Meurs un autre jour (2002) : « Vodka Martini avec de la glace, s’il vous en reste… »

James Bond

Quatrième et dernière aventure pour Pierce Brosnan. Gros succès au box office avec 543 millions de dollars récoltés dans le monde, cela laisse planer le doute quant à un possible cinquième épisode avec le comédien dans le rôle. En effet, son contrat laissait la possibilité de 5 films, et une sortie était prévue pour 2005. Mais en octobre 2003, l’acteur s’envole vers les Bahamas pour y tourner le piteux Coup d’éclat de Brett Ratner. C’est le début de la fin puisque pendant le tournage, Brosnan reçoit un coup de téléphone des producteurs lui annonçant que les négociations ont échoué et qu’un successeur est donc recherché. Triste nouvelle pour les fans, puisque quoi que l’on pense de certains des films de la saga dans lesquels il sera apparu, nul ne pourra remettre en cause l’implication de ce dernier et sa prestance dans le rôle mythique. Si l’on pouvait déceler un tant soit peu de lassitude dans le précédent film, qui était sans doute due au scénario faiblard de ce dernier, il est ici impeccable, s’acquérant de sa tâche avec panache, malgré un contenu qui prêtera à discussions.

Objet de pure surenchère pyrotechnique parfaitement en phase avec son époque (c’est Lee Tamahori qui est aux commandes), on pouvait espérer mieux pour les adieux de Brosnan au personnage, même si lors de sa conception, le doute était encore permis quant à son possible retour. Quoi qu’il en soit, si le film pique aujourd’hui les yeux, l’acteur s’en tire avec les honneurs et l’on a toujours un vrai plaisir à revoir tous les films de sa période, tranchant clairement dans l’esprit avec l’ère Craig, plus cérébrale. Et il est à noter qu’avant cet ultime épisode, l’acteur aura fait un tour chez John Boorman dans Le Tailleur de Panama, dans lequel il jouait un peu de son image d’agent séducteur, ici transformé en agent cynique et misogyne (ce qu’a toujours été James Bond, du moins dans les premiers temps), mais ici débarrassé de tout ce qu’il pouvait rester de séduction chez le célèbre agent britannique. Et il récidivera dans ce type d’emploi cassant son image un peu lisse, dans The Matador (réalisé en 2005), dans la peau d’un tueur à gages dépressif.

L’ordre de mission

Alors qu’il est en Corée du Nord dans le cadre d’une enquête sur un trafic d’armes et de diamants provenant de Sierra Leone, Bond est trahi et après une poursuite menant à la mort du colonel Moon, qui dirigeait ledit trafic, il se retrouve emprisonné et torturé durant plus d’un an. Après cette année de captivité, il est enfin libéré dans le cadre d’un échange avec Zao, ex-homme de main du colonel, seul à connaître l’identité du traître.

Agissant tout d’abord en solitaire, suite à son abandon par le MI6, il va passer de Hong-Kong à Londres en passant par Cuba afin de découvrir l’identité du traître, et y faire la connaissance de Gustav Graves, dont il a retrouvé des diamants dans les mains de Zao, ainsi que de Jinx, femme mystérieuse aux deux identités …

Par la suite, M lui proposera de le réintégrer et l’enverra de manière plus traditionnelle jusqu’en Islande, où il fera la connaissance de Miranda Frost, agent du MI6, tandis qu’il commence à comprendre le projet de Graves …

Antagoniste

Zao, comme expliqué rapidement au-dessus, est l’homme de main du colonel Moon, mort durant la mission en Corée du Nord. Libéré malgré  eux par le MI6, il apparaît le visage diamanté, suite à l’accident initial. Bond le retrouve une première fois dans une clinique à Cuba, dirigée par le docteur Alvarez, ayant créé une technologie permettant de modifier considérablement les traits physiques d’une personne afin de lui donner une nouvelle identité, bien évidemment contre des sommes très élevées. Son aspect physique est donc très différent, entre son teint pâle et son absence de cheveux. Il paye le docteur en diamants africains portant la marque du richissime diamantaire Gustav Graves.

Ce dernier a donc fait fortune dans les mines de diamants, et après une première rencontre à Londres où Bond le défie dans un club d’escrime (l’occasion d’apercevoir un court instant la Ciccone, autrice de l’horrible chanson du générique totalement hors sujet), ce dernier le retrouve en Islande, où Graves dévoile un gigantesque palais des glaces, et son projet Icare soi-disant humanitaire, à savoir un satellite en orbite basse qui déploie sous les yeux ébahis de l’assistance une grande parabole réfléchissante. À la façon d’un miroir géant, la parabole permet à la lumière du soleil de réfléchir et d’inonder le lieu de lumière. Plus tard, la véritable fonction d’Icare apparaît à travers un canon concentrant en son cœur la lumière solaire dans le but d’en faire un rayon destructeur. C’est à ce moment que le film bascule réellement dans l’outrance la plus totale, qui, lorsqu’on le découvre en salles très jeune (ce qui était le cas de votre serviteur) fait forcément son effet, mais qui fait l’effet d’une cruelle désillusion lorsqu’on le revoit plusieurs années plus tard, la maturité  n’allant pas de pair avec pareil spectacle. On se croirait plongé dans de la SF absurde, sans l’aspect aventures pulp des premiers épisodes dont la naïveté fait aujourd’hui le charme. À noter enfin, concernant Graves, qu’il y a évidemment un « twist » sur lequel on ne s’attardera pas, mais qui fait sourire par son aspect capillotracté.

James Bond Girl

Jinx est donc cette femme rencontrée par Bond à Cuba, la première qu’il mettra dans son lit, et qui apparaît en hommage à la toute première James Bond Girl de l’histoire, à savoir Ursula Andress dans James Bond contre Dr. No (lorsqu’elle sortait de l’eau dans son fameux bikini). Ici interprétée par Halle Berry (tout juste auréolée de son Oscar pour À l’ombre de la haine), elle est évidemment plus moderne, n’étant plus uniquement là pour servir de repos du guerrier, puisqu’elle agit dans son coin, pour finir par faire équipe avec Bond contre l’autre James Bond Girl, interprétée par une toute jeune Rosamund Pike (plusieurs années avant de traumatiser les mâles du monde entier avec son rôle dans Gone Girl) !

En disant ça, on spoile un peu une révélation tardive, mais ce n’est pas comme si le film datait d’aujourd’hui, et même si l’on essaie de prendre le maximum de précautions dans ce que l’on écrit, il semble difficile rétrospectivement de s’attaquer au film sans rentrer un minimum dans les détails. Cette dernière joue donc une antagoniste, que nous avons préféré garder pour cette partie, étant clairement la 2èmegirl autour de qui le film a été vendu (et que Bond mettra également dans son lit, car à l’époque il n’était pas encore l’être torturé de l’ère Daniel Craig et ne se posait pas de questions existentielles en la matière, même après être sorti de 14 mois de geôles Nord-coréennes) !

Section Q

Repris par John Cleese suite au décès de son prédécesseur Desmon Llewelyn juste après la sortie du Monde ne suffit pas, le fameux Q trouve ici un film à la démesure de ses talents puisque les gadgets à l’œuvre ici dépassent tout ce que l’on avait pu voir avant. À commencer par la voiture, une Aston Martin V12 Vanquish au siège éjectable, à la mitrailleuse à visée laser, également équipée de torpilles et de pneus cloutés (jusqu’ici tout est normal), et, comble du comble, en camouflage évolutif rendant le véhicule … invisible. Lorsque Q présente la chose à Bond, ce dernier se moque face au vide qu’il a en face de lui, et se retrouve bien évidemment à court de blagues lorsque le véhicule lui apparaît. Elle se retrouve au cœur d’une scène particulièrement stupide (mais spectaculaire), une poursuite sur les glaces, puis dans le palais, synthétisant le projet dans son ensemble.
Citons également une bague avec agitateur sonore à très haute fréquence pouvant briser des vitres, et l’habituelle montre Oméga équipée d’un détonateur et d’un laser.

1 Rétrolien / Ping

  1. Édito – Semaine 11 -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*