Marche avec les Loups : Les Revenants

Comment les jeunes loups quittent le territoire qui les a vus naître et la façon dont ces aventuriers partent à la conquête de nouveaux territoires ? On croirait ce pitch sorti d’un vieux western américain. Il est surtout l’intention de départ du réalisateur, Jean-Michel Bertrand, de partir sur les traces des jeunes loups avec son nouveau film, Marche avec les Loups, en salles le 15 janvier 2020.

Deux ans après La Vallée des Loups, l’homme originaire de Champsaur repart dans les montagnes en quête de ses canidés ayant récupéré leurs espaces naturels 80 ans après y avoir été chassés par l’homme. Il est revenu par l’Italie de façon naturelle et le loup progresse, reprenant ses marques en meute. Marche avec les Loups est un road movie entre vallées sauvages et zones urbanisées des Alpes, pour se terminer dans une cabane perdue au fond d’une forêt jurassienne. Presque 300 kilomètres parcourus sur 3 années de tournage à épier le jeune loup qui cherche sa place en traversant des territoires ennemis et dangereux. Tout d’abord le fait de se nourrir seul – ce qui n’est pas une mince affaire – puis la traversée de territoires occupés par d’autres meutes de loups qui vont tout faire pour le chasser. Il y a aussi le territoire des hommes, urbanisé d’un bloc qui obstrue certaines voies de passage pour le loup. Le loup se retrouve en ville ou sur les périphéries à devoir affronter la contre nature parfois à ses dépens comme l’animal renversé il y a deux ans à Grenoble par une voiture sur la périphérique. 

Marche avec les Loups est une véritable enquête pour tenter de comprendre le fonctionnement complexe des loups à cette période de leur vie, leurs rencontres avec leurs semblables et les opportunités de se mettre en couple, créer une nouvelle meute. Le film n’est pas un documentaire animalier, mais un grand film d’aventure au cœur des montagnes françaises à la recherche d’un animal sublime persécuté et craint par l’homme. Jean-Michel Bertrand a une méthode bien singulière de mettre en scène ses films. Récit ludique et images pédagogiques sur le son éraillé de sa voix, Bertrand se met en scène pour mieux nous guider dans cette aventure unique. Les loups qui apparaissent dans le film sont sauvages, filmés dans leur milieu naturel au prix de longs mois d’observation sur le terrain. Jean-Michel Bertrand enquête puis disperse à des lieux sélectionnés des caméras à déclenchements de présence pour capter l’insensé. Le loup véritable qui scrute la caméra de son intérêt naïf, la captation de moments de vie de ses animaux passionnants à suivre, puis surtout des instants de nature sauvage fabuleux. Les parties de chasse des animaux ou les Lynx pris sur le vif, une première pour Jean-Michel Bertrand. Marche avec les Loups s’écrit au fil du temps et des rencontres sauvages. Son authenticité nous touche profondément, il est même complexe de retrouver la réalité des choses de la vie en dehors de la salle après la projection. 

Comme le dirait si bien Robert Hainard, philosophe naturaliste du XXe siècle et source d’inspiration franche de Jean-Michel Bertrand, nous avons l’infini à notre portée, nous le voyons, nous le sentons, nous le touchons. Nous nous en nourrissons, il est inépuisable, mais nous comprenons notre irrépressible révolte lorsque nous voyons supprimer la nature, on nous tue notre infini. Cette impression agit sur nous pendant toute la projection du film, 1h28 d’empathie envers des animaux nobles et cruciaux qui irrémédiablement reprennent la place qui leur est due au sein de territoires qui leur appartiennent.

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