Sunday in the Country : Test Blu-Ray

Un film de John Trent / Avec Ernest Borgnine, Michael J. Pollard, Hollis McLaren, Louis Zorich / Scénario Robert Maxwell / Musique Paul Hoffert / Photographie Marc Champion / Montage Tony Lower

Synopsis : Dans la campagne de Locust Hill, le vieil Adam (Ernest Borgnine), aigri par la mort de sa fille, tente d’élever sa petite-fille selon ses principes de rédemption religieuse. Il se rend à l’office dominical quand il apprend que trois voyous sont en fuite après un braquage dans la ville d’à côté. Selon la police, ils rôderaient dans les parages. Ce serait une aubaine pour Adam de retrouver les voyous avant la police, et de leur donner la leçon qu’ils méritent…

Critique : Artus Films garnit d’un troisième titre sa collection Rednecks avec Sunday in the Country. Après Gator Bait et sa suite, on s’échappe du bayou et des chiqueurs avec leurs trognes de deuxième génération consanguine pour s’aérer à la campagne américaine, la vraie. Enfin, Sunday in the Country est une production canadienne qui triche un peu, faisant croire à un film américain pour mieux l’exporter.
Nous sommes au début des années 70 et le Canada décide de développer son industrie cinématographique avec la Tax Shelter permettant aux investisseurs de déduire 100% des taxes de leur apport financier. Le pays engendre alors une explosion de productions et l’émergence de cinéastes tels que David Cronenberg et Bob Clark. Sunday in the Country fait partie des premiers titres à sortir grâce à cette facilité. De suite, les producteurs pensent leurs films comme des produits d’exportation. Ils surfent sans vergogne sur la mode ambiante à l’image des Italiens. Après le succès des Chiens de Paille de Sam Peckinpah, David Main et John Trent ont l’idée de ce fermier qui va se faire justice envers trois braqueurs faisant régner la terreur un dimanche matin dans sa contrée. Il ne faut pas pousser papy dans les orties après la messe !

Sunday in the Country est un mix complet entre vigilante, revenge et home invasion. On ne peut pas faire plus complet que ce titre soigné et drôlement divertissant qui se permet la primeur d’injecter un drama procurant une consistance désarmante aux personnages.
À savoir que l’empathie se crée avec ce trio de fermier entre un simplet, Adam le grand-père et Lucy, la petite-fille de celui-ci. Si on met de côté le simplet rapidement, le film se penche sur la relation entre Adam et Lucy. On ne saura que très peu du sort de la femme d’Adam (que l’on suppose décédée) et celui de la mère de Lucy, fille d’Adam ayant quitté brusquement la ferme avec perte et fracas pour la ville à l’aube de l’âge adulte. La relation est tendre au départ entre le grand-père et sa petite-fille, lui protecteur et elle ayant besoin de liberté. Mais l’arrivée des trois gugusses va changer les choses. Elle va surtout casser la dynamique, Adam se transformant en un justicier aux idées fixes, qui dans les faits du film, lui donne raison. Notamment l’épilogue dramatique quant à la question du personnage incarné avec force par Ernest Borgnine, acteur toujours (ou presque) parfait, seul avec ses deux chiens qui aura la dernière parole sainte suite à un terrible carnage répandu à cause d’une certaine naïveté.

Adam a compris le fonctionnement des personnages qui pénètrent sa ferme, en connaît les intentions et le possible sort pour sa petite-fille. Il en est le remède surtout après les événements de la matinée. Le réalisateur, John Trent, et son scénariste, Robert Maxwell, mettent en opposition la naïveté et l’inconscience d’une jeunesse en quête de libertés et de grands espaces. Elle privilégie la réflexion à l’action comme souligné dans le dialogue entre Lucy et Adam en voiture partant à la messe.
Fervent croyant, Adam n’en est pas moins un homme terre-à-terre et sec qui va se charger de ce problème pour protéger sa petite-fille et sa ville. Il y a eu trop de morts et les trois hommes sont imprévisibles. Mais il est un homme d’un autre temps, un vieux cow-boy solitaire dont la violence du pays aura scellé les convictions. Un homme reclus rejeté par une nouvelle génération qui réfléchit et s’échappe bon vent mal gré, cinq ans à peine après les meurtres de la Manson Family. En cela, Sunday in the Country est un film en retard sur son temps. Il est un condensé de l’exploitation du cinéma de l’époque, un film canadien qui n’a pas eu vent des changements de la société américaine des 70` qui va lâcher son justicier dans la ville et pondre un cinéma d’action violent pour les vingt prochaines années. 

Test Blu-ray :

Date de sortie vidéo : 7 janvier 2020

Informations Techniques : Master 2K restauré / Durée : 92 minutes / Versions : français, anglais Sous titres : français / Format 2.35 original respecté 16/9ème – 1920/1080p – Couleur / Interdit aux moins de 12 ans.

Image : La copie est irréprochable. Rien à redire, la restauration 2K est sublime pour une telle production d’exploitation qui a connu seulement le succès lors de son exploitation vidéo quelques années plus tard, et ce dans les collections horreurs expurgées de 16 min de métrage. Ici, la copie est intégrale où juste l’on percevra une légère perte de définition à la 40` et la séquence de Borgnine dans la cuisine qui prépare l’arrivée des trois salopards. 

Son : Si la restauration image est au top, le son se fait plus discret. L’ambiance générale est propre, sans la moindre fioriture, mais ça manque tout de même d’envergure. On convient que le film ne s’y prête pas forcément, mais un effort aurait été appréciable. Juste question de pinailler sur une édition définitivement sublime et soignée de la part d’Artus Films, surtout pour un tel titre. 

Bonus Blu-ray : En bonus, on retrouvera un diaporama des photos d’exploitation du film, puis une présentation du film sur 12 minutes par Maxime Lachaud. Une redite (qui ne peut pas faire de mal) de ses écrits établissant le livret de 64 pages intitulé : Ces Braves Gens de la Campagne.
Maxime Lachaud revient sur la production du film, quelques anecdotes dont une sur Michael J.Pollard et une poule, puis sur l’ère de la Hicksploitation et de la Canuxploitation regroupant une foultitude de films mettant en scène des rednecks et les parties profondes et consanguines de l’Amérique, avant de se pencher sur les productions de vigilante, revenge et home invasion qui ont inspiré Sunday in the Country. Vous saurez tout sur le film et son époque, ainsi qu’une analyse intéressante du film par l’auteur. Sunday in the Country bénéficie réellement d’une édition soignée, voire sublime. Un bel objet.

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