The Goya Murders : copies diaphanes…

Attention : ceci n’est pas un film de fantômes ! Producteur espagnol chevronné responsable de près d’une centaine de longs-métrages depuis le début des années 80, Gerardo Herrero s’agit dans le même temps d’un réalisateur relativement confidentiel, peu ou prou connu sur nos terres hexagonales… Sorti durant l’automne 2019 dans son pays d’origine, The Goya Murders ( autrement nommé El asesino de los caprichos par les puristes ) bénéficiera à partir du 30 juillet 2020 d’une diffusion digitale dans nos contrées franchouillardes… passable occasion pour découvrir un petit polar sans réelle envergure ni véritable attrait majeur, moins film de cinéma que produit gentiment divertissant sitôt vu, sitôt occulté.

Facilement résumable en un pitch vendeur et accrocheur, The Goya Murders joue presque exclusivement la carte de son intrigue : narrant les pérégrinations de deux femmes flics aux caractères fortement contrastés et qui enquêtent sur un tueur en série exécutant ses victimes au gré de représentations des scènes des 80 Caprices du célèbre peintre Francisco de Goya, le récit du film évoque immanquablement celui du chef d’oeuvre de David Fincher laconiquement nommé Se7en : même duo dépareillé de détectives, même invisibilité du mystérieux serial-killer, même sophistication des crimes et même difficulté à déceler un quelconque mobile… À l’instar de Fincher, Gerardo Herrero se concentre entièrement sur la découverte des cadavres et non sur l’application des crimes, laissant le spectateur obtenir les informations en même temps que le binôme constitué par Carmen et Eva.

Le film démarre en grande pompe, au gré d’un générique d’ouverture pour le moins chiadé, pratiquement manucuré : succession de close-up exposant sous toutes les coutures des bribes de toiles de Goya ; munificence des textures et des matériaux picturaux, présence hors-champ d’un assassin là sans y être, richesse du découpage… Autant dire que ces visions suggestives des meurtres alors à découvrir par les inspectrices et le spectateur ne sont pas sans rappeler le fabuleux générique de Se7en, inoubliable clip sublimant les travaux manuscrits de l’ordinaire John Doe. S’ensuit un premier quart d’heure littéralement calqué sur le film de David Fincher (du moins en termes de schèmes narratifs et psychologiques), puisque le réalisateur oppose de manière un rien binaire ses deux héroïnes : d’une part Carmen, flic aguerrie au tempérament difficile rappelant tout à trac le William Somerset incarné par Morgan Freeman dans le film de 1995 ; d’autre part la jeune et inexpérimentée Eva, femme idéaliste et potentielle nièce symbolique du David Mills interprétée par Brad Pitt plus de deux décades auparavant…

Il est évident que The Goya Murders souffre terriblement de la comparaison avec sa matrice directe et pour le moins prestigieuse, puisqu’il manque au film de Gerardo Herrero ce qui regorgeait de beautés diluviennes et déliquescentes dans Se7en : une réelle atmosphère. En répétant inlassablement les mêmes interactions et les mêmes ficelles scénaristiques et en ne fondant son métrage que sur le simple appareil de l’information narrative, le réalisateur espagnol livre un film de forme tristement télévisuelle, avare sur le plan émotionnel et lacunaire en termes de tension ; plus polar que thriller, The Goya Murders use d’énormes trucs censés dramatiser avec facilité le récit (nous vous renvoyons ici au passable obligé de la femme enceinte campée par la figure de Carmen) jusqu’à un dénouement proprement plat et sans saveurs.

Deux belles qualités sont à relever néanmoins : une utilisation du son savamment menée ainsi qu’un duo d’actrices tout à fait convaincantes (Maribel Verdu et Aura Garrido, jouant respectivement Carmen et Eva, portent en partie la réussite du film sur leurs épaules…). Pour le reste, The Goya Murders s’avère peu ambitieux et fort standardisé, ne parvenant jamais à dépasser son sujet… Un long-métrage aussi dispensable qu’anecdotique.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*