un héros comme l’entend le cinéma hollywoodien classique. Aveuglé par sa quête de vengeance, ignorant les preuves et les supplications des bandits, il tue sans se poser de questions avant de réaliser ses errements. Ici personne n’est tout blanc ou tout noir, Douglass peut tuer un innocent tandis qu’un bandit peut abattre un coupable. Bravados interroge ainsi intelligemment les notions de justice et d’héroïsme, critiquant l’idée qu’un seul homme puisse accomplir la justice à lui seul.

Impossible évidemment de ne pas voir le parallèle évident avec la Chasse aux Sorcières qui sévissait à Hollywood dans les années 50, rendant la vision du film totalement passionnante. Bien que souffrant d’un problème de rythme dans sa première partie et d’une interprétation pas forcément convaincante de Joan Collins que l’on a vue bien meilleure, Bravados n’en demeure pas moins un formidable western, transcendant ses archétypes avec un scénario redoutablement bien construit, fascinant par sa façon de pousser son personnage principal en dehors des zones de confort habituelles du genre, interrogeant sans cesse son rapport à la violence et à la vengeance jusqu’à un final ne manquant pas d’ironie. Western étonnant et thématiquement profond, magnifié par un très beau Technicolor et servi par une formidable interprétation de Gregory Peck, Bravados est un de ces trésors à ne surtout pas louper, sous peine de passer à côté d’un grand film…

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