Les Vétos : Nos Amis les Hommes

Julie Manoukian, fille d’André, se dévoile au cinéma avec un premier long-métrage, Les Vétos. Consultante sur l’écriture du film Les Têtes de L’Emploi, puis co-scénariste d’Interrail avec Carmen Alessandrin, elle s’émancipe avec un film aux vertus rurales sur la condition des vétérinaires en pleine cambrousse.

Julie Manoukian s’est fait la main sur diverses séries télévisées pour TF1 et France Télévisions, dont Demain nous Appartient, Clem ou On va s’aimer un Peu Beaucoup. Maintenant place au cinéma avec Les Vétos disponible en VOD le 6 mai et en DVD le 3 juin. L’histoire simple se déroulant au cœur du Morvan où Nico (Clovis Cornillac), dernier véto du coin, se démène pour sauver ses patients, sa clinique, et sa famille. Quand Michel, son associé et mentor, lui annonce son départ à la retraite, Nico sait que le plus dur est à venir. « T’en fais pas, j’ai trouvé la relève. » Sauf que… La relève c’est Alexandra, diplômée depuis 24 heures, brillante, misanthrope, et pas du tout d’accord pour revenir s’enterrer dans le village de son enfance.

L’histoire donc d’une petite parisienne pas très sympathique qui va rencontrer les gens de la campagne pour une confrontation radicale. Mais Julie Manoukian préfère se focaliser sur la désertification médicale, un fléau contemporain qui ne touche pas seulement les généraux comme a pu le soulever Thomas Lilti dans Médecins de Campagne, mais également les vétérinaires. Pour eux, point question de temps libres, de week-end, ni de moments en famille. Alors, penser à la retraite ? Michel (Michel Jonacsz) se faufile et disparaît pour mieux laisser tout le monde se débrouiller lors d’un bel été. La seule solution pour respirer et ne pas avoir de problèmes pour partir. À l’image d’Alexandra et de ses pannes de voiture qui l’oblige un temps à rester et à continuer.

Les prétendants ne sont donc pas nombreux : qui voudrait venir s’installer dans un secteur isolé, avec des journées à rallonge et peu de jours de repos, et des clients tellement précaires qu’ils ne peuvent pas toujours payer ? Comme Nico l’explique lors d’une séquence forte, comment demander 80€ en honoraires sur un veau qui en coûtera à la vente à peine 50€ ? L’histoire dramatique de notre monde agricole qui impacte fatalement le monde médical payé en parts de quiche aux escargots et autres produits frais. Pourtant, la présence des vétos est forcément cruciale à la vie des villages et à la survie de l’agriculture. Sans vétérinaire, plus d’élevages, et c’est tout un écosystème qui s’effondrerait fatalement. La dure vie moderne dans nos campagnes au cœur d’un long-métrage bienveillant, cousu de fil blanc pour distraire les petits et grands, tout en alarmant posément sur la crise qui s’agite en dehors du périphérique.

Les Vétos est un long-métrage inoffensif au casting trois étoiles croyant au projet et s’investissant brillamment dans les rôles. Clovis Cornillac est toujours impeccable dans le rôle du bon Nico, mais c’est Noémie Schmidt qui s’impose au cœur de cette gentille troupe dans le rôle d’Alexandra. Si elle avait peiné à nous convaincre dans L’Étudiante et Monsieur Henri, elle est ici une remarquable vétérinaire qui apprend à aimer l’humain en soignant les animaux. Elle panse avec délicatesse un escargot et trouve le mal d’être de compagnons de certains humains désespérés. Si le film de Julie Manoukian n’est pas une vitrine luxueuse comme Versailles peut l’être pour la jeune actrice qui y incarne Henriette d’Angleterre, elle y trouve un certain confort pour un rôle simple et solaire au gré d’un métrage engageant et tendre.

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