Le Trou Noir : La magie de l’inconnu

Il y a des films, comme ça, sur lesquels écrire s’avère une expérience assez particulière, de par ce qu’ils peuvent raviver comme souvenirs à l’esprit de celui qui s’y colle. Celui-là en fait partie, pour la simple et bonne raison qu’il aura fait naître bien des fantasmes pour de nombreux enfants depuis sa sortie, même s’il est sans doute un peu moins évoqué par la jeune génération actuelle. Mais pour ceux ayant grandi à l’époque de sa sortie, et encore après, lorsque ce genre de film était encore diffusé à la télévision française, le simple fait de prononcer son titre peut rappeler de grands souvenirs. Et pourtant, si nombre de cinéphiles peuvent en parler avec des étoiles dans les yeux, peu peuvent finalement se targuer de l’avoir vu. Film rare, charriant avec lui tout un pan du cinéma populaire familial, allant des 50’s jusqu’aux 80’s, il constitue aujourd’hui, qu’on le découvre ou qu’on le revoie, la parfaite relique d’un passé bel et bien révolu, quand le cinéma était encore fait par des artisans ayant à cœur de mettre des étoiles dans les yeux avant tout, aux jeunes comme aux plus grands, avec des aventures extraordinaires et parfois cocasses, car extravagantes et exemptes du moindre cynisme.

Si la simple évocation du titre peut suffire à rappeler de bons souvenirs, cela est surtout dû à la puissance évocatrice du concept de trou noir (n’allez pas avoir l’esprit mal placé, s’il vous plaît), vecteur de tous les mystères encore aujourd’hui, et forcément fascinant pour de jeunes esprits avides d’échappées merveilleuses, de grands voyages vers l’inconnu. Et en la matière, ce fameux trou noir est un peu un cas d’école, tant son existence peut amener de théories toutes plus folles unes que les autres. Qu’est-ce qu’il y a au bout ? Peut-on en revenir ? Dans notre petite tête d’enfant, cela faisait de l’effet. Aujourd’hui en tant qu’adultes, on connait un peu plus les théories concernant ce phénomène, et un certain Christopher Nolan n’a pas manqué d’apporter sa petite pierre à cet édifice qui n’a pas fini de fasciner. Dans le cas présent, cela constitue le principal enjeu du film, et les scénaristes l’ont bien compris étant donné qu’ils ménagent bien leur effet en faisant patienter tout le film avant que les protagonistes ne puissent s’y confronter de plus près. Et que se passe-t-il en attendant ce grand moment qui a dû stimuler bien des enfants en son temps ? Et bien rien d’extraordinaire, la base de la série B science fictionnelle en somme, et c’est déjà pas mal finalement, même si forcément, l’aspect kitsch, à la limite du nanar avec nos yeux habitués à un cinéma plus tapageur, pourra éventuellement provoquer une distance ironique chez certains spectateurs incrédules.

Le film nous entraîne donc à bord d’un vaisseau d’exploration, découvrant un trou noir avec, en orbite sur son horizon, un vaisseau perdu de vue. Point de départ classique de bien des films du genre, plus ou moins familiaux, sauf que de par l’année de sa production, à savoir 1979, et en raison de son public cible, assez jeune du fait qu’il s’agit d’une production Walt Disney Pictures, le résultat est bien éloigné des classiques plus adultes, se référant plutôt à ce qui pouvait se faire dans les 50’s, mais avec des moyens plus modernes autorisant de grosses scènes d’effets spéciaux sans doute très impressionnants pour l’époque. Bien entendu, il faut accepter avant de s’y plonger que tout ceci ait fort mal vieilli en termes techniques, et prendre l’objet pour ce qu’il est, l’un des derniers représentants d’un genre qui attirait en son temps beaucoup de spectateurs, vendu à la façon des blockbusters actuels, à coup de publicité sans doute déjà bien tapageuse, promettant monts et merveilles à des chérubins qui n’avaient alors pas encore été contaminés par la folie Marvellienne ! Comprendre par là que la question de la suspension d’incrédulité ne se posait pas et que ce qui peut passer aisément pour des incongruités amusantes avec notre regard actuel devait à l’époque provoquer l’émerveillement pur et simple.

Aujourd’hui, difficile de ne pas sourire face aux dialogues scientifiques ampoulés jusqu’au grotesque et à des effets visuels que l’on dira gentiment datés, notamment des incrustations qui piquent un peu les yeux, mais n’en ont pas moins leur charme. Si l’on ajoute à ça un casting aux petits oignons (Robert Forster, Anthony Perkins …), un robot nommé Vincent au design de boite de conserve toute figée qui ne ressemble pas à grand-chose mais n’en est pas moins extrêmement amusant, et des idées scéniques comme ce tunnel traversé en s’installant sur des sièges, avec l’immensité de l’espace apparente sur les côtés, qui ont sans doute provoqué quelques vocations chez de nombreux enfants, et vous comprendrez que malgré son aspect vieillot faisant sourire plus d’une fois, il est difficile de résister à ce parfait exemple de spectacle sans prétentions, daté par la force des choses, mais dont le cœur à l’ouvrage se révèle bien plus sympathique aujourd’hui que bien des boursouflures contemporaines ringardes en temps réel. Le film est désormais disponible sur la plateforme Disney + et l’on ne peut que vous recommander de vous y coller, pour peu que vous acceptiez qu’il s’agisse d’un film de 1979 !

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