Je ne Rêve que de Vous : La toute petite histoire au cœur de la grande.

Disponible depuis le 16 juin 2020 en DVD édité par Rezo Films et distribué par ESC Distributions, Je ne Rêve que de Vous se dévoile et s’intéresse au parcours de Léon Blum, enfin plutôt à ses amourettes avec sa troisième femme, Jeanne Reichenbach, pendant l’occupation et la répression allemande en 1940. Cette dernière abandonne mari et enfant pour lier son destin à celui tragique de l’homme dont elle est éprise depuis l’adolescence alors qu’il est menacé par l’arrivée au pouvoir des artisans de la Collaboration. Elle traversera l’Europe et sacrifiera sa liberté pour épouser l’homme qu’elle aime au camp de Buchenwald où il sera enfermé, et, avec lui, elle survivra à cette épreuve.
Les amours de Jeanne et Léon au cœur de la Seconde Guerre Mondiale, il y avait le potentiel pour une grande tragédie avec moult rebondissements palpitants, de la même manière dont Claude Berri avait porté l’histoire de Lucie Aubrac au cinéma en 1997 avec Carole Bouquet et Daniel Auteuil. C’est l’intention pourtant de Laurent Heyneman qui revient au cinéma après 18 ans de télévision et son dernier film, Un aller simple, avec Jacques Villeret, Barbara Schulz et Lorànt Deutsch, en 2001.
Mais force est de remarquer face au film un style télévisuel à la Maigret, série popularisée par Bruno Cremer. Et de nous apercevoir que Laurent Heyneman en a réalisé quelques épisodes pendant sa période télévisuelle. Un style académique, propre, sans le moindre relief, l’histoire se déroule sans ombrage avec un ennui poli pour le spectateur qui découvre cette femme laissant partir son deuxième mari qu’elle aime que brièvement pour jouer la cocotte envers ce cher Léon Blum, de 27 ans son aîné, et qui sent dans son dos la vague fasciste l’attaquer de plein fouet. Tout se joue alors sur les dialogues surécrits dont les événements qui se jouent en France sont pris avec un détachement et/ou une philosophie mièvre au possible. On se croit chez Maupassant (Heyneman en a également réalisé quelques épisodes pour France 2) passant d’hôtels en maisons de campagne bien propre avec cette fâcheuse guerre qui potentiellement peut empêcher les amourettes du couple. Face à cela, rien à reprocher à la lumineuse Elsa Zylberstein qui s’investit et fait du mieux possible pour croire à ce projet naphtalénique, tout comme Hippolyte Girardot, confondant en Léon Blum.

Le couple est beau au cœur d’un film imperturbable. La guerre se déroule incrédule surtout quand le couple se retrouve prisonnier dans une maison jouxtant le Camp de Buchenwald. « Il y a parfois une odeur bizarre à certaines heures de la journée qui provient du camp, mais je ne saurais dire ce que s’est » dit Léon Blum à Jeanne lors d’une promenade dans le jardin en amoureux. Un dialogue à remettre dans son contexte, mais avec le recul, comment la mise en scène peut être aussi détachée d’une tragédie telle soulignée par cet instant indifférent. Même quand les murs tomberont pour prendre conscience du drame qui s’y jouait, la voix-off de Jeanne Reichenbach sera incapable de restituer la moindre émotion. Pourtant au fond du plan, l’horreur se découvre au monde, pendant que le couple ne pense qu’à s’unir et savourer enfin leur amour. 

Je ne Rêve que de Vous se démontre être un film répugnant adaptant la petite histoire au cœur de la grande librement et lâchement. Il n’y a pas le moindre instant de cinéma au cœur de cette adaptation du livre de Dominique Missika, Je vous promets de revenir : 1940-1945, le dernier combat de Léon Blum, ressemblant à de la télévision publique pour un programme de mi-semaine. Il ne manque plus que le débat en deuxième partie de soirée avec un spécialiste historique pour finir de nous convaincre d’avoir assisté à une belle arnaque.

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