Dangereusement vôtre (1985) : « Un examen approfondi s’impose… »

James Bond

Dernière mission pour Roger Moore dans le costume élégant de l’agent 007. À 57 ans au moment du tournage, l’acteur, qui se demandait déjà depuis un moment s’il n’était pas trop vieux pour ces conneries, apprend que la mère de Tanya Roberts, sa partenaire à l’écran, est plus jeune que lui ! C’en est trop pour lui qui décide de raccrocher après ce septième film dans la peau de James Bond. Ce qui fait de lui l’acteur ayant incarné le personnage le plus de fois au sein de la saga officielle car si l’on compte Jamais plus jamais, Sean Connery l’aura également incarné à sept reprises. Par la suite, Moore ne fera rien de transcendant de sa carrière, trouvant des rôles çà et là sans jamais retrouver de personnage à la hauteur de l’agent 007.

L’ordre de mission

En Sibérie, James Bond récupère sur le cadavre de l’agent 003 une puce électronique ultra-secrète, censée résister aux impulsions électromagnétiques. La puce est fabriquée par Zorin Industries et Bond se demande si Zorin, riche industriel, ne l’aurait pas donnée de lui-même aux Russes. Il va donc enquêter sur Zorin et découvrir que celui-ci est le fruit d’une expérience génétique douteuse, censée créer un être parfait selon la philosophie des nazis. Dangereux psychopathe échappant au contrôle de ses supérieurs russes, Zorin n’en fait qu’à sa tête et a élaboré un plan pour inonder la Silicon Valley et ainsi asseoir sa domination sur le marché des puces électroniques. Bond devra l’arrêter avant qu’il ne mette son plan à exécution…

Pour tirer sa révérence dans le costume de Bond, Roger Moore aurait pu hériter d’un pire film. Loin du grand n’importe quoi scénaristique d’Octopussy et de ses clichés sur l’Inde, Dangereusement vôtre se la joue un peu plus réaliste et surtout largement plus spectaculaire. On pourra ainsi apprécier une course-poursuite sur la Tour Eiffel, une autre dans les rues de San Francisco avec un camion de pompier et surtout, clou du spectacle, un affrontement entre Bond et Zorin sur le Golden Gate, morceau de bravoure impressionnant qui tient encore sacrément bien la route aujourd’hui.

Certes, les cascadeurs doublant Moore sont si visibles que ça en devient un véritable running-gag, le scénario fait énormément de remplissage pour tenir sur deux heures et la pauvre James Bond Girl n’a pas grand-chose à jouer. Mais Dangereusement vôtre, en plus de bénéficier d’une des meilleures chansons de générique de la saga (A View to a Kill de Duran Duran, sacrément bien classée dans les charts à l’époque) a pour lui deux gros atouts, les présences magnétiques de Christopher Walken et Grace Jones, formant un duo d’antagonistes soufflant le chaud et le froid avec une belle alchimie.

Antagoniste

Max Zorin, fruit d’une expérience génétique d’un scientifique nazi récupéré par les russes à la fin de la seconde guerre mondiale, est un dandy froid et calculateur, véritable psychopathe en puissance, n’ayant aucune pitié pour ceux se mettant en travers de son chemin. Sans remords (il n’hésite pas à abandonner May Day quand ça l’arrange alors qu’elle a toujours été à ses côtés) et incontrôlable, sa soif de pouvoir semble n’avoir aucune limite. Si l’on aurait aimé que le scénario aille encore plus loin dans l’exploration du passé du personnage et de sa naissance, force est de constater que Zorin marque véritable les esprits grâce à la prestation de Christopher Walken, absolument impeccable dans le rôle. L’acteur s’y montre à son aise habituelle, y allant de ses petits regards froids et de ses expressions qui n’appartiennent qu’à lui. Sa scène de mort, parfaitement mémorable via le petit rire qu’a Zorin avant de chuter du Golden Gate, montre bien combien la prestation de Walken rehausse le personnage. Nul besoin de s’étendre sur la carrière qu’il aura par la suite, Walken naviguant avec une aisance qui lui est propre dans les eaux du cinéma avec de fructueuses collaborations, avec Abel Ferrara notamment.

Bien plus marquante que la James Bond Girl de service, May Day est la femme à tout faire de Zorin. Tueuse impitoyable, maîtrisant aussi bien les arts martiaux que des techniques d’assassinat plus discrètes, elle est d’une grande force et d’une loyauté à toute épreuve… Du moins jusqu’à ce que Zorin décide de la laisser pour morte dans une mine. Réalisant combien elle a été trahie, elle se sacrifie dans un ultime élan de bravoure pour sauver la Silicon Valley. Si le rôle est secondaire et guère bavard, la présence magnétique de Grace Jones suffit amplement à rendre son personnage marquant, l’actrice s’y montrant aussi sensuelle que terrifiante. Peut-être le rôle le plus marquant de sa courte carrière d’actrice (avec celui de Zula dans Conan le destructeur), Grace Jones se concentrant essentiellement sur sa carrière de chanteuse.

À noter de façon amusante les présences secondaires dans des rôles d’antagonistes de Patrick Bauchau, acteur belge prolifique à l’international mais aussi de la jeune Alison Doody dans le rôle de Jenny Flex, l’actrice se faisant remarquer 4 ans plus tard pour son rôle de la sensuelle Elsa Schneider dans Indiana Jones et la dernière croisade. Et pure figuration, la présence au second plan de Dolph Lundgren lors d’une scène, l’acteur débutant ayant obtenu ce petit temps de présence grâce à sa petite amie de l’époque qui n’était autre que Grace Jones.

James Bond Girl

Stacey Sutton, héritière d’un empire pétrolier flouée par Zorin qui a racheté l’entreprise familiale, est une géologue décidée à ne pas se laisser racheter par Zorin. Dangereuse pour Zorin, elle est sauvée d’une tentative d’assassinat par Bond qui lui cuisinera une quiche, la sauvera de tous les dangers se présentant par la suite et finira par la mettre dans son lit. La pauvre Tanya Roberts (déjà connue du grand public pour son rôle dans Drôle de dames) n’hérite donc pas du meilleur rôle du film, son personnage se contentant d’être belle, de sortir une info de temps en temps avant de geindre pour que Bond la sauve. Par la suite, Roberts connaîtra une carrière émaillée de nombreux films et téléfilms tous plus oubliables les uns que les autres.

Section Q

Outre la fameuse puce électronique conçue par Zorin Industries (ci-dessus), on peut apercevoir plusieurs gadgets dans Dangereusement vôtre : un rasoir détecteur de micros, un simple enregistreur destiné à tromper les dits-micros, des lunettes permettant de voir à travers les vitres, une bague prenant des photos et un chien robot qui fait caméra. Zorin n’est pas en reste non plus puisqu’il a un ordinateur superpuissant capable de découvrir l’identité de Bond en trois secondes (l’agent 007 a la classe mais n’est décidément pas discret) et un dirigeable facile à cacher dans une cabane avant de le déployer.

1 Rétrolien / Ping

  1. Tuer n'est pas jouer (1987) : "Mon intérêt est purement professionnel" -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*