27e Festival International du Film Fantastique de Gérardmer – Jour 3

La pluie, c’est sous la pluie que nous entamons cette troisième journée autour du Lac de Gérardmer. Une pluie qui ne s’arrêtera pas de la journée nous tombant dessus entre finesse et brutalité par moment. 
Ce qui ne nous empêche pas de braver les rues de la ville pour filer de salles en salles. Une 3e journée de festival chargée et l’on commence à 9h au Casino avec 1BR – The Apartment. Le premier film de David Marmor qui, après une multitude de courts-métrages primés, se lance dans l’exercice du long avec une certaine dextérité. Le film lorgne au départ du côté de Roman Polanski entre Rosemary’s Baby et Le Locataire. Puis il s’aventure sur une vague plus moderne convoquant M.Night Shyamalan, en quelque sorte un autre héritier du cinéma de Polanski, même si on lui décéléra plus d’affinités avec Hitchcock et Spielberg. 
1BR – The Apartment n’est au final pas dénué d’intérêts. L’histoire de Sarah qui laisse derrière elle un passé douloureux souhaitant poursuivre ses rêves ailleurs. Elle déménage sur Los Angeles et déniche l’appartement parfait à Hollywood. Mais quelque chose cloche. Incapable de passer une nuit sans entendre d’étranges bruits stridents et menaçants, sa nouvelle vie commence plutôt mal. Le temps qu’elle découvre la sinistre vérité, il est déjà trop tard. Prise dans un cauchemar éveillé, Sarah doit trouver la force de s’accrocher à sa raison… ou rester à jamais prisonnière d’un enfer existentiel. Surtout que David Marmor enferme Sarah au cœur d’un système oppressant, miroir de notre société actuelle. D’un côté l’exemplarité d’une communauté qui souhaite recadrer l’humain dans ses fondements les plus purs et d’un autre le patriarcat qui souhaite tout contrôler et asservir pour une question d’égoïsme. On ne peut s’empêcher de remarquer une critique de l’Amérique sous Trump et les modifications que cela engendre sur le monde entier entre recherche de la pureté, égoïsme et patriotisme exacerbé. Le cri d’alarme se fait bien entendre à travers ce premier film concis et malin.

1 BR – The Apartment

On reste au Casino et sous la pluie pour la projection suivante, à savoir l’une des séances cultes du festival, Le Crocodile de la Mort. Le film de Tobe Hooper va bientôt ressortir en DVD & Blu-ray chez Carlotta Films, l’occasion était trop belle pour le découvrir en salles. Un film surprenant par le fait de remarquer que Tobe Hooper ressasse en gros ses tics de mises en scène entre un filtre rouge accrocheur et une hystérie entre pastiche des EC Comics des années 50 et le cinéma d’horreur des années 70 qui convoque sans vergogne Massacre à la Tronçonneuse. Hooper cite ce dernier en permanence au cœur de ce bayou où sévit un crocodile, pourtant enfermé dans un enclos, qui servira ici de parallèle évident à Leatherface. Le croco fera autant de victimes que le cannibale, dont Snoopy, gentil petit chien qui servira d’apéritif avant le plat principal que sera la foultitude de clients pour un hôtel sordide faisant bizarrement le plein pour les besoins du film.

Le Crocodile de la Mort

La pluie nous laisse un peu de temps pour remonter jusqu’à la MCL pour découvrir un film québécois sous-titrés anglais, Répertoire des Villes Disparues. Ce qui procure un côté comique involontaire pour des festivaliers fatigués pas forcément prêts à assimilés certaines tournures du français québécois. 
Plus sérieusement, le film réalisé par Denis Côté se déroule à Irénée-les-Neiges, une bourgade perdue qui compte à peine 215 âmes, un accident de la route coûte la vie à Simon Dubé, un jeune homme dans la fleur de l’âge. Choqués, les habitants n’osent pas évoquer les circonstances de la tragédie. Dorénavant, pour la famille Dubé, la mairesse du village et une poignée d’autres, le temps semble se rompre et les jours flotter sans fin. En cette période de deuil et de brouillard, quelque chose s’abat lentement sur la région et des inconnus commencent à apparaître…
Nous n’avons pas tout saisie les intentions du réalisateur qui convoque des figures fantastiques religieuses tout en convoquant des revenants passifs renvoyant beaucoup trop directement à ceux du film (et de la série Canal+), Les Revenants de Robin Campillo. Loin d’être convaincus donc nous avons été par ce film (qui nous fait écrire comme Yoda)…

Helen Hunt dans I See You

La pluie donc, toujours l’éternel pluie qui nous gâche le voyage et n’était pas prévue au programme de cette 27e édition. Bref, nous faisons avec, bien camouflé sous notre poncho façon David Dunn. Le temps d’une petite sieste nécessaire après la projection de Répertoire des Villes Disparues, nous rejoignons de nouveau la MCL pour la projection du film réalisé par Adam Randall, I See You. Nous avions ratés la présentation du film lors de la dernière édition du PIFFF pour causes de gréves et des manifestions des cheminots.
L’occasion est donc parfaite pour rattraper un film au scénario malin et à la mise en scène inspirée pour un thriller qui saura combler vos soirées de week-end. Pour en savoir un peu plus, la critique d’Alexandre est disponible sur le site. I See You devrait bénéficier d’une sortie vidéo dans l’année, le film étant sous l’égide de Program Store et L’Atelier Images.

Une Fille pour le Diable

Le temps d’aller se restaurer à La Soupe aux Choux, fameux établissement de Gérardmer par lequel on passe au moins une fois par an, nous rejoignons sous la douleur intensive de nos ampoules aux pieds l’Espace Lac pour la nuit Hammer. L’occasion était trop belle de revoir certains titres sur grand écran dont Docteur Jekyll & Sister Hyde. Malheureusement notre niveau de fatigue est tel que nous tenons le coup juste le temps de la projection pour Une Fille pour le Diable de Peter Sykes sortie en 1976. Un casting de vieilles tronches gratinées dont la superbe Honor Blackmann de sa voix rauque aidant Richard Widmark à protéger Natassja Kinski des griffes d’un prêtre occulte incarné par Christopher Lee. Les dernières grandes heures de la Hammer dont nous nous échappons dès le premier film attirer par notre lit et une nuit salvatrice. Le rattrapage du second film de Peter Sykes de la soirée se basant sur l’histoire de Jekyll avec Martine Beswick étant déjà programmé à notre retour.

Ralph Bates, Martine Beswick pour Docteur Jekyll & Sister Hyde

Concernant la journée du Samedi, les premières interviews débuteront avec la rencontre de Keith Thomas pour la sortie de The Vigil en salles prochainement chez Wild Bunch. On vous en parle plus amplement dans le journal de bord demain.

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