L’Homme de Berlin : Test Blu-Ray

Réalisateur : Carol Reed / Casting: James Mason; Claire Bloom; Hildegard Knef, Geoffrey Toone, Aribert Wäscher, Karl John, Reinhard Kolldehoff / Genre : Thriller-Noir / Compositeur : John Addison / Date de sortie : 1953 / Durée : 100 min / Pays : Angleterre /

Synopsis: Venue rendre visite à son frère Martin à Berlin-Ouest, Susan Mallison rencontre Ivo Kern, un ami de Bettina, l’épouse de Martin. Elle découvre que l’homme est le mari de Bettina que celle-ci croyait mort. Ivo est en réalité un agent d’espionnage de l’Est qui force sa femme à travailler pour lui. Son chef, Halendar, décide de kidnapper Bettina pour la forcer à livrer un de ses amis, Olaf Kastner, responsable d’un réseau d’évasion vers l’Ouest. Mais les agents se trompent et enlèvent Susan. Tombé amoureux de celle-ci, Ivo décide de la sauver.

Critique film: Dès l’ouverture du film à l’arrivée de Susan à l’aéroport de Berlin, le suspense est présent et nous happe au cœur d’un film froid. L’Homme de Berlin (The Man Between en VO) va crescendo, Carol Reed ne perdant pas de temps à expliquer et installer les personnages. Aux spectateurs d’être vigilants quitte à être parfois perdus.
L’attention est demandée pour un grand film méconnu qui fait suite au Troisième Homme dans la carrière de Carol Reed, également producteur sur le film. Il est alors complexe pour The Man Between de s’émanciper, chef-d’oeuvre quelque peu méprisé, car étant moins étoffé et plus lumineux que le précédent film du réalisateur anglais avec Joseph Cotten et Orson Welles.

L’Homme de Berlin est un film d’espionnage convoquant les codes du noir pour créer une ambiance d’insécurité permanente sur le fil de la frontière entre Berlin Ouest et Berlin Est. Carol Reed installe son film au cœur d’un pays coupé en deux, malade et en reconstruction. Le décor est social par d’innombrables plans des champs de ruines, des immeubles détruits et des pauvres alignés pour la soupe populaire. Son dernier acte se déroulera ainsi sur un chantier, grand moment du film, avant que les deux héros se réfugient dans la chambre d’une prostituée pour se cacher et une nuit d’amour.
L’amour justement qui se noue entre Susan et Ivo en même temps que le récit d’espionnage entre agents mafieux enlevant des personnalités pour le compte des Russes. L’histoire est aussi trouble que le film, Carol Reed s’appuyant sur la ville par son ambiance et sur l’amour naissant entre les deux protagonistes principaux pour nous happer dans une course pour la liberté. L’échappatoire est forcément noire, dramatique par un dernier plan fort, de ceux des grands films, du grand cinéma qu’est The Man Between.

L’Homme de Berlin est un classique longtemps oublié à (re)découvrir de ce pas. James Mason y trouve à nouveau un rôle ambivalent, trouble, de ceux dont il est accoutumé comme chez Stanley Kubrick pour Lolita, chez George Cukor pour Une Étoile est Née ou encore chez Joseph Mankiewicz dans L’Affaire Cicéron. Loin d’être un foudre de charme, James Mason captive et subjugue à être. Loin des acteurs incarnant, il est le personnage se confondant et s’oubliant pour mieux nous aider à être happé dans le récit. Son amour avec Claire Bloom est palpable et du coup sincère faisant de la dernière séquence un déchirement total. Claire Bloom se découvre sous le clair-obscur de Carol Reed. Actrice timide à la carrière ample, mais évanescente, elle se révèle dans l’un de ses grands faits de carrière. Au cœur du film, elle arrive enfant pour devenir une femme éprise et prise dans les tourments d’une ville au passé douloureux et au présent las. Un tout qui fait alors de L’Homme de Berlin un grand film devenu classique. Un long-métrage captivant subjuguant par une maîtrise totale d’un Carol Reed forcené ayant fait travailler trois équipes complètes pour finir sa production en dix semaines au lieu des 30 prévues. Un grand metteur en scène, mais aussi un sacré producteur.

Test Blu-ray :

Date de sortie vidéo : 5 mars 2019

Informations Techniques: Vidéo: Mpeg4 – AVC – Format cinéma : 1.37 : 1 – Résolution : 1080p24 / Son : Langues : Anglais Dolby Digital 2.0 – Sous-titres: Français (imposés)

Image : Tamasa pioche dans le catalogue StudioCanal pour agrémenter sa collection fournie du cinéma Britannique, dont il est l’un des spécialistes sur le marché français. Tamasa est plutôt novice en termes de Haute-Définition préférant généralement des sorties conventionnelles en DVD/digipack de belles factures soit dit en passant. D’entrée, nous sommes rassurés par la qualité du Master 2K restaurée ayant également bénéficié d’une ressortie en salles. La copie est nettoyée dont on pourra reprocher quelques marques et poussières, surtout dues à l’ancienneté du matériel ayant servi à la restauration. Malgré tout, la copie est agréable, stable pour un rendu haute définition avec une jolie patine. Le grain cinéma a été atténué, mais reste bel et bien présent. L’Homme de Berlin trouve donc un bel écrin lumineux pour une belle ressortie en Blu-Ray dans un digipack du plus bel effet. À posséder sur-le-champ.

Son : On reprochera à Tamasa de s’adresser aux cinéphiles avertis en ne proposant qu’une piste VO avec sous-titre français. Le mono est daté, mais reste agréable, les voix, l’ambiance et la musique sont d’une clarté surprenante et d’un bon équilibre comme pour la séquence dans la boite de nuit. 

Bonus Blu-ray:

Carol Reed – Un Doux Regard (44min): Un documentaire précieux où les plus proches amis de Carol Reed et les collaborateurs les plus précieux reviennent sur l’homme et l’artiste. De son enfance via son meilleur ami ou son parcours allant du théâtre au cinéma, les grandes étapes de la carrière de Carol Reed, considéré comme l’un des meilleurs réalisateurs britanniques, sont passées au crible.
Ainsi, le documentaire réalisé par Andy Kelleher démarre du premier film de Reed, Odd Man Out jusqu’à Oliver !, l’un des derniers grands films de l’homme. Forcément, une grande partie est consacrée au Troisième Homme, chef-d’œuvre de Carol Reed, entre son tournage à Vienne et la participation d’Orson Welles en tant qu’acteur. On reprochera l’absence de point de vue sur L’Homme de Berlin, mais le documentaire narre la mésaventure de Carol Reed à Hollywood, notamment sur Les Révoltés du Bounty où il a eu mal à faire avec Marlon Brando, alors caractériel et superstar.
Les invités content la stature d’un réalisateur au caractère fort, mais apprécié, adorant ses amis et son fils. Il distingue la femme de Reed, d’un soutien de chaque instant pour le réalisateur. Le documentaire se conclut sur une grande part sur le tournage d’Oliver !, comédie musicale dont Carol Reed n’appréciait que peu le genre, mais a su dépasser ses goûts pour transcender la pièce pour en faire un véritable film de cinéma.
Carol Reed était un metteur en scène moderne adorant les extérieurs à contrario des tournages factices en studio. Il a su dynamiser le cinéma britannique pour l’installer comme une valeur sûre dont on retiendra forcément Le Troisième Homme, sans oublier le chef-d’œuvre méconnu L’Homme de Berlin avec James Mason et Claire Bloom.

Claire Bloom – Entretien : Sur une dizaine de minutes, nous retrouvons l’actrice Claire Bloom qui revient sur son expérience sur L’Homme de Berlin, expérience malheureuse pour elle. En effet, l’entente fut loin d’être cordiale avec Carol Reed, qu’elle estime tout de même comme un grand réalisateur. Elle revient aussi sur son début de carrière avec Charlie Chaplin sur Les Feux de la Rampe, bien aidée par sa petite taille, adéquate pour s’accommoder avec celle de Charlot. Ainsi ce premier film la fera signer un contrat avec Alexandre Korda qui l’engagera pour L’Homme de Berlin. L’actrice anglaise revient également sur son partenaire à l’écran, James Mason, homme doux et discret qui évitait la surexposition, lui star à l’époque du cinéma anglais. Un entretien agréable d’une actrice d’une bonté rare qui a su profiter d’une carrière modeste jugulée par quelques grands films et de grandes rencontres.

James Mason – Entretien (40 min) : Le module est un entretien audio lors d’une rétrospective consacrée à l’acteur en 1967 fourni par la BFI National Archive.
Nous ne cacherons pas que d’écouter la retransmission n’est pas des plus agréable. Nous ne trouvons peu d’intérêts d’inclure ce type de module en dépit du fait d’entendre James Mason répondre avec bonhommie aux spectateurs présents dans la salle. Il revient volontiers sur sa carrière délivrant quelques anecdotes amusantes et cocasses, parle du jeu d’acteur en général et revient sur ses expériences anglaises et à Hollywood. Dans le même style, nous avions eu le droit sur le Blu-ray de La Rose et la Flèche édité par Rimini Éditions de la Masterclass captivante de Sean Connery en images permettant de profiter du flegme et du charisme de l’acteur. Ici, il faudra imaginer et bien être concentré à suivre quatre images en fond tout en essayant de se défaire de la voix-off féminine reposant la voix de l’acteur. Un bonus qui gâche quelque peu l’édition. 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*