Cobra Kaï, Saisons 1 & 2 : Quintessence d’une résurrection réussie

Vous souvenez-vous de votre enfance ? De vos soirées vidéo-clubs ? Vous souvenez-vous des cassettes vidéos ? De celles que vous regardiez en boucle ? La joie d’enclencher le rembobinage à peine le film terminé ? Peut-être aviez-vous également un baladeur cassette, un perfecto rouge ou encore un bandeau de ninja. Peut-être avez-vous connu un attrait soudain pour les arts martiaux après les multiples diffusions d’un seul et même film. Si vous vous reconnaissez dans cette description, c’est que nous avons eu la même enfance, et vous savez bien de quels films nous allons parler.

En 2005, la série How I Met Your Mother nous présentait le personnage aussi excentrique qu’hilarant de Barney Stinson. Cliché absolu du new-yorkais ayant réussi sa vie, toujours propre sur lui et aux mœurs légères. Fan incontesté de la licence Karate Kid, il soutiendra, tout le long de la série, que le véritable héros du film est Johnny, le bad guy interprété par William Zabdka. Il n’en fallait pas moins pour raviver nos souvenirs d’enfance et nous mettre à espérer la possibilité d’un retour des personnages que nous avions adulés enfant. Il n’en fallait pas moins non plus pour titiller les envies de l’acteur William Zabdka lui-même qui essayait de remonter un projet centré autour de son personnage dans Karate Kid.

Dans un premier temps, il souhaitait écarter Ralph Macchio (Daniel dans le film) et se confronter à un autre personnage de la franchise. Il voulait faire de Johnny un vrai héros, un personnage totalement à l’opposé de celui que nous avons connu dans le film de 1984. Il s’est vite rendu compte que ça ne marcherait pas si Ralph Macchio n’était pas de la partie. Toujours dans l’idée de donner à Johnny plus de corps et de nuances, il monte le projet en décidant de casser les clichés qui collaient aux deux personnages. Ainsi, Daniel et Johnny auraient des moments de gloire et des moments nettement plus sombres. La série Cobrai Kaï vit ainsi le jour.

34 ans après sa défaite au tournoi All-Valley Karate de 1984, Johnny Lawrence a désormais la cinquantaine et est à la dérive. Il vit dans le quartier de Reseda, bien loin du luxe d’Encino où il vivait avec son beau-père tyrannique, Sid Weinberg. Johnny a eu un fils, Robbie, avec Shannon Keene. Mais il les a tous les deux abandonnés le jour de la naissance, qui coïncide avec celui de la mort de sa mère, Laura. Après avoir perdu son emploi, Johnny va tenter de rouvrir le dojo de karaté, Cobra Kaï. Ce faisant, il ravive sa rivalité avec Daniel LaRusso qui, de son côté, a réussi dans les affaires, mais lutte pour maintenir l’équilibre dans sa vie en l’absence des conseils de son mentor, M. Miyagi. Daniel est marié à Amanda avec laquelle il a deux enfants : Samantha et Anthony. Les deux hommes font face aux démons du passé et aux frustrations du présent de la seule façon qu’ils connaissent : le karaté.

Disponible sur YouTube Red en 2018, la première saison de Cobra Kaï a reçu énormément d’avis positifs de la part des fans. Une seconde saison est très vite enclenchée et est diffusée en 2019 sur YouTube Premium. Le public est conquit. Une troisième saison est commandée et devait arriver sur YouTube Premium pour le second trimestre de 2020. Entre-temps, Netflix a racheté les droits de la série. Les deux premières saisons basculent sur la plate-forme pour la rentrée 2020. Netflix aurait dû créer l’événement en diffusant les 3 saisons d’un coup, mais à cause de l’épidémie du COVID-19, cette saison 3 est reportée pour le courant 2021. Qu’à cela ne tienne, par chez nous, Netflix est un média nettement plus prisé que YouTube Premium. La diffusion de Cobra Kaï créé un vrai événement pour les fans de la licence Karate Kid. Est-ce que la série est à la hauteur des films ? La réponse est indubitablement : oui, et plus encore !

La série trouve l’équilibre parfait entre fan-service et véritable continuité. Elle s’adresse à ceux qui connaissent vraiment bien les films. Une révision s’imposera si Karate Kid et ses trois suites (le remake est mis à part, même si Will Smith fait partie des producteurs exécutifs de la série, comme pour nous rappeler que son fils était le héros du remake) est un lointain souvenir pour vous. La série fait mention des moments les plus marquants des films, mais pas que. Presque tous les épisodes reprendront des gimmicks, des musiques des films ou même certains objets insignifiants (la médaille de guerre de M. Miyagi, les minis tambourins du Japon, le kimono du tournoi de la fin du premier film…) afin d’avancer dans son histoire. La richesse de l’écriture délisse Daniel et Johnny qui étaient de vrais clichés de films d’action des années 80. Il n’y a plus de mec trop gentil ou de mec très méchant. Nous sommes face à deux hommes qui n’ont pas réglés leurs querelles d’adolescence. Deux hommes avec des failles. Deux hommes qui feront des bons et des mauvais choix. Deux hommes tout simplement. Ralph Macchio continue de nous prouver qu’il était un acteur doué (revoyez Mon Cousin Vinny pour vous en convaincre). Mais celui qui étonne par-dessus tout c’est William Zabdka. Si on le savait à l’aise pour jouer les pourritures de service, il nous scotche littéralement en nous offrant un Johnny torturé et revanchard qui va se lancer dans une quête cathartique inespérée. Zabdka arrive à consolider les clichés inhérents aux anti-héros des années 80 (années qui l’on vu grandir) à ce qu’on attend d’un personnage de cette ampleur aujourd’hui. Johnny devient un personnage que l’on prend plaisir à suivre, pour lequel on éprouve de la compassion et avec lequel on rit énormément. Car, la seconde qualité de Cobra Kaï, est d’être vraiment drôle. À travers le prisme des années 80, la série se joue des clichés avec délectation, c’est un vrai régal.

Bien entendu, on n’échappera pas à des ficelles scénaristiques éculées. La première saison offre, à peu près, tout ce que Johnny a toujours voulu. On sera à moitié étonné de la finalité de cette dernière. Mais cette première saison n’est qu’un prétexte et une nécessité en même temps. Afin de mieux désamorcer tous les poncifs qui pourraient lui coller à la peau, elle avait besoin de bien placer ses pions. Le dernier épisode de la première saison fait basculer beaucoup de choses et ouvre des possibilités inédites pour une seconde saison encore plus forte. La seconde saison offre plus de place aux nouveaux arrivés dans l’univers. Ainsi, les jeunes personnages reproduisent les erreurs de leurs aînés, mais doivent en subir les conséquences presque immédiatement. Il y a une notion dramatique et des enjeux bien plus forts que dans les films. Le format 10 épisodes de 30 minutes est parfait, car il permet de se focaliser sur les problèmes sans trop prendre de liberté. Les épisodes sont riches et denses, on ne s’ennuie jamais. Le dernier épisode de la seconde saison rebat absolument toutes les cartes. Si la richesse d’écriture et les bonnes idées continuent de fuser, on est en droit d’attendre une suite dantesque. Le seul bémol qui colle malheureusement au format est son statut de web-série. On trouvera vraiment dommage que l’image ne soit pas mieux travaillé. L’étalonnage ressemble à n’importe quelle série tournée pour le web. Peut-être que le rachat par Netflix devrait changer tout ça. On peut espérer que si le succès est au rendez-vous, la plate-forme mettra plus de moyens dans les futures saisons. Et à la vue de tous les superbes points positifs qui regorgent de Cobra Kaï, il serait vraiment dommage que ça ne soit pas le cas. En définitive, le fait de n’avoir eu que les deux premières saisons au lieu des trois est une aubaine. Elles se complètent parfaitement et se vivent comme une seule et unique saison de 20 épisodes. 20 épisodes qui posent toutes les cartes nécessaires et qui prend le temps de bien les traiter.

Cobra Kaï est un come-back plus que réussi. La série va titiller notre corde nostalgique et rend indispensable un projet que nous n’abordions, au départ, que comme une simple madeleine de Proust. Réussir à rendre indispensable ce que nous pensions dispensable est la preuve formelle d’une totale réussite. Si vous avez grandi avec et aimé la franchise Karate Kid étant enfant, ruez vous sur Cobra Kaï, ces deux premières saisons vous raviront à merveille. Vous n’en sortirez absolument pas déçus, parole de senseï !

1 Commentaire

  1. J’aime cette série mais je suis déçue car à chaque petit combat, Cobra Kai perd toujours ! Même leurs meilleurs élèves comme L’aigle, Tory et Miguel. Surtout l’aigle qui perd contre Dimitri, ce dernier qui est nul au karaté et qui l’a en plus ridiculisé devant tout le monde. La saison 2 est toujours en faveur de Robbie et de Samantha et j’ai trouvé cela frustrant tellement tout était prévisible ! On a envi de voir les Cobra Kai mettre la raclée à ces 2 derniers.

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