Mes Jours de Gloire : Un film peu glorieux.

Présenté à la Mostra de Venise 2019, Mes Jours de gloire est une comédie réalisée par Antoine de Bary. Toujours aux côtés de son acolyte Vincent Lacoste, c’est tout naturellement qu’il fait appel à lui pour jouer dans son premier film. Jeune prodige du cinéma français, l’acteur y joue un enfant star tombé dans l’oubli, tentant de se racheter une valeur au cinéma à l’approche de la trentaine. Il est donc pressenti pour jouer le général De Gaulle au cinéma dans un film retraçant son histoire. Dans sa reconquête de la célébrité, le jeune acteur se retrouvera confronté à de nombreuses péripéties qui modifieront progressivement ses objectifs.

Vincent Lacoste joue un jeune adulte paumé dans sa vie, Adrien, prêt à appeler les pompiers pour récupérer les clefs de maison qu’il a oublié chez lui. Un tel looser ne peut qu’être le digne successeur de son personnage dans Les Beaux Gosses. Ce qui n’est pas vraiment un compliment vu le niveau d’absurdité de la production de Riad Sattouf. Sa quête du sexe rejoint également à terme celle du premier film dans lequel on a pu le voir. Sur bien des égards d’ailleurs les deux personnages se rejoignent, comme si Adrien n’était tristement que le futur de Hervé (son personnage dans Les Beaux Gosses). Le parallèle avec le film de Riad Sattouf se discerne même dans le rôle de la mère d’Adrien, dont l’actrice Emmanuelle Devos était déjà présente au casting. Un hasard qui ne fait pas forcément bien les choses.

En réalité ce qui provoque cet effet-là est l’errance totale dans laquelle évolue Adrien. Au début il ne souhaite que trouver sa voie et se démerder par ses propres moyens. Mais plus le film avance, plus les enjeux changent. Rapidement cela se transforme en une banale quête du sexe. Ou du moins en quête d’une petite amie. Son « jemenfoutisme » absolu exacerbe rapidement le spectateur. Il se fiche de ce qu’il fait et râle quand il faut en payer les conséquences. Il joue l’image type du petit merdeux qui se fera toujours accueillir par sa mère à la maison mais qui s’insurge qu’on ne lui laisse pas tous les droits. Et dans le même temps l’aura de son interprète joue en sa faveur. Sa désinvolture face à certaines situations renforce l’effet comique escompté. Résultat on s’amuse à plusieurs reprises tout en étant agacé du personnage. Sa maladresse, ses peurs infondées sur certains problèmes de la vie (impuissance) ou encore l’innocence avec laquelle il réagit face aux gens par moment crée un décalage très vrai avec la vie de tous les jours. Certaines situations sont à la fois improbables et particulièrement crédibles créant une légère dissonance chez le spectateur.

C’est fort dommage que ce mélange soit totalement déconstruit par une structure narrative sans but. Les enjeux s’enchaînent mais ne semblent pas se suivre pour autant. On se perd d’une quête à une autre sans forcément savoir si c’est le héros qui se laisse vivre au gré de ses aventures ou s’il est vraiment contraint de changer ses plans par échec ou réussite de ses précédents objectifs. La première partie du long métrage offrait un développement curieux et intéressant quand la seconde partie se perd dans une succession de tentatives non concluantes. A titre de supposition, il reste la scène du pont qui peut apporter quelques éclaircissements. Sa chute après cette scène ne lui apporte que du bonheur et, à priori, toutes les réponses qu’il cherchait depuis lors. On peut interpréter beaucoup de choses que nous vous laisserons découvrir, mais le fait est que sa situation change du tout au tout et qu’il ne croise aucun membre de sa famille après cela. Des éléments pouvant apporter des supposées réponses même s’il est toujours un peu frustrant d’avoir recours à de tels procédés pour se forger son propre opinion.

Pour conclure il s’agit d’un film très maladroit. La volonté principale de traiter du passage à l’âge adulte d’un ancien enfant star se comprend mais la narration n’évolue pas de manière fluide. L’histoire semble s’attarder sur des étapes secondaires et les enjeux comme les rebondissements ne se succèdent pas aussi clairement qu’ils devraient. Laissant sur un amer goût d’inachevé, comme si le film n’était pas encore terminé. Ou plutôt, comme si la conclusion avait sauté plusieurs passages pour arriver plus rapidement à l’épisode final. La production reste agréable dans la mesure où le talent de Vincent Lacoste influe sur son charme à l’écran. En dehors de cela, on oubliera vite ce film en se rappelant que son titre ne reflète pas la carrière de son acteur principal lorsqu’il a décidé de jouer dedans.

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