Il était une fois dans l’est : L’amour le temps de quelques trajets

Présenté l’année dernière à la section Un certain regard de Cannes, Il était une fois dans l’est débarque finalement chez nous en VOD après avoir été prévu un temps pour une sortie salles. Le film est donc disponible en VOD dès aujourd’hui, une façon comme une autre de pouvoir le découvrir dans toute sa simplicité et sa tendresse. En dépit de son titre français un peu trompeur, (le  »il était une fois » laissant souvent augurer un film de plus grande ampleur), Il était une fois dans l’est se contente de nous raconter le quotidien de deux amants dans un petit village de Russie. Ils sont tous deux voisins et mariés. Lui, chauffeur routier, la récupère dès qu’il part en transport dans le creux d’un virage et leur relation se construit ainsi, sur la route, dans l’intimité de la cabine du camion. Mais très vite, Anna veut plus et souhaiterait un nouveau départ avec son amant. Lui craint de quitter sa femme, ne sait pas comment s’y prendre. Leur relation saura-t-elle survivre en dehors du camion ?

Avec ce nouveau long-métrage, la réalisatrice Larissa Sadilova surprend, n’ayant pas peur de se frayer dans l’intimité des personnages en flirtant avec un quotidien fort banal et finalement peu romantique. Il n’y a rien de foncièrement cinématographique dans ce qu’elle filme et pourtant elle insuffle au récit une belle tendresse et une humanité qui font du bien, loin des canons du genre. Ici pas de sentimentalisme grandiloquent, pas d’éclats de voix et d’atermoiements, simplement des personnages qui font de leur mieux et qui aspirent à une vie meilleure, à un idéal romantique sans réellement pouvoir y parvenir, coincés par leurs conditions et leurs concessions dans un petit village les empêchant de s’épanouir totalement.

Si l’on saluera la volonté de Larissa Sadilova de réaliser justement un film d’une telle simplicité, force est de constater qu’Il était une fois dans l’est manque d’une réelle ampleur émotionnelle pour pouvoir créer l’empathie avec ses personnages. Ceux-ci, condamnés par le scénario à ne pas pouvoir s’exprimer complètement, nous sont finalement un brin inaccessibles et si l’on peut comprendre aisément leurs actions, leurs faiblesses et leurs humanité, on aura bien du mal à réellement s’attacher à eux. Seule Kristina Schneider, actrice rayonnante et touchante (elle a les plus belles scènes du film dont une, inoubliable, de danse) parvient à donner le change dans le rôle d’Anna mais sa passivité face à certaines situations reste une certaine source de frustration. Loin d’en vouloir à la cinéaste de raconter une histoire finalement aussi banale, elle se retrouve malheureusement coincée par ce parti pris minimaliste, incapable de venir transcender le tout. Il en résulte un film pétri de bonnes intentions et de tendresse, très lucide et amer sur les relations humaines mais qui s’avère finalement trop anecdotique pour réellement marquer les esprits.

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