Les mondes parallèles : ambitieux mais décevant

On ne peut que se réjouir de voir des films d’animation japonais débarquer de plus en plus souvent sur nos écrans de cinéma, mouvement initié par des distributeurs courageux comme Eurozoom à qui l’on doit les découvertes des premiers Mamoru Hosoda et des films de Keiichi Hara en France. Cette fois-ci, le distributeur accompagne une fois de plus un cinéaste à la rencontre du public français, Yuhei Sakuragi réalisant avec Les mondes parallèles son premier film.

Les mondes parallèles porte en lui une sévère contradiction. De par sa technique d’animation, conçue numériquement avec l’aide d’une intelligence artificielle allant jusqu’à aider à travailler le mouvement des personnages (une première !), le film se veut profondément original et innovant. Et si l’on ne peut que saluer cette envie de faire de ‘’l’animation en image de synthèse intelligente’’, on est aussi en droit de regretter que cette technique ne soit pas encore au point concernant les animations lentes et subtiles, essentiellement centrées sur les visages des personnages. En effet, le rendu est saccadé et totalement irréaliste, proche d’un jeu vidéo et cette étrange sensation d’avoir devant nous des personnages artificiels n’aide en aucun cas à avoir de l’empathie pour eux.

La force de cette technique se révèle essentiellement dans le troisième acte du film, ébouriffant morceau de bravoure bourré d’action et dont la nervosité et la tension sont un véritable plaisir à ressentir jusque dans nos tripes. Malheureusement, avant d’en arriver là, Les mondes parallèles patauge un peu dans la semoule, incapable de proposer une histoire véritablement innovante, contrairement à la technologie employée pour donner vie à cet univers. En effet, avec cette histoire de monde parallèle au nôtre qui nous menace de la destruction, Yuhei Sakuragi ne fait que prolonger l’héritage de ses contemporains, notamment celui de Makoto Shinkai sans pour autant y apporter une once d’originalité. Les références nombreuses, de Terminator 2 à Evangelion, viennent ainsi écraser le récit plus qu’autre chose, l’empêchant cruellement de trouver sa propre voix.

Si le spectacle offert par Les mondes parallèles n’en demeure pas moins impressionnant de par son architecture, sa colorimétrie et son ambition technique, il est fort dommage de constater que la technologie utilisée pour le réaliser n’impressionne guère et que son rendu voulu si réaliste est loin d’avoir la force émotionnelle d’une animation plus classique et plus artisanale. Il manque surtout à Yuhei Sakuragi un vrai univers tangible et original à mettre en place pour pouvoir donner à sa technique d’animation toute la place nécessaire à son épanouissement. On le lui souhaite vivement pour son deuxième film que l’on guettera avec impatience, Les mondes parallèles étant, dans ses meilleurs moments, d’une belle qualité.

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