Les Marais de la Haine : Test DVD

Un film de Ferd et Beverly Sebastian – Avec Claudia Jennings, Sam Gilman, Douglas Dirkson, Clyde Ventura – Scénario : Beverly Sebastian – Musique : Ferd Sebastian – Photographie : Ferd Sebastian – Montage : Ron Johnson – Durée : 84 minutes – USA – 1974

Synopsis : Depuis la mort de ses parents, Désirée Thibodeau (Claudia Jennings) s’occupe de sa petite famille, n’hésitant pas à aller chasser l’alligator dans les marécages de sa Louisiane natale. Un jour, le fils du shérif, Billy Boy, et son copain Ben, l’aîné d’une fratrie de rednecks, la surprennent en plein braconnage. Refusant leurs avances contre leur silence, la virée tourne mal et Ben est tué accidentellement par Willy Boy. Ce dernier laisse entendre à son père que Désirée est la meurtrière. Apprenant la nouvelle, le père de Ben réunit alors ses autres fils et partent donner la chasse à la jeune femme.

Critique film : Début des années 1970, avec les succès de Délivrance et de Massacre à la tronçonneuse, les écrans de cinéma vont voir débarquer la Hicksploitation (Hick = péquenaud), générant des films d’action ou d’horreur mettant en scène des Rednecks, autochtones crasseux vivant loin de la civilisation. Ce nouveau sous-genre du cinéma, dont Hollywood s’est toujours servi dans ses productions en tant qu’antagonistes, va devenir le nœud diégétique d’aventures sauvages et parfois exotiques, voire érotiques.
Bienvenue alors dans le Bayou du fin fond de l’Amérique, en Louisiane et plus amplement dans le Sud des États-Unis où vivent une population de sauvages, souvent consanguins, reflétant les marques de l’histoire de cette région arriérée. Le cinéma d’exploitation va donc en faire son terrain de jeu populaire entre sexes et frayeurs à destination des Drive-In qui pullulent un peu partout dans les campagnes US. Les Marais de la Haine, ou en version originale Gator Bait, en sera un hit devenant avec le temps un film culte du genre «Redneck» tant il réunit tous les critères en à peine 1h24.
À savoir la sauvageonne, Désirée de son prénom, au milieu du bayou qui chasse les crocodiles, les serpents et autres bestioles infectes pour un barbecue d’enfer avec sa jeune sœur et son frère muet. Les enfants sont à la charge de l’aînée, les parents étant morts inexplicablement. Le bonheur dans cette petite maison dans le Bayou va vite prendre fin suite au meurtre du fils d’une famille de rednecks qui va prendre en chasse Désirée, accusée à tort, pour se venger. Elle va forcément ne pas se laisser-faire, image érotique de la femme forte entre Sheena et Crocodile Dundee. La jeune femme, belle à en crever, va donc s’amuser à pousser les énergumènes (un peu glandus), dont le shérif et son fils adjoint, dans le fond du Bayou pour les perdre à jamais. 

Ferd et Beverly Sebastian, scénaristes et réalisateurs du film, fomentent un scénario simple à destination de Claudia Jennings, avec qui ils avaient déjà collaboré sur The Single Girls la même année. Le rôle de Désirée lui est destiné et elle l’embrase avec un charisme fou. Claudia Jennings est la révélation de ce film préfigurant le Sans-Retour de Walter Hill qui sortira en 1981. À savoir la traque d’une bande armée par des rednecks dans le bayou. Ici, c’est Désirée seule qui se chargera de castrer cette bande d’attardés, entre féminisme avoué et un érotisme fort plastifiant Claudia Jennings en une figure iconique et pudique. Tout le film repose sur ses épaules robustes, femme de caractère et belle, alors en pleine ascension. Malheureusement elle sera fauchée dans un accident de voiture sur la Pacific Coast Highway en 1979 percutant un camion en s’assoupissant au volant. Un ange aux rousseurs érotiques aguichantes qui devait faire partie de l’équipe de Charlie dans la série Charlie’s Angels. Elle avait tout pour devenir une star, une beauté renversante et un charme ravageur qui l’avait promue Playmate de PlayBoy, après avoir été une simple secrétaire des bureaux de Hugh Hefner. Les Marais de la Haine est une sacrée découverte, entre moiteurs et crasses, au cœur de ce bayou dangereux où une plante vénéneuse aura raison de tordus libidineux après deux crimes crapuleux. La vengeance de la Femme aux Crocodiles ne laissera, sans nul doute, personne insensible. 

Test DVD :

Date de sortie vidéo : 2 octobre 2018

Informations Techniques : Image : Format 1.37 original respecté – 4/3 – Couleur / Son : Versions : français, anglais / Sous-titres : français

Image : Un transfert SD qui ne fait pas de miracles. Artus Films exploite le meilleur master disponible pour une sortie conventionnelle, mais justifiée en DVD. 

Son : Même constat au niveau du son. La VF est plus superficielle accentuant le cabotinage d’acteurs issus du cinéma d’exploitation américain. La VO est plus équilibrée et naturelle renforçant l’ambiance crasse du film.

Bonus DVD :

Rednecks et survival, par Maxime Lachaud (auteur du livre Redneck Movies) : Sur 44 minutes, Maxime Lachaud, auteur du livre référence en France sur les Redneck Movies, élabore toute la mythologie de ce type de personnages du Sud des États-Unis à travers la culture populaire américaine, passant de la caricature dans les comics-trip, l’effigie sur les devantures de magasins ou la figure dans le cinéma depuis sa création. Un module enrichissant, enregistré à la Cinémathèque de Toulouse, garnie d’images d’archives rendant l’exercice de la face-caméra ludique et divertissant.

Making of original : Un document d’époque pour la sortie des deux Gator Bait en DVD aux USA où Beverly et Ferd Sebastian répondent à un Q&A depuis leur terrasse et reviennent sur leur carrière et sur les deux films présentés, qu’ils réaliseront à dix ans d’intervalle. Le document permet d’en savoir plus sur un cinéma méconnu, un couple de scénariste/réalisateur inconnu en France qui ont pourtant rencontré le succès à la belle époque du cinéma des années 1970/1980.

Une visite chez Ferd et Beverly Sebastian : Que sont devenus Beverly et Ferd Sebastian depuis 25 ans  ? Beverly a pris la défense des Lévriers, animal exploité dans les courses, qu’elle recueille pour les faire adopter. Elle a également entamé un programme de réinsertions dans les prisons américaines avec les lévriers apportant un soutien fort aux bénéficiaires, témoignages à l’appui. Quant à Sebastian, après avoir été diagnostiqué malade du cœur, il s’est réfugié auprès de Jésus après avoir entendu une voix et senti une guérison miraculeuse. Les médecins lui prédisaient une semaine à vivre, il a, au moment du documentaire, 80 ans. Sa maladie a disparu suite à une prière. L’exploitation des deux Gator Bait est possible en incluant aujourd’hui ce module pour partager la parole du couple sur leurs actions et leurs fois en la Bible et Jésus.

Film-annonce original

Spot vidéo : Un spot publicitaire nostalgique pour CIC Vidéo exploitant à l’époque Les Marais de la Haine en VHS. Ce spot qui précédé les films achetés ou loués sur les VHS pour présenter la collection «Vidéo Première» avec à cette occasion Gator Bait, plutôt bien mis en valeur. 

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