Sur la Route de Compostelle : 800 km à pieds, ça use les souliers…

C’est l’histoire de gens ordinaires qui souhaitent entreprendre la marche d’un chemin extraordinaire. Celui de Camino des Santiago, 800 kilomètres traversant la France et l’Espagne jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Ici, nous ne sommes pas chez les Estevez (The Way) ou chez Coline Serreau (Saint Jacques… La Mecque), mais avec des Néo-Zélandais surpassant leurs conditions pour accomplir un défi, mais surtout s’accomplir.
Les six pèlerins que nous suivrons au fil de la marche doivent conjurer le sort d’une vie tragique. La perte d’êtres chers, les maux d’un corps abimé, voire parfois les deux, la vie ne les a point épargnés, alors il marche pour retrouver un second souffle.

Ce second souffle sera dur, le chemin étant complexe, une épreuve finale sur la vie pour mieux redémarrer, reprendre confiance et le dessus sur sa condition. Sur la Route de Compostelle est un documentaire néo-zélandais avec des Néo-Zélandais rencontrés par Noël Smyth et Fergus Grady, les deux réalisateurs, sur internet, notamment un forum ou par annonces. Ils avaient tous entrepris l’aventure parfois avant que la vie les rattrape. Julie par exemple, a perdu son mari d’un cancer du pancréas, avant de perdre son fils aîné dans un accident de rafting 16 jours plus tard. Susan est grignotée par l’arthrose tout en ayant subi plusieurs opérations sur sa colonne vertébrale en piteux état. Ces deux femmes sont le courage même, l’épreuve est dure à différents niveaux, mais elles bravent leurs destins tragiques en marchant et se remettant en question au fil des paysages majestueux de la région.
La grande qualité du film est la splendeur de sa photographie, de ses paysages sublimes captés au fil des kilomètres. Après avoir été longuement confinés, nous prenons un bol d’air insoupçonné et cela fait un bien fou. 

Sur la Route de Compostelle, nous ne suivons pas que des pèlerins absorbant des kilomètres de marche avec l’aide de leurs cannes. Les deux réalisateurs, dont c’est le premier documentaire, nous emmènent aux confins d’une expérience mystique. Non pas sur la forme ultra-classique de la réalisation (proche d’un Grand Reportage du 13h de TF1 le samedi), mais par l’épreuve de ses femmes et hommes traversant un long morceau de terre pour expier leurs ressentis et faire table rase des tragédies les ayant touchés. Il y a Terry et son beau-fils Mark qui se mettent à l’épreuve en mémoire de Maddie, morte à l’âge de 17 ans de la mucoviscidose. Mark, beau-père de Maddie, est sur la route pour entamer une vie plus saine en mémoire de sa fille. Il lui reste deux enfants, et la vie est trop chère pour ne pas en profiter chaque instant.

L’empathie nous empoigne donc à l’image de ses parcours abîmés par la vie. On se retrouve chez chacun de ses pèlerins dont les tragédies pourraient nous toucher à chaque instant. Ils deviennent les héros de leurs vies ordinaires élevées ici par un accomplissement physique et mental hors du commun. Peu de gens peuvent conclure les 800 km, et ces six-là le tentent (parfois la deuxième fois pour Terry ou Claude autre marcheuse suive) pour se mettre au défi et se rappeler au bon goût de la vie. Ils ne se connaissaient pas, mais ils vont s’associer pour allez au bout de cette aventure extraordinaire.

Susan, l’une des marcheuses.

Sur la Route de Compostelle est un documentaire fort, parfois voyeuriste, mais poignant par le destin de chacun des protagonistes dont nous suivons le parcours. Nous apprenons, au fil des 76 minutes du documentaire, la vie des personnes pour mieux comprendre cette mise en marche vers Saint-Jacques de Compostelle. Une nouvelle épreuve dans leur vie qui leur fera sans aucun doute passer un cap, donner un nouveau sens à leur vie, l’exorciser des malheurs les ayant touchés brutalement.

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