Comment élever un Super-Héros – Saison 1 : D’Amour et de Twix

Les supers-héros envahissent les écrans de cinéma, mais aussi ceux de la télévision avec une multitude de shows via Marvel ou DC Comics à en écoeurer un goinfre. Netflix dégaine donc Comment élever un Super-Héros, de son titre original Raising Dion, adaptation par Netflix d’un comic book méconnu en France de Dennis Liu. Mais quelle est la principale attache de cette énième série au soi-disant super pouvoir ?
La fameuse plateforme a perdu les droits des licences Marvel qui ont fait son succès il y a quelques années. Finies donc les aventures de Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage ou du Punisher et place aujourd’hui à des adaptations de comics indépendants loin du giron de DC Comics et Marvel. Mais pour raconter quoi de plus finalement ? Si l’on prend Raising Dion, pas grand-chose de mieux, ni de pire, l’histoire reste vainement la même : un gentil gamin de 7 ans qui se découvre des pouvoirs et de grandes possibilités, alors qu’il s’aperçoit être poursuivis par un grand méchant, tout en étant point le seul dans cette même situation. Mais…

Il y a un mais, et ce pour une bonne raison. Raising Dion ne s’attache pas principalement au côté super-héroïque du petit bonhomme. Le principal souci de ce petit garçon afro-américain est sa nouvelle vie à Atlanta avec sa mère célibataire et son intégration dans sa nouvelle école. Il souhaite être avec la bande cool des skaters, qui le rejette sans vergogne pour trouver réconfort auprès d’Esperanza, jeune fille handicapée par la maladie des os de verre.
La vie de Dion n’est pas facile. Il vient de perdre son père dans des circonstances suspectes, il est seul et se retrouve avec des supers pouvoirs. Il prend cela pour de la magie et essaye en vain de faire des tours à base d’Abracadabra sous l’œil amusé de sa mère.
Sa mère Nicole, jeune veuve qui se retrouve à Atlanta se démenant avec son fils à trouver un emploi pour subvenir au loyer et sa vie. Là est la grande force de Raising Dion, de propulser le spectateur dans un quotidien assimilable et commun à beaucoup d’entre nous. Sauf, que nous n’avons pas de petit garçon atteint d’un coup de pouvoirs appelant la télékinésie, la téléportation ou de se rendre invisible. Mais l’empathie prend le dessus et on s’accroche à cette petite famille comme tout le monde.

La série se suit avec beaucoup de facilité. L’esprit est léger, parfois naïf, mais pour son plus grand bien. Comment élever un super-héros est une série inoffensive à regarder au chaud dans son canapé ou au fond de son lit pour un divertissement total. Celui qui viendra chercher des combats épiques et des costumes en latex, libre à lui de passer son chemin, car la série ne sera jamais l’exemple de la moindre péripétie épique et iconique façon Titans, Arrow ou Flash. Cette première saison en est même tout le contraire appelant à être le programme parfait pour les enfants en quête d’appréciation du genre et du format, quand bien même les parents se retrouveront aspirés dans une intrigue judicieuse et délicate.

Car la véritable intrigue de Raising Dion est de savoir comment Nicole et son fils vont survivre au drame de leur vie et se relever après le décès du père. Comment élever un enfant seul, qui plus est avec des pouvoirs et noir de peau, au cœur d’une Amérique «Trumpiste» où le racisme a repris du poil de la bête et qu’il faut l’expliquer à un enfant de sept ans. Il ne faut bien sûr pas se voiler les yeux que Raising Dion s’adresse principalement à un public afro, cible évidente et affichée, malgré le fait de rester tout public avec des questions universelles d’une justesse touchante.
Raising Dion est produit par Michael B. Jordan qui s’offre le rôle du père dans divers flash-back nourrissant l’intrigue au fil des neuf épisodes passionnants à suivre. On ne pourra pas nier que le rythme de la série peut parfois s’avérer laborieux dans l’avancée de l’intrigue principale, certains épisodes préférant se focaliser sur la recherche d’emploi de Nicole ou des problèmes de Dion à l’école. Mais là est aussi la fraîcheur d’une intrigue qui nous évite toute banalité évidente d’un tel programme qui s’inflige une multinationale intrigante, Biona, ou un méchant charismatique, mix entre Dr Manhattan et Galactus. En cela l’épisode 8 révèle un twist puissant faisant bondir de son fauteuil et relançant les enjeux pour un dernier épisode faisant avec les moyens du bord pour un affrontement final bon enfant, mais épique.

À force d’une bande-annonce insistante attisant la curiosité, Netflix aura réussi à nous conquérir avec sa nouvelle série originale disponible depuis le 4 octobre 2019 sur sa plateforme. Une série que l’on vous conseille vivement de regarder avec vos enfants ou seul, habitué du genre ou pas. Si Raising Dion ne fait jamais dans l’originalité par son intrigue rabattue, c’est dans son approche des personnages qu’elle réussit à atteindre son public, Alisha Wainwright et Ja’Siah Young formant un duo mère/fils irrésistible et tendre. Vivement la saison 2.

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